Print

Gaza, la « solution » Italie et OTAN
Par Manlio Dinucci
Mondialisation.ca, 22 janvier 2009
Il manifesto 22 janvier 2009
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/gaza-la-solution-italie-et-otan/11955

Après un cordial entretien à Tel Aviv avec sa collègue Tzipi Livni, et la cérémonie de  remise des « aides humanitaires italiennes à la population de Gaza », le ministre des Affaires étrangères Frattini est aujourd’hui (21 janvier) au Caire pour « relancer l’engagement italien  en faveur d’une solution  politique de la crise ». Ce qu’est cette « solution », le président du conseil Berlusconi  l’a clarifié  dimanche, en visite à Jérusalem : il a confirmé la proximité  de l’Italie avec Israël et rappelé  que c’est l’Italie qui avait proposé à l’Union Européenne que le Hamas soit  inscrit sur la liste ses organisations terroristes internationales, justifiant ainsi  l’attaque israélienne contre Gaza. « Le Hamas –a réaffirmé Frattini- ne peut pas être un interlocuteur  politique ».  Il a ainsi confirmé que l’Italie met à disposition  un contingent  de carabiniers, à déployer  dans la Bande de Gaza parce que les Egyptiens  ne les veulent pas sur leur territoire, et de navires militaires à déployer face à Gaza « pour la lutte contre le trafic d’armes vers le Hamas ». Berlusconi et Frattini n’ont par contre pas parlé du bien plus consistant trafic d’armes, en direction d’Israël, dans lequel l’Italie joue un rôle de premier plan.

En septembre dernier – d’après le journal israélien Jerusalem Post (29-12-2008)- le Congrès étasunien a approuvé la fourniture à Israël de 1.000 bombes anti-bunker Gbu-39 dirigées par Gps qui,  lancées à plus de 100 Kms de distance, pénètrent à presque un mètre d’épaisseur de ciment armé avant d’exploser. Les bombes,  arrivées en Israël début décembre, ont été  utilisées « avec succès » dans l’attaque contre Gaza. D’autres livraisons ont suivi, de façon que les forces israéliennes, employées dans des bombardements massifs, ne se trouvent pas à cours de munitions. D’où proviennent  et par où transitent ces munitions, y compris celles au phosphore, qui partent en Israël ? C’est le Pentagone qui l’a révélé de façon indirecte, quand il a parlé d’un dépôt étasunien en Israël qui,  comme cela avait déjà eu lieu  dans la guerre contre le Liban en 2006,  réapprovisionne les  forces israéliennes « en cas d’urgence ». Ce dépôt et un autre, sont approvisionnés par le 31° escadron  munitions qui opère à Camp Darby, la base logistique étasunienne (entre Pise et Livourne) où sont déposées  d’énormes quantités de  munitions pour les forces aériennes et terrestres Usa. De là,  à travers ports et aéroports italiens, elles sont transférées en Israël.

C’est ainsi qu’apparaît la nature  de l’opération,  sous égide OTAN, à laquelle l’Italie va participer : soumettre Gaza à un nouveau type d’embargo, camouflé en « maintien de la paix », tout en continuant  en même temps à soutenir et armer Israël. Voilà le sens de l’accord Usa-Israël, stipulé le 16 janvier par la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice et la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Cet accord prévoit une étroite collaboration  entre les services de renseignements pour « identifier la provenance des armes qui entrent à Gaza » et un blocus terrestre et maritime pour empêcher cette « contrebande ». Livni a invité  aussi l’OTAN  à participer à l’opération. La réponse est prévisible.

Le 2 décembre 2008, trois semaines environ  avant l’attaque contre Gaza, l’OTAN a ratifié  le « Programme  de coopération individuel » avec Israël. Il comprend  une vaste gamme  de domaines dans lesquels « OTAN et Israël coopéreront  pleinement» : contre-terrorisme, avec entre autres échange de  données entre les services de renseignements ; connexion  d’Israël au système  électronique OTAN ; coopération  dans le secteur  des armements ;  augmentation  des manœuvres militaires conjointes OTAN-Israël ; élargissement  de la coopération  dans la lutte contre  la prolifération  nucléaire (en ignorant qu’Israël, unique puissance nucléaire de la région,  a refusé de signer la Traité de Non-prolifération).

Le 11 janvier 2009, deux semaines environ  après le début  de l’attaque israélienne contre Gaza, le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, s’est rendu  en visite officielle en Israël dans le cadre du « Dialogue méditerranéen ». Dans son discours, il a rappelé que « le Hamas, avec ses attaques  continuelles de roquettes contre Israël, a endossé la responsabilité  des terribles souffrances  du peuple qu’il dit représenter ».  Il a ainsi rappelé qu’Israël contribue efficacement à l’opération  maritime Otan « Active Endeavour », commencée en 2001 pour « combattre le trafic illégal et le terrorisme en Méditerranée ». L’escadre navale OTAN, dans laquelle sont insérées les unités israéliennes, est commandée par un officier  italien, mais  l’escadre navale dépend du Joint Force Command Nato de Naples, sous les ordres d’un amiral étasunien. Un officier israélien est inséré dans ce commandement, et il assure la liaison entre les forces OTAN et celles israéliennes.

Le secrétaire général de l’Otan a donc félicité Israël d’avoir adhéré avec le « plus grand enthousiasme » au « Dialogue méditerranéen », dont le but est de « contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région ». A ce même moment, les forces israéliennes massacraient les enfants de Gaza.

Version réduite (et originale) d’un article paru dans l’édition du 21 janvier de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20090121/pagina/12/pezzo/240062/


Reçu de l’auteur et traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Avis de non-responsabilité: Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.