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Homs dans l’enfer des groupes armés
Par Silvia Cattori
Mondialisation.ca, 24 février 2012
silviacattori.net 24 février 2012
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Homs n’est malheureusement plus qu’un sinistre champ de bataille où les soldats du gouvernement affrontent des groupes armés qui, selon des témoins non alignés sur la rébellion, lancent des obus à l’aveugle, tuent pour tuer et ensuite font croire au monde que c’est uniquement le gouvernement qui pilonne.

Les médias occidentaux continuent, eux, de rapporter, comme des preuves établies, les dires de Comités locaux qui diffusent la propagande des « opposants » armés ; en coordination avec l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) basé à Londres, un organe créé et financé par les forces liées à la rébellion [1].

Pour comprendre ce qui se passe en Syrie, on ne peut donc pas se fier à l’OSDH ou à des bloggeurs qui sont partie prenante dans cette rebellion ; ni aux envoyés spéciaux dont nous constatons qu’ils se rangent systématiquement du côté d’« opposants » armés qu’ils qualifient de « héros » et qui présentent la bataille qui divise et déchire le peuple syrien sous un angle manichéen : le combat entre une opposition « luttant pour la démocratie » et un méchant dictateur.

Or les choses ne se présentent pas ainsi. Comme cela a encore été démontré par un sondage récent et les manifestations massives de soutien au véto russe et chinois, la grande majorité du peuple syrien ne veut pas de cette rébellion armée que cherchent à légitimer les puissances de l’OTAN et certains États arabes -eux-mêmes fort peu démocratiques- notamment le Qatar.

S’il doit y avoir des « héros » en Syrie il faut prendre en compte tous les côtés de la souffrance, pas uniquement les « héros » que l’Occident reconnaît…

Combien de missiles Milan ont-ils été livrés aux rebelles ?

Très nombreux sont les citoyens syriens qui en appellent à leur président afin que les forces du gouvernement interviennent. À Homs notamment, où la situation est des plus alarmantes pour des secteurs importants de la population, pris en otage par ces groupes qui occupent plusieurs secteurs de leur ville -Baba Amr, Khaldiyeh, Karm el-Zeytoun- les gens appelaient depuis des mois Damas à les protéger [2].

Leur sort est devenu encore plus angoissant depuis que les rebelles font usage des mêmes lance-missiles antichar Milan qui avaient été livrés en Libye aux rebelles libyens, il y a moins d’une année, par la France et le Qatar. On se souvient comment BHL et Sarkozy avaient alors trompé l’opinion publique en attribuant aux forces de Kadhafi l’usage de ces missiles Milan qui faisaient des victimes en Libye.

C’est le même scénario inquiétant qui se répète en Syrie. Les politiques, les ONG et les journalistes, prennent encore une fois fait et cause pour le camp de la guerre que des groupes instrumentalisés par des puissances étrangères provoquent. Ils attribuent -comme hier en Libye, sans aucune vérification sérieuse- aux forces du gouvernement les actes de barbarie perpétrés par des « opposants » armés qui effrayent la grande majorité de la population.

Depuis trois semaines les commentateurs répètent qu’Homs est pilonnée unilatéralement par l’armée syrienne. Or ses patrouilles, attaquées par des missiles Milan, auraient subi de nombreuses pertes dès le début de leur intervention. Il demeure difficile de savoir si les autorités de Damas parviendront à déloger ces groupes dotés d’armes de guerre de tous les quartiers et les villes où ils se sont infiltrés.

Le gouvernement syrien peut-il rester sans réagir ?

Il a été maintes fois démontré -dès le début de leurs faits d’armes- que ces « opposants » armés sont entraînés, encadrés et formés par des forces spéciales étrangères ; qu’il y a parmi les opposants des éléments étrangers qui agissent pour le compte de puissances dont l’implication en Syrie est patente. La télévision syrienne a diffusé il y a quelques jours les images prises récemment à Homs par un « photographe de guerre » étranger qui a suivi et filmé dans un quartier de Homs ces « opposants » armés -que les « grands reporters » glorifient- qui tirent des roquettes ou des missiles à tout va. Une image a retenu l’attention : à l’intérieur d’un immeuble, où les escaliers étaient maculés de sang et le mobilier avait été détruit, il y avait sur un mur cette inscription surprenante et lourde de signification : « De Misrata, depuis la Lybie libre, nous sommes venus en Syrie Libre ! »

Qui est responsable des massacres à Homs et pour quel objectif ?

Ces groupes armés, dont les exactions les plus odieuses sont attribuées aux soldats d’el-Assad qui sont conduits à les affronter, sont systématiquement présentées par la presse occidentale comme des « opposants » luttant pour la « démocratie ».

Pourquoi les « grands reporters » ne font-ils jamais état des témoignages de Syriens qui sont victimes de kidnappings, de tortures, d’assassinats de la part de ces « opposants » armés ?

Pourquoi, tout récemment, le président de Médecins sans frontières a-t-il ajouté à l’intoxication en livrant comme avérés aux médias les témoignages d’anonymes, situés du côté de la rébellion, -les visages masqués et dont certains n’avaient pas un accent syrien mais probablement du Golfe- présentés comme Syriens, qui tous attribuaient aux forces d’el-Assad et aux médecins des hôpitaux des actes de tortures inqualifiables sur des blessés, des enfants, etc ? [3]

Qui peut croire qu’il serait dans l’intérêt de Bachar el-Assad, de torturer son peuple, de violer des enfants et des jeunes filles. Etc ? Qui peut croire que le peuple syrien continuerait à soutenir majoritairement Bachar el-Assad s’il était le tortionnaire sanguinaire que l’on présente en Occident à des fins de propagande de guerre ?

Ces incessantes campagnes qui prennent la défense d’« opposants » violents, et non du peuple que ces « opposants » terrorisent et oppriment, sont dangereuses. Elles apportent de l’eau au moulin aux puissances –France, Grande Bretagne, États-Unis, appuyées par le Qatar et l’Arabie Saoudite- qui, depuis des mois, préparent en secret le terrain pour intervenir militairement en Syrie et n’attendent plus que le feu vert d’Obama.

Silvia Cattori

(*) Voir : « Homs, une ville plongée dans l’horreur organisée par des groupes armés et non par Damas », par Silvia Cattori, 6 février 2012.

[1] L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH) –alimenté, depuis la Syrie, de faits manipulés par divers Comités- a été souvent dénoncé comme n’étant qu’un vulgaire instrument de désinformation au service de la rébellion. Or, malgré les nombreuses preuves qui l’attestent, il demeure sur la Syrie la principale source – avec les fameux « grands reporters » – sur laquelle s’appuie toute la presse occidentale, cette dernière relayant chaque jour ce qu’affirme cet observatoire bidon.

[2] Voir : « Une Syrienne, dont le frère a été tué à Homs par des « opposants », témoigne », propos recueillis par Nadia Khost, 8 février 2012. (http://www.silviacattori.net/article2790.html)

[3] Nous reviendrons sur le rôle d’ONG qui ont contribué à donner plus de poids à la désinformation qui frappe la Syrie augmentant le risque d’une intervention étrangère ; notamment Amnesty international et Médecins sans frontières.

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