Guerre en Ukraine : l’assassinat du général Kirillov et la stratégie américaine contre la Russie

Sous drapeau ukrainien, des attentats sont régulièrement commis en Russie contre certaines personnes dérangeantes dans le cadre du conflit ukrainien. Avant-hier, c’est le général Igor Kirillov, qui a été victime d’une violente explosion. Il était bien connu pour ses enquêtes sur les laboratoires chimiques et biologiques américains en Ukraine, dont il est interdit de parler en Occident. L’ONU ne condamne pas, le SBU revendique fièrement et les Etats-Unis se disent bien au-delà de tout soupçon. Parallèlement, Keith Kellog affirme, que cela n’empêchera pas les négociations de paix avec la Russie, qui serait prête. Ainsi l’on comprend, que ces actes font partie des préparatifs devant, dans l’idée américaine, conduire la Russie à céder. Le terrorisme a toujours accompagné les guerres, celle-ci ne fait pas exception.

Le 17 décembre 2024, le général Igor Kirillov, en charge des forces de défense radiologiques, biologiques et chimiques a été assassiné en sortant de l’immeuble, où il habite, par un engin explosif mis dans une trotinette garée à proximité de l’entrée et activé à distance grâce à la caméra de surveillance placée dans un véhicule de location. L’explosion a été violente et des débris de vitre ont touché les immeubles environnants.

Le général Kirillov était une figure bien connue du public, sauf en Occident, puisqu’il était à la tête des enquêtes conduites contre les laboratoires biologiques américains, implantés en Ukraine et dans le monde. Ces enquêtes ont été présentées à l’ONU, aucune preuve de la non-véracité des faits démontrés n’a été avancée, mais en gros et en général un blocus informationnel a été imposé sur cette pratique dérangeante des Etats-Unis et aucune réaction politique n’en a suivi dans le monde bien discipliné de la globalisation.

Son assassinat est bien un acte symbolique. Mais un acte, qui n’aura aucun impact ni sur les recherches menées sur le sujet, ni sur le cours de la guerre. Cela permet surtout de faire de la communication négative sur la Russie, comme s’y prête de bonne grâce Igor Delanoë de l’Observatoire franco-russe auprès de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe pour 20 Minutes :

« Cet assassinat leur permet d’abord d’afficher la vulnérabilité de leur adversaire et, donc, d’entraîner un effet psychologique », explique Igor Delanoë.

Certains semblent surpris, que de hauts responsables russes ne se promènent pas comme Macron avec une horde de gardes du corps et ne vivent pas dans des palais secrets, puisqu’ils sont soi-disant tous corrompus.

Mais au-delà de la propagande de guerre, cet acte est avant tout un acte politique. Le SBU reconnaît après que l’Ukraine ait tout d’abord démenti par la voix de Zelensky. La veille de l’attentat, le SBU a ouvert une affaire pénale contre Kirillov pour crimes de guerre. Quelle coïncidence. Et le Times de publier sans commenter, sans analyser, cette déclaration ukrainienne :

Un responsable du SBU a déclaré mardi que son agence était à l’origine de l’attaque. Le responsable, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à divulguer l’information, a décrit Kirillov comme un « criminel de guerre et une cible tout à fait légitime ».

Si un homme, qui enquête sur les crimes commis par l’ennemi, devient lui-même un criminel de guerre pour cela aux yeux de l’ennemi, et donc une cible légitime, c’est que cet ennemi est bien dans la logique d’une guerre totale. Dmitri Medvedev rappelle alors que de telles déclarations mettent potentiellement en première ligne tout responsable de l’OTAN :

Ils participent à une guerre hybride ou conventionnelle contre la Russie. Ces gens peuvent et doivent être considérés comme une cible militaire légitime pour l’Etat russe. Et tout simplement pour tous les patriotes russes

De son côté, l’ONU appelle traditionnellement dans ce cas à la retenue, sans condamner l’acte commis. Que peut-on attendre d’autre de l’un des organes de gouvernance de la globalisation ? Quand la Russie est touchée par des missiles de pays de l’OTAN et qu’elle répond par un missile Orechnik, c’est évidemment elle qui est responsable de l’escalade. Elle ne doit pas vraiment répondre, elle ne doit pas lever le nez. Ici non plus. Les responsables de l’OTAN, qui agissent contre la Russie sous drapeau ukrainien en achetant un Ouzbek-cuisinier, doivent pouvoir continuer à agir en toute impunité. Rien ne doit remettre en cause leur impunité, puisque ce sont les maîtres du jeu. Si la Russie réagit réellement, elle est alors accusée de provoquer une escalade.

Le scénario est bien rodé. Dans la foulée, le futur représentant spécial de Trump pour l’Ukraine, Keith Kellog, de déclarer :

que l’assassinat du général Kirillov n’était « pas une décision judicieuse » de la part de Kiev, mais il estime que cet acte ne fera pas obstacle au lancement de négociations de paix.

Cela va bien dans le sens des « négociations de paix », qui intéressent les Etats-Unis, à savoir une reddition de la Russie, puis un reformatage du conflit, pour qu’il apparaisse comme étant entre la Russie et l’Ukraine, laissant les Etats-Unis et l’OTAN dans l’ombre et donc hors de toute responsabilité. Ainsi, Kellog est persuadé :

Selon lui, tant Moscou que Kiev sont prêtes à entamer des discussions sur le conflit.

Le pari est fait d’une surenchère politico-médiatique avant l’arrivée effective de Trump à la présidence, afin de le mettre en position de force dans des négociations devant conduire, du point de vue occidental, la Russie à faire des concessions. L’on parle déjà ouvertement en Occident de la préparation d’une force d’occupation pardon de paix, de 100 000 hommes venus des pays de l’OTAN en Ukraine, dès que la Russie aura eu la faiblesse de signer quelque chose.

Si l’on sort du paradigme communicationnel, il y a donc peu de chances pour que l’arrivée de Trump à la présidence change par miracle la situation sur le terrain. Il ne va pas abandonner l’Ukraine, car il ne va pas lutter contre la globalisation. Son but semble simplement de redonner sa puissance aux Etats-Unis, de ramener donc la globalisation dans un cadre, qui soit favorable aux Etats-Unis, notamment en gommant les excès des derniers globalistes.

Karine Bechet-Golovko



Articles Par : Karine Bechet-Golovko

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