Israël est en train de préparer l’attaque contre l’Iran
Le déploiement des sous-marins Dolphin et navires de guerre israéliens en Mer Rouge “doit être pris au sérieux : Israël est en train de se préparer à la complexité d’une attaque contre l’Iran”. C’est ce qu’a déclaré au Times de Londres, hier, un fonctionnaire israélien de la défense. Il a en outre confirmé l’existence d’un accord avec l’Égypte pour le transit des unités militaires par le canal de Suez (voir il manifesto de mercredi 15 juillet), en ajoutant que les gouvernements des deux pays sont unis par une “méfiance commune vis à vis de l’Iran” (« shared mutual distrust of Iran ») et qu’Israël est en train de renforcer ses liens avec “certains pays arabes, qui craignent eux aussi la menace nucléaire iranienne”. («certain Arab nations just as wary of the Iranian nuclear threat»)
Ainsi Israël, le seul pays de la région à posséder des armes nucléaires (dont sont armés aussi les Dolphin) et qui refuse le Traité de non-prolifération, prend la tête d’une croisade à laquelle participent certains gouvernements arabes, contre la “menace nucléaire” de l’Iran, pays qui a adhéré au Tnp et qui est donc soumis à des contrôles de l’Agence internationale pour l’énergie atomique. Celle-ci a confirmé n’avoir “aucune preuve que l’Iran soit en train d’essayer de produire une arme nucléaire”.
Les sous-marins et les navires de guerre d’Israël sont en Mer Rouge non seulement pour préparer l’attaque contre l’Iran, écrit hier Haaretz, mais aussi «pour empêcher le trafic d’armes de l’Iran vers la Bande de Gaza» par mer et à travers le Soudan.
On accuse donc l’Iran d’armer et d’encourager les Palestiniens à la guerre, en effaçant ce qui ressort de l’enquête de l’association israélienne “Breaking the silence”, démontrant que l’opération «Plomb durci» a été décidée sur la base d’un calcul politique : terroriser les Palestiniens en perpétrant des massacres de civils. Et il n’est pas crédible que dans la Bande de Gaza, où même les aides humanitaires n’arrivent pas à entrer, un flux d’armes puisse arriver d’Iran.
Et c’est la secrétaire d’État étasunienne, Hillary Clinton, qui est venue prêter main forte au gouvernement israélien, en lançant un “ultimatum à l’Iran” pour qu’il “se joigne à la communauté internationale en tant que membre responsable”, en cessant de “menacer ses voisins et de soutenir le terrorisme”.
Elle a réaffirmé que «l’Iran n’a pas le droit d’avoir une capacité nucléaire militaire» (que par contre les USA ont le droit d’avoir, en possédant les plus puissantes forces nucléaires du monde), et que les USA sont décidés à empêcher qu’il ne l’acquière.
Elle a ainsi déclaré : «nous n’hésiterons pas à défendre nos amis, nos intérêts et surtout notre peuple avec vigueur et, si c’est nécessaire, avec la force militaire la plus puissante du monde». Le message à Téhéran est sans équivoque : si Israël attaque l’Iran et si celui-ci répond avec ses missiles (non nucléaires), les États-Unis soutiendront Israël avec «la force militaire la plus puissante du monde».
A ce point-là, il reste aux analystes à comprendre en quoi la politique extérieure de l’administration Obama diffère de celle de l’administration Bush.
Reçu de l’auteur et traduit par Marie-Ange Patrizio
Édition de vendredi 17 juillet de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20090717/pagina/09/pezzo/255185/
Manlio Dinucci est géographe, spécialiste en géopolitique et journaliste.