Gilets jaunes en France: La hausse de la taxe sur les carburants mène à la pauvreté en finançant la guerre et le remboursement de la dette publique 

Les médias occidentaux soutiennent en chœur le président Macron contre le mouvement des gilets jaunes en France, qu’ils qualifient de « négationnistes du changement climatique ».  

Le New York Times décrit tout bonnement la hausse de la taxe sur les carburants de politique économique formulée avec soin pour combattre le changement climatique mondial. 

C’est un mensonge. 

La hausse des taxes sur les carburants qui s’applique partout dans le monde dans plus de 120 pays fait partie d’un ensemble de réformes macro-économiques meurtrières qui servent à appauvrir des pans entiers de la population mondiale. 

La hausse des prix de l’essence fait monter le prix des aliments, du transport et des biens et services essentiels. Elle nuit à la structure de production. Elle entraîne un effondrement du niveau de vie. 

Le mouvement de protestation des Gilets jaunes en France contre la hausse de la taxe sur les carburants est décrit dans les médias comme « le plus gros obstacle observé jusqu’ici à l’encontre des tentatives d’encourager la conservation par la consommation d’énergie renouvelable ». Toute une affirmation! 

La taxation du carburant est présentée comme un moyen « d’atténuer les effets du changement climatique pour le bien-être de l’humanité ». (NYT, 6 décembre 2018).

C’est un non-sens!

Manchette du Washington Post, 4 décembre 2018

Le public est induit en erreur. La question du changement climatique (un objectif à part entière) sert d’écran de fumée, de prétexte à la répression du mouvement de protestation.

L’objectif non avoué de la taxe sur les carburants? Le service de la dette et l’économie de guerre

Le président Emmanuel Macron est un instrument de l’establishment financier, un ancien employé des Rothschild qui agit en leur nom, en mettant en œuvre un programme macro-économique axé sur le profit tout en remplissant les coffres des entrepreneurs militaires.

La taxe sur les carburants sert les intérêts des puissantes institutions créancières. Les produits de la taxe seront affectés au service de la dette publique de la France qui monte en flèche et qui est estimée à 2,2 mille milliards d’euros, soit l’équivalent de 96,8 % du PIB. Les charges annuelles du service de la dette de la République française sont ahurissantes. C’est toute la structure fiscale qui est en crise.

« La guerre, c’est bon pour les affaires! »

La taxe sur les carburants sert aussi à financer les dépenses militaires croissantes (plus de 30 milliards d’euros par année en 2017), afin de soutenir la participation de la France aux diverses « initiatives de paix » de l’OTAN en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. 

La répression du mouvement de protestation des Gilets jaunes est intimement liée à l’économie de guerre, qui est soutenue par des mesures d’austérité néolibérales. Le 13 juillet, ironiquement la veille même de la Fête nationale française, le président Emmanuel Macron a ratifié la Loi de programmation militaire 2019-2015, « qui ouvre la voie à une augmentation du financement pour l’approvisionnement de l’aviation, de l’armée et de la marine » (Defense News, 15 juillet 2018). Cette poussée des dépenses militaires était en grande partie due aux pressions exercées par Washington :

Il s’agissait d’une « loi de programmation militaire axée sur la croissance », a-t-il souligné lors d’un discours devant les officiers et membres du personnel qui devaient prendre part à la parade le lendemain. Les dépenses seraient d’une ampleur inégalée depuis des décennies, (…) et elles se font à un moment où le budget national est très serré. (Defense News, 15 juillet 2018, soulignement ajouté)

Selon les dispositions de la Loi de programmation militaire, le gouvernement Macron a confirmé que les dépenses militaires augmenteraient de plus de 40 %. Les sommes d’argent tirées des recettes fiscales (dont la taxe sur les carburants) pour financer l’économie de guerre de la France sont colossales. L’augmentation des dépenses militaires doit à son tour être compensée par des mesures d’austérité draconiennes au détriment de toutes les autres catégories de dépenses (civiles) :

« Le ministère de la Défense compte augmenter ses dépenses de 1,7 milliard d’euros par an (2019-2022), puis de 3 milliards d’euros par an (2023-2025) » (France 24, 2 août 2018).

