Israël: des dizaines de milliers de manifestants contre l’emprisonnement des migrants africains
Des dizaines de milliers de migrants africains, portant de nombreuses banderoles exigeant la liberté pour leurs compatriotes emprisonnés en Israël en tant que sans-papiers, ont protesté dimanche dans un parc de Tel-Aviv contre une nouvelle loi permettant leur détention pour des durées indéfinies.
« Nous sommes tous des réfugiés » et « Oui à la liberté, non à la prison ! » ont scandé en anglais les manifsetants.
Les groupes de défense des droits de l’homme disent que plus de 300 personnes ont été arrêtées depuis la promulgation de la loi, laquelle permet aux autorités de mettre en détention indéfiniment les migrants sans visas valides. Cette loi été adoptée par le parlement israélien il y a trois semaines.
Un porte-parole de la police israélienne a estimé que 30 000 personnes ont participé à la manifestation de dimanche.
Quelques 60 000 migrants, principalement originaires d’Érythrée et du Soudan, ont traversé depuis 2006 la frontière vers la Palestine occupée à travers une frontière poreuse à plusieurs endroits avec l’Égypte, selon les autorités israéliennes.
Beaucoup vivent dans des quartiers pauvres de Tel-Aviv et disent vouloir l’asile et un refuge. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il considérait la présence des Africains comme une menace pour le caractère soi-disant exclusivement juif d’Israël.
Lors de leur arrestation, de nombreux migrants sont envoyés vers ce que le gouvernement décrit comme une prison « ouverte » dans le désert au sud.
L’installation est similaire à une prison semi-ouverte, que les détenus peuvent quitter pendant la journée mais doivent réintégrer à la nuit tombée. Les migrants peuvent y être retenus sans limite de temps en attendant leur rapatriement, l’application d’une décisions d’expulsion ou l’étude de leur demande d’asile.
- Flics israéliens en civil arrêtant un manifestant d’origine africaine près du Parlement à Jérusalem le 17 Décembre 2013, lors d’une protestation contre la politique de détention – Photo : AFP/Menahem Kahana
Les organisateurs ont distribué des tracts demandant à Israël de « libérer tous les réfugiés de prison et d’arrêter cette politique de détention. » Des groupes de défense des droits de l’homme ont fait appel de la nouvelle loi.
La police a déclaré que les manifestants avaient une autorisation pour une manifestation de trois jours sur le site, et il n’y avait pas de violence ou d’arrestations de signalées.
Hotline for Migrant Workers, une organisation qui milite pour les droits des travailleurs, accuse Israël de faire pression sur des centaines de prisonniers pour qu’ils acceptent de l’argent et s’en aillent. Une dizaine d’entre eux ont accepté de partir pour l’Érythrée et ainsi sortir de prison.
Le député israélien Eli Yishai – ancien ministre d’extrême-droite de l’Intérieur qui en 2012 a mené la campagne du gouvernement pour rassembler et expulser des dizaines de milliers de migrants – a dénoncé la manifestation.
Yishai a déclaré que les « infiltrés », comme les appellent les autorités, ont été encouragés par les organisations « anti- sionistes de défense des droits de l’homme ».
Ces groupes de défense disent que la plupart des migrants africains en Israël ne peuvent pas être expulsés, parce que leurs vies seraient en danger s’ils retournaient dans leurs lieux d’habitation au Soudan et en Érythrée.
Yishai a déclaré au site de quotidien Maariv que la manifestation était « un cri perçant et clair pour l’État d’Israël et les autorités judiciaires et policières, d’appliquer tous les moyens à leur disposition pour renvoyer les infiltrés dans leur pays. »
Dawud, un demandeur d’asile érythréen qui participait à la manifestation, a déclaré à l’AFP : « Nous avons fui les persécutions, les dictatures, les guerres civiles et les génocides. »
« Au lieu de nous considérer comme des réfugiés , Israël nous traite comme des criminels », a-t-il ajouté, sans vouloir donner son nom complet.