Incertitudes après la démission surprise du ministre argentin de l’Economie

BUENOS AIRES (AFP) – Le ministre argentin de l’Economie Roberto Lavagna, principal artisan de la reprise économique en Argentine, a démissionné lundi, ouvrant une période d’incertitude après trois ans de croissance ininterrompue.

Cette démission surprise, annoncée lundi en fin de matinée par le chef du cabinet (gouvernement) argentin Alberto Fernandez, a aussitôt été sanctionnée par une baisse de plus de 4% à la bourse de Buenos Aires, ramenée ensuite à 3,4%. Le peso argentin a de son côté cédé 1%, à 3,01 pesos pour un dollar.

M. Lavagna, ministre de l’Economie depuis avril 2002, sera remplacé par Felisa Miceli, présidente de la banque publique Banco Nacion, considérée comme proche du président argentin Nestor Kirchner et favorable à un rôle fort de l’Etat dans l’économie.

M. Lavagna, 63 ans, homme clef du gouvernement pour les pourparlers sur la dette argentine avec les organisations internationales, avait démenti vendredi des rumeurs insistantes sur son possible départ, en dépit de rumeurs persistantes. La presse avait fait état de différends entre lui et d’autres ministres, dont celui de la Planification fédérale, très proche de M. Kirchner, que M. Lavagna avait accusé à mots couverts d’attribuer des chantiers publics à des prix supérieurs au marché.

Ancien ambassadeur à Bruxelles auprès de l’Union européenne, parfait francophone, Roberto Lavagna était connu et apprécié des milieux d’affaires internationaux. En Argentine, sa compétence, illustrée par le redressement impressionnant de l’économie, lui valait le respect des chefs d’entreprise.

Ces derniers ont d’ailleurs manifesté leur inquiétude dès l’annonce de la démission.

« Le changement de ministre, en ce moment, est très risqué, parce que le ministre sortant a démontré après plusieurs années, être un homme mesuré pour atteindre nos objectifs comme en témoignent les conditions économiques que nous avons actuellement », a déclaré le président de la Chambre de commerce et d’industrie argentine, Miguel Schiaritti.

« La continuité était positive parce que l’Argentine est dans un moment de croissance qu’il faut consolider, tout comme il faut donner certitude et croissance aux marchés étrangers », a commenté pour sa part Luciano Miguens, président de La Rural, association qui regroupe les principales entreprises agro-alimentaires, secteur clé de l’économie argentine.

« Lavagna a été un excellent ministre, espérons qu’il ne nous manquera pas », a résumé de son côté le président de la Banque centrale argentine, Javier Gonzalez Fraga.

En revanche, Hugo Moyano, proche du président Kirchner et secrétaire général du principal syndicat argentin, la Confédération du travail (CGT), jugeait récemment que le temps était venu pour M. Lavagna de démissionner.

« Lavagna n’est pas un ministre pour cette étape », avait-il déclaré la semaine dernière, en référence à la période nouvelle ouverte après les élections législatives du 23 octobre dernier, remportées par le président Kirchner. M. Lavagna a d’ailleurs expliqué son départ, lors d’une conférence de presse, par le besoin exprimé par le président Kirchner d’ouvrir une « nouvelle étape ».

Roberto Lavagna, nommé en avril 2002 au plus fort de la débâcle argentine, est considéré comme le principal artisan du redressement impressionnant enregistré par l’économie argentine. En 2002, le Produit intérieur brut argentin a connu un recul de près de 11% avant de connaître à partir de 2003 une croissance ininterrompue, estimée à près de 8% cette année contre 9% en 2004.

Il a également prouvé ses talents de négociateur en concluant avec succès la restructuration de la dette privée argentine. 76,07% des porteurs de titres argentins impayés depuis décembre 2001 ont apporté leurs titres à l’offre d’échange qui leur était soumise par le gouvernement de Buenos Aires sous l’impulsion de M. Lavagna.



Articles Par : Global Research

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