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Guerre et état policier : complicité du peuple américain
Par Donna J. Thorne
Mondialisation.ca, 30 avril 2007
30 avril 2007
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Nous sommes capables de fermer les yeux face à une vérité pénible… Est-ce là la part des hommes sages, engagés dans un grand combat ardu pour la liberté ? Sommes nous disposés à faire partie du nombre de ceux qui ayant des yeux ne voient pas, des oreilles, n’entendent pas … ? Pour ma part, quelque soit l’état d’angoisse que cela puisse coûter, je veux connaître toute la vérité ; la ..Connaître – Maintenant. » Patrick Henry, 1775.

A cette époque de guerre permanente, de recrudescence de tyrannie domestique, de gouvernance qui sanctionne par la torture, et d’une poursuite de domination du Moyen Orient à la Nazi, on pourrait tout du moins s’attendre à un tollé audible de la part du peuple qui proclame son attachement ferme aux idéaux de liberté et de justice pour tous. Pourtant, le gros de l’Amérique continue en grande partie d’assumer une position d’apathie, d’amertume, ou de silence étrange.

Quand, confronté aux terribles faits et aux preuves scientifiques liant des responsables clés du gouvernement aux attaques du 11 septembre, des gens ostensiblement intelligents et sensés rejettent avec défiance et colère l’information transmise sans même en délibérer. Des individus aimant sincèrement la paix et compatissants soutiennent l’invasion criminelle de l’Irak et ferment les yeux sur les massacres US de 600 000 civils irakiens, choisissant au lieu de cela de croire au mythe de la suprématie américaine, au coeur de laquelle repose la notion que seuls les étrangers sont capables de telles atrocités.

Et maintenant, après les évènements du 11 septembre, et l’établissement qui a suivi de la Sécurité Nationale, des supporters auparavant rigides des droits civiques tolèrent tranquillement la déconstruction décousue de la Constitution US sous le prétexte de protection, et à leur propre péril, méprisent des alertes et signes de plus en plus stridents d’un état policier imminent en développement. Clairement, le gros de l’Amérique s’est soumis à la subjugation du pouvoir fou d’une administration despotique dont le contrôle continue de s’étendre exponentiellement avec chaque rumeur passagère de péril imminent.

Pourquoi, quand, confronté à un registre d’offenses autocratiques en noir et blanc, il y a-t-il tant d’américains raisonnables qui ignorent et même approuvent l’actuelle administration alors qu’elle pave la voie d’un chemin tyrannique vers l’enfer ? La rhétorique et propagande utilisées comme une arme nous trompent- elles autant que nous ne puissions faire la distinction entre la vérité et la fiction, autorisant ainsi, si ce n’est nous rendant complice de notre propre esclavage ?

Sans aucun doute, il existe un réseau collectif de circonstances pour expliquer la connivence du peuple américain. Ce qui suit est la première de séries d’explorations par lesquelles l’auteur essaiera d’identifier les possibles facteurs de fond qui contribuent au fléau de l’apathie de la société actuelle américaine.

La Peur, Nemesis de la Rationalité

On en peut pas analyser les dynamiques d’une société post 11 septembre sans examiner l’une de ses principales caractéristiques : peur, anxiété, épouvante, appréhension… en un mot, Terreur. Pour ceux qui bénéficient de sa prolifération, la peur est une monnaie, un produit, et un outil de marketing puissant. Si on est conscient des moyens utilisés par les dirigeants pour obtenir pouvoir et soutien pour toute guerre ou agenda, historiquement, on peut aisément discerner les mêmes machinations à l’œuvre aujourd’hui. Un ingrédient clé du ralliement réussi à une guerre ou à l’acquisition du pouvoir, c’est l’exploitation de la peur par la manipulation de la perception.

