Israël progresse en Syrie avec la bénédiction des États-Unis
Israël progresse en Syrie au-delà du plateau du Golan et détruit la flotte syrienne à Lattaquié, exécutant des plans expansionnistes en Syrie.
Le porte-parole de l’IOF, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, a nié mardi que l’IOF ait progressé en territoire syrien bien au-delà de la zone tampon démilitarisée.
“Nous ne faisons rien de tel et nous n’avons aucune intention de le faire”, a déclaré M. Shoshani. “Nous ne sommes pas impliqués dans ce qui se passe en Syrie au niveau interne, nous ne prenons pas part à ce conflit et nous n’avons pas d’autre intérêt que de protéger nos frontières et la sécurité de nos citoyens”.
L’incursion des FIO dans la zone tampon étant considérée comme une violation flagrante d’un accord de désengagement conclu en 1974 entre Israël et la Syrie, toute incursion au-delà de la zone tampon est en outre considérée comme une atteinte à la souveraineté de l’État syrien. La mainmise d’Israël sur la zone tampon du Golan a été largement condamnée par les Nations unies, les pays arabes et l’Iran.
La Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), une mission de maintien de la paix créée après la guerre israélo-arabe de 1973 (également connue sous le nom de “guerre d’octobre”), a été désignée pour surveiller la zone tampon entre Israël et la Syrie.
La FNUOD a informé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU António Guterres, le lundi 9 décembre, que les Forces israéliennes d’occupation (FIO) “sont entrées dans la zone tampon” et “se sont maintenues dans au moins trois secteurs de la région concernée”.
Selon M. Dujarric,
“les casques bleus de la FNUOD ont informé leurs homologues israéliens que ces actions constituent une violation de l’accord de désengagement de 1974 selon lequel il ne peut y avoir de troupes ou d’activités militaires dans la zone de séparation”.
Le porte-parole a également ajouté que cela correspond à la position du secrétaire général des Nations unies.
Israël invoque la légitime défense, une fois de plus.
Pour justifier son incursion sur le plateau du Golan, Israël a eu recours au même prétexte galvaudé de la légitime défense. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lors d’une conférence de presse que la présence de l’armée israélienne dans la zone tampon du Golan garantit “la sécurité et la souveraineté d’Israël”.
Netanyahu est même allé plus loin en affirmant que “le Golan fera partie de l’État d’Israël pour l’éternité”. Il a également exprimé sa gratitude envers le président élu américain Donald Trump pour avoir reconnu l’annexion du territoire par Israël en 1981, lors de son premier mandat en 2019.
“Au bout de 52 ans, il est temps pour les États-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui est d’une importance stratégique et sécuritaire cruciale pour l’État d’Israël et la stabilité régionale”, avait alors tweeté Donald Trump.
Le soutien des États-Unis à Netanyahu pour l’occupation du Golan ne s’est pas limité à Trump, puisque l’administration Biden a également soutenu Israël dans cette démarche, considérant qu’il s’agit d’un acte d’autodéfense. Le porte-parole du département d’État américain Matthew Miller a déclaré lors d’un point de presse lundi qu’Israël a envahi le plateau du Golan parce que
“l’armée syrienne a abandonné ses positions dans la zone proche de la zone tampon négociée israélo-syrienne, créant ainsi potentiellement un vide susceptible d’être occupé par des organisations terroristes menaçant l’État d’Israël”.
Condamnation des pays arabes
La Jordanie, le Qatar, le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Égypte ont publié lundi des déclarations condamnant fermement la prise par Israël de la zone tampon démilitarisée sur les hauteurs du Golan en Syrie.
Le ministère des Affaires étrangères égyptien a déclaré que l’action d’Israël
“constitue une violation évidente de la souveraineté de la Syrie et une violation claire de l’accord de désengagement de 1974”. Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a condamné Israël pour son “attaque flagrante contre la souveraineté et l’unité de la Syrie ainsi que pour une violation flagrante du droit international”.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite a déclaré que
“les assauts menés par le gouvernement d’occupation israélien, y compris la prise de la zone tampon dans les hauteurs du Golan et le ciblage des territoires syriens par les forces d’occupation israéliennes, confirment les violations incessantes du droit international par Israël et sa détermination à saper les possibilités pour la Syrie de restaurer sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale”.
Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés de Jordanie , Ayman Safadi, a condamné Israël pour avoir
“investi le territoire syrien et pris le contrôle de la zone tampon”, qualifiant ce geste de “violation du droit international”.
Le ministère des Affaires étrangères du Koweït a qualifié l’incursion de
“violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, qui soulignent la nécessité de respecter la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et la sécurité régionale de la Syrie”.
Dans sa déclaration, le ministère des Affaires étrangères irakien a appelé la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité,
“à assumer ses responsabilités en condamnant cette agression flagrante et en prenant les mesures nécessaires pour mettre fin à ces violations qui exploitent la situation actuelle en République arabe syrienne”.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Iran, Esmaeil Baghaei, a déclaré lundi que l’agression israélienne sur la Syrie caractérisée par des attaques répétées contre les infrastructures du pays et l’extension de l’occupation du plateau du Golan, a empiré au cours des deux derniers jours. Le diplomate iranien, qui a qualifié cette agression de “violation flagrante de la Charte des Nations Unies”, a souligné qu’elle a lieu alors que le peuple syrien est confronté aux répercussions de la récente chute du gouvernement du pays.
Depuis le départ d’Al-Assad dimanche, Israël a également lancé une campagne de frappes aériennes sur des sites et des biens militaires syriens afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains “d’extrémistes”, en référence aux groupes qui ont renversé l’ancien gouvernement syrien. Mardi, Israël a annoncé avoir détruit la flotte syrienne du port maritime de Lattaquié lors de frappes aériennes nocturnes. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a qualifié ces opérations de “grand succès”, car l’OIF vise à détruire les “capacités stratégiques menaçant l’État d’Israël”.
L’acharnement d’Israël à détruire les capacités militaires de la Syrie pendant la phase de transition du pays, ainsi que sa mainmise sur le plateau du Golan, sont des indicateurs dangereux indiquant que la région est en passe de connaître un nouveau chapitre de grands bouleversements qui pourraient embraser de nombreux pays de la région, outre la Syrie.
Aseel Saleh
Article original en anglais : Israel advances in Syria with blessing of US, People Dispatch, le 10 décembre 2024.
Traduction : Spirit of Free Speech
Image en vedette : Capture d’écran. Le PM israélien Netanyahu avec des chefs militaires le 8 décembre, le jour de la chute du gouvernement de Bachar el-Assad en Syrie. Photo © PM israélien