Justin Trudeau versus le droit international

Le Canada, sous la gouvernance de Justin Trudeau, se retrouve au plus bas niveau  d’indépendance et de souveraineté par rapport à ses politiques internationales qui ne font que répondre aux ordres de l’empire. Sur la photo qui coiffe cet article, on y voit Justin Trudeau avec l’auto proclamé président par intérim du Venezuela. Il a suffi à M. Trump de le reconnaître comme tel pour que tous ses « vassaux » en fassent tout autant. Par contre, l’ONU et ses diverses instances internationales et plus de 140 pays reconnaissent le seul président élu par le peuple vénézuélien, le 20 mai 2018, en la personne de Nicolas Maduro. L’auto proclamé ,Juan Guaido,  n’a aucune reconnaissance de la part des Nations Unies et de ces 140 pays.

Pour ceux et celles qui ne sauraient de quoi il s’agit vraiment, je dirai tout simplement et brièvement que le Venezuela, son peuple et ses richesses se présentent comme une menace à l’encontre des États qui en avaient, auparavant, le plein contrôle. Il s’agit d’un peuple qui a décidé d’être indépendant et souverain, d’un État qui donne priorité aux exigences du bien commun de ce peuple et qu’il utilise à cette fin les immenses richesses en pétrole, en diamants et en or.  De quoi rappeler aux envahisseurs que le peuple et l’État doivent répondre, avant tout, aux intérêts les plus pressants en éducation, en soins de santé, en résidences salubres pour les familles les moins fortunées. Plus de trois millions de ces logements ont été remis à autant de familles. L’éducation et la santé sont gratuites pour tous et toutes. De cela, les médias de l’empire ne parlent guère.

Ceci explique les actions agressives de Washington et de ses alliés pour faire tout ce qui est possible pour que ce projet révolutionnaire ne puisse aboutir.  C’est comme trop pour le peuple et pas assez pour l’empire et ses acolytes. Dans un document récent, le ministre de communication du Venezuela donnait les coûts réels que représentait la guerre économique promue par Washington et ses alliés, ainsi que les sanctions et les blocus dans divers secteurs de l’économie : 116 mille millions $ US.  Tout ceci implique, évidemment, les conditions difficiles, imposées par l’empire et ses alliés, dont le Canada, pour approvisionner le peuple en importation de produits alimentaires,  de pièces mécaniques et électroniques nécessaires au bon fonctionnement  des industries  de diverses natures.  À ceci s’ajoutent, évidemment, les menaces constantes d’intervention militaire hautement soutenues par une presse entièrement servile aux intérêts de ces  soi-disant fictifs généreux bienfaiteurs, porteurs des valeurs de la démocratie, de la liberté et du respect des droits de la personne et des peuples. Ce sont les thèmes qui servent à promouvoir l’ingérence de Washington et ses acolytes dans ces pays aux richesses à conquérir.

Il ne faut pas aller loin pour comprendre les dessous de ces discours qui ne font que couvrir les véritables intérêts qui s’y cachent.  Le coup d’État, tout récent, en Bolivie, nous en donne un bon exemple. Des élections auront lieu, disent-ils, mais seulement  pour les candidats qu’ils auront choisis de retenir.  Ce n’est plus le peuple qui choisit ses candidats, mais les instances électorales et judiciaires qui répondent bien au format de candidats à retenir. Les mauvais candidats  sont à exclure et, si nécessaire, à  emprisonner. Dans d’autres pays, comme la Colombie et le Honduras, on se chargera de couper l’herbe sous les pieds de ceux et celles qui auraient tout pour se prévaloir du pouvoir du peuple pour atteindre les échelons les plus élevés de l’État. On préfère s’en débarrasser,  une fois pour toutes, en les assassinant. Depuis la signature de l’accord de paix entre le gouvernement de Colombie et la FARC, en 2016, la défenderesse du peuple a identifié 311 cas de leaders assassinés. Au Honduras, en la seule année 2019, 20 de ces leaders ont été assassinés. De cela, la presse de l’empire ne parle pas.

J’en arrive justement à ce groupe de Lima que Justin Trudeau, premier ministre du Canada, reçoit en ce 20 février, à Gatineau. Il a sans doute choisi Gatineau pour exprimer le caractère latin du Canada, s’en faisant ainsi un allié naturel de l’Amérique latine. De quoi lui obtenir plus de voix pour occuper un siège au Conseil permanent de sécurité des Nations Unies auquel il aspire . Ce serait d’ailleurs un plus pour Donald Trump de pouvoir compter, au Conseil de sécurité, sur un allié aussi fidèle.

QUE DIT LE DROIT INTERNATIONAL DE L’INGÉRENCE DANS D’AUTRES ÉTATS?

Le Canada, tout comme les 195 membres des Nations Unies, a voulu préciser les règles à suivre  pour assurer des relations harmonieuses entre les États et assurer à chaque État, grand et petit, les mêmes droits, relatifs aux personnes et aux peuples.

Article 1

Les buts des Nations Unies sont les suivants :

1.   Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptible de mener à une rupture de la paix;

2.   Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;

3.   Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion;

4.   Être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.

Article 2

L’Organisation des Nations Unies et ses Membres, dans la poursuite des buts énoncés à l’Article 1, doivent agir conformément aux principes suivants :

1.   L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres.

2.   Les Membres de l’Organisation, afin d’assurer à tous la jouissance des droits et avantages résultant de leur qualité de Membre, doivent remplir de bonne foi les obligations qu’ils ont assumées aux termes de la présente Charte.

3.   Les Membres de l’Organisation règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger.

4.   Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.

5.   Les Membres de l’Organisation donnent à celle-ci pleine assistance dans toute action entreprise par elle conformément aux dispositions de la présente Charte et s’abstiennent de prêter assistance à un État contre lequel l’Organisation entreprend une action préventive ou coercitive.

6.   L’Organisation fait en sorte que les États qui ne sont pas Membres des Nations Unies agissent conformément à ces principes dans la mesure nécessaire au maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Que fait Justin Trudeau, en relation au droit international?

Tout d’abord, il fait fi des décisions, déjà prises par le Conseil de sécurité des Nations Unies, sur la question du Venezuela : aucune intervention projetée par les États Unies et ses alliées au Venezuela n’a été autorisée par le  Conseil de sécurité des Nations Unies.

En reconnaissant Juan Guaido, comme président autoproclamé par intérim du Venezuela, créature nommée par Donald Trump, il se déclare en défaut de respect du droit international. En démocratie c’est le peuple qui choisit ses gouvernants et non un empire et ses vassaux qui peuvent le faire. Justin Trudeau et le groupe de Lima, qu’il reçoit, en ce jour,  à Gatineau se