Diktats des USA et de l’OTAN

Le profit passe avant les gens. Nous avons affaire ici à un processus d’approvisionnement militaire lucratif par l’entremise de la Direction générale pour l’armement, sous les auspices du ministère de la Défense.

Cette économie de guerre multimilliardaire sous impulsion de l’OTAN, contrôlée par le Pentagone et dirigée contre la Russie, est en train de détruire le tissu social de la France et son État providence, tout en conduisant à la pauvreté et au désespoir social.

Des armes avec l’argent du beurre : ce mécanisme de destruction sociale de l’OTAN (de pair avec les mesures d’austérité néolibérales) est pleinement opérationnel dans toute l’Union européenne.

Taxes sur les carburants : un processus mondial

Des taxes sur les carburants sont imposées dans plus de cent pays. Dans les pays industrialisés, la hausse de ces taxes est prescrite par la Banque mondiale au nom des institutions créancières. Elles font partie d’un soi-disant programme d’ajustement structurel sous la direction du FMI et de la Banque mondiale.

La hausse du prix des carburants entraîne presque tout de suite dans son sillage une hausse du prix des aliments, du transport et des services sociaux. C’est un véritable « remède de cheval de nature économique » qui mène à la pauvreté généralisée et à la faillite des producteurs locaux

Prix de l’essence : les chiffres!

Pendant que les prix de l’essence à la pompe montent en flèche (en raison de la marge bénéficiaire des détaillants et de la hausse des taxes sur les carburants), le coût réel d’un litre ou d’un gallon d’essence est extrêmement bas. 

Voyez la différence entre le coût d’un litre (ou gallon) d’essence et le prix de détail payé à la pompe. 

Le coût du pétrole brut varie. Il n’est que de 10 $ le baril en Arabie saoudite.

Les cotations du pétrole brut sur les marchés varient de 52,6 $ US (WTI) à 61,67 $ US (Brent)


.

Un baril de pétrole équivaut à 158,98 litres, ou 42 gallons, ce qui laisse entendre que le coût du pétrole brut WTI s’établit à moins de 35 cents US le litre ou 1,25 $ le gallon.

En France, le coût du pétrole brut est de 0,27 euro le litre. L’essence à la pompe se vend 1,47 euro. 

Les consommateurs français paient donc 1,47 euro le litre, soit cinq fois plus que le coût d’un litre de pétrole brut. 

Les coûts de raffinage associés à la transformation du pétrole brut en essence sont minimes.

SOUTENONS LES GILETS JAUNES

L’exploitation pétrolière est une industrie multimilliardaire. Les géants du pétrole ont des intérêts qui se chevauchent dans le secteur bancaire et le complexe militaro-industriel. 

Ils ont tout intérêt à recouvrer la dette publique et à amener l’État de financer l’économie de guerre.

Les taxes sur les carburants constituent un filet de sécurité tant pour les créanciers que pour le complexe militaro-industriel. 

Le prétexte du changement climatique est un mensonge.

Soutenons les gilets jaunes.

Une impulsion majeure est nécessaire pour contrer la vague de désinformation dans les médias.

Michel Chossudovsky

 

Article original en anglais :

France’s Yellow Vests: Fuel Tax Hike Triggers Poverty, Finances War and Repayment of the Public Debt, publié le 10 décembre 2018

Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca.



Articles Par : Prof Michel Chossudovsky

A propos :

Michel Chossudovsky is an award-winning author, Professor of Economics (emeritus) at the University of Ottawa, Founder and Director of the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal, Editor of Global Research.  He has taught as visiting professor in Western Europe, Southeast Asia, the Pacific and Latin America. He has served as economic adviser to governments of developing countries and has acted as a consultant for several international organizations. He is the author of eleven books including The Globalization of Poverty and The New World Order (2003), America’s “War on Terrorism” (2005), The Global Economic Crisis, The Great Depression of the Twenty-first Century (2009) (Editor), Towards a World War III Scenario: The Dangers of Nuclear War (2011), The Globalization of War, America's Long War against Humanity (2015). He is a contributor to the Encyclopaedia Britannica.  His writings have been published in more than twenty languages. In 2014, he was awarded the Gold Medal for Merit of the Republic of Serbia for his writings on NATO's war of aggression against Yugoslavia. He can be reached at [email protected] Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur d’économie (émérite) à l’Université d’Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) de Montréal, rédacteur en chef de Global Research.

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