Joe Biden ne changera pas la ligne dure de Donald Trump vis-à-vis de la Chine

Pékin espérait qu’avec le départ de Donald Trump les Etats-Unis changeraient leur ligne vis-à-vis de la Chine, mais cela n’arrivera pas.
Joe Biden a hérité de son prédécesseur, Donald Trump, le consensus bipartite conformément auquel la Chine représente le défi stratégique principal pour l’Amérique pour les décennies à venir. C’est ce qu’écrit le commentateur de Newsweek, David Brennan.
Le nouveau président américain a été également confronté à la reconnaissance grandissante du fait que la politique économique occidentale a aidé le parti communiste chinois (PCC) à renforcer la « gouvernance autoritaire et élargir l’influence », écrit le journaliste. La disposition sceptique envers la Chine était inhérente à la présidentielle de 2020. C’est pourquoi Joe Biden a dû promettre qu’il adopterait une position ferme envers la Chine afin de réfuter les avertissements de Donald Trump et de ses alliés que l’arrivée au pouvoir des démocrates entraînerait une « large capitulation » face au PCC.
Bien évidemment, Pékin comptait sur une telle évolution de la situation, et après la défaite de Donald Trump il a commencé à insister sur un « redémarrage » des relations avec la Maison blanche après quatre ans de tension, estime David Brennan. Ainsi, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que les deux pays devraient revenir à un dialogue constructif. En même temps, le chef de la diplomatie chinoise a accusé les Etats-Unis de diaboliser le PCC et de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays. A titre d’exemple il a cité la condamnation par les Américains des violations des droits de l’homme à Xinjiang, à Hong Kong, au Tibet et ailleurs. Et d’ajouter que Washington devait cesser de « complaire » à l’aspiration de Taïwan à défendre son indépendance.
Cependant, malgré toutes les craintes des républicains, l’administration Biden a conservé en grande partie « la pression de l’époque Trump » sur Pékin, indique David Brennan. Plus tôt, en février, le président américain a ordonné une inspection militaire pour s’assurer que le Pentagone était entièrement prêt à faire face aux menaces chinoises. En parallèle, la nouvelle administration a résolument protesté contre les violations des droits de l’homme en Chine. De plus, elle a soutenu l’indépendance de Taïwan se disant prête à assurer la liberté de la navigation en mer de Chine méridionale.
Par ailleurs, Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain, a répondu aux accusations de Wang Yi. Il a balayé les plaintes du ministre chinois comme étant une « tendance persistante de Pékin à esquiver les accusations de pratique économique prédatrice, d’absence de transparence, d’irrespect des accords internationaux et de répression des droits de l’homme universels ». « Nous continuerons de défendre nos valeurs démocratiques quand les droits de l’homme sont enfreints à Xinjiang, au Tibet ou dans d’autres régions de la Chine ou quand l’autonomie est bafouée à Hong Kong », a noté Ned Price.
Et de poursuivre que l’administration adopterait une approche de l’établissement des relations avec Pékin « à travers le prisme de la concurrence d’une position de force ». La politique étrangère de Joe Biden s’appuie sur le multilatéralisme et les alliances américaines de longue date, deux éléments auxquels, selon les critiques de Donald Trump, l’ex-président a infligé un immense préjudice par son programme nationaliste « l’Amérique avant tout ».
Les premières démarches de l’administration vis-à-vis de la Chine, de l’Iran, du changement climatique et d’autres questions urgentes ont été des consultations avec les alliés, affirme David Brennan. Ned Price a supposé que la nouvelle administration poursuivrait l’offensive lancée par Donald Trump contre Huawei. Mais il a laissé entendre que Joe Biden ferait preuve d’une plus grande retenue en faisant pression sur les alliés américains pour qu’ils adoptent la même ligne par rapport aux technologies chinoises.
Alexandre Lemoine