Gaza : la pénurie de carburant pourrait aboutir à une crise humanitaire catastrophique

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a exprimé mardi sa vive préoccupation devant la pénurie d’électricité dans le territoire palestinien occupé et en particulier à Gaza, où 1,7 million de personnes vivent dans des conditions très difficiles : trois semaines après la fermeture de l’unique centrale électrique de la bande, en raison d’un manque de carburant, l’électricité ne fonctionne plus que six heures par jour.

« La situation à Gaza est proche de la catastrophe »,affirme M. Falk dans un communiqué de presse. « La pénurie de carburant et les coupures d’électricité ont fragilisé des infrastructures déjà précaires et perturbé la fourniture de services de base, comme les soins de santé, l’approvisionnement en eau et l’assainissement. Le début de l’hiver va certainement détériorer encore cette situation ».

Cette situation est tout particulièrement ressentie pour les soins hospitaliers, comme les dialyses, les opérations chirurgicales, les soins intensifs ou encore les incubateurs, mettant en danger la vie de patients vulnérables à Gaza.

Les patients de Gaza, a observé M. Falk, n’ont même plus la possibilité de se rendre en Égypte pour y recevoir des soins, puisque le régime de ce pays a décidé de fermer l’unique point de passage à Rafah depuis plusieurs semaines.

« Les autorités israéliennes se sont montrés plus disposées à fournir des laissez-passer à des Gazaouites ayant besoin de soins spécialisés, mais le prix des soins en Israël est hors de portée pour la plupart d’entre eux », a expliqué M. Falk.

Depuis deux semaines, les 3.000 résidents du quartier d’Az-Zetoun, parmi lesquels de nombreux enfants, vivent dans un égout à ciel ouvert après que la plus grande usine de retraitement des eaux usées a cessé de fonctionner, faute d’électricité. Selon M. Falk, les autres centrales risquent également de fermer, ce qui augmente considérablement le risque de maladies, voire d’épidémies.

« Jusqu’à 40% des habitants ont de l’eau un jour sur trois. Face à cette situation, ceux qui en ont les moyens achètent de l’eau auprès d’individus sans scrupules qui en vendent sans garantie de propreté », a déploré le Rapporteur spécial.

Selon l’expert, la principale raison de cette crise est la décision de l’Égypte de détruire les tunnels qui permettrait de faire passer sous le manteau des marchandises entre l’Égypte et Gaza, ainsi que les réservoirs de carburant le long de la frontière égypto-palestinienne. Auparavant, cette économie informelle permettait d’atténuer le blocage israélien de Gaza en place depuis 2007.

« N’oublions pas que la véritable cause du manque d’hôpitaux et de structures adéquates pour les soins spécialisés est le blocus israélien illégal », a affirmé M. Falk en ajoutant que conformément au droit international humanitaire, il relève de la responsabilité d’Israël de prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils.

« Tout manquement à cette responsabilité constituerait une punition collective aggravée, ce qui est formellement interdit par la quatrième Convention de Genève », a rappelé le Rapporteur spécial.

Centre d’Actualités de l’ONU, 26 novembre 2013.


Richard Falk est professeur émérite de droit international à l’Université de Princeton et a enseigné les études mondiales et internationales à l’université de Californie à Santa Barbara. Il a écrit et dirigé de nombreuses publications sur une période de cinq décennies, il a publié récemment le volume « International Law and the Third World : Reshaping Justice » (Droit international et tiers-monde : réorganiser la justice) (Routledge – 2008). Il remplit actuellement la fonction de Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits civils des Palestiniens.



Articles Par : Richard Falk

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]