Le 11 septembre 2001, les medias de masse et l’élite au gouvernement ont lancé une campagne politique et médiatique agressive sur et contre le peuple américain. Avec l’expertise de Madison Avenue, les fournisseurs de peur ont accru notre perception d’une menace imminente en inondant les fréquences de sons continus, répétitifs, facilement appris, de mots débordant de sens à charge émotive « … Ben Laden, Taliban, Axe du Mal, Saddam Hussein, Terreur-Menace, Terroriste… » Avec une intensité suffisante pour persuader avec succès le peuple américain de chercher la sécurité à n’importe quel prix.

Une peur totale fermement enracinée, c’est le moyen par lequel l’administration actuelle a réussi à vendre « la guerre contre le Terrorisme » et, autorisée à s’épanouir, a solidifié les mécanismes de coopération des masses, puisque nos dirigeants font appel aux besoins humains les plus basiques – – la sécurité.

Les fondations ont été posées. Aujourd’hui, de nouvelles « menaces » identifiées sont annoncées avec une régularité presque prévisible. Maintenant fermement enracinées dans l’inconscient collectif de l’Amérique, la peur est utilisée pour rationaliser des pouvoirs dictatoriaux sans précédent à la Maison Blanche, pour justifier l’érosion de la vie privée et le dépouillement des droits humains auparavant gardés tel un bien sacré par la Constitution. Pourtant, à quoi peut-on s’attendre de la part d’une administration dont la plateforme est construite sur un substrat de peur, si ce n’est à de la peur ?

Craignez des tentatives de faire taire les dissidents. Alors que le Mouvement pour la Vérité se fait entendre et amasse de la crédibilité, les profiteurs de la peur ont encore commencé à annoncer une nouvelle « menace » pour la Sécurité Nationale – les esprits enquêteurs. Ceci est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. On ne peut plus nous ignorer. Craignant d’être exposés, les Czars de la Propagande savent que les « Chercheurs de Vérité» doivent être désignés et discrédités pour que la corruption du gouvernement et la fraude des multinationales puissent fleurir continuellement avec la même vigueur. Ceci dit, préparez vous à une campagne intensifiée de diffamation et de peur. Tout groupe ou individu qui questionne vocalement l’histoire officielle du 11 septembre ou qui exerce son droit de demander des comptes au gouvernement sera étiqueté « Anti-Américain et Anti-Patriotique ».

Une stratégie bien documentée à travers l’histoire moderne des propagandistes, faisant fondre la crédibilité par l’assassinat de la personnalité, est une tactique calculée utilisée pour persuader le public non informé de faire la sourde oreille, pour, en effet, rester non informé. Il reste à voir si cette ligne d’attaque réussira, et le succès dépend de chaque individu défenseur de la liberté. Comme le désir humain de sécurité, le désir naturel d’affiliation et d’acceptation travaillent en faveur de l’élite avide de pouvoir et fauteuse de guerre, parce qu’ils savent que seulement les plus braves des braves risqueront d’être ostraciser pour une cause noble.

La peur engendre la peur, et une rationalité médiocre. Sous l’influence de la peur, le système nerveux autonome se met en mode combattre ou fuir. Peut être que cette réponse de ceci ou cela clarifie la position bi partisane des laborieux combattants de la liberté et de ceux qui sont volontairement dupés. Les premiers se donnent du pouvoir par le savoir. Les derniers, ont tellement peur de détruire des illusions qui les rassurent, qu’ils continuent de défendre les crimes de leurs dirigeants pseudo conservateurs, et en faisant cela, écartent l’anxiété qui accompagnerait sûrement la connaissance. Tellement désespéré de croire à un Big Brother imaginaire bienveillant, Nous le peuple, sans le savoir, et parfois volontairement, faisons la sourde oreille à la vérité, choisissant au lieu de cela de croire un mensonge. Nous nous laissons endormir par notre suffisance ou la soumission forcée. Nous autorisons la peur à engendrer une culture d’ignorance silencieuse et de loyauté vide de pensée, grâce auxquelles les régimes dictatoriaux sont autorisés à fleurir.

Nous ferions bien de nous souvenir qu’une population frappée par la peur se dirige facilement.

Article original en anglais, 21 avril 2007.

Traduction bénévole Mireille Delamarre pour Planète non-violence .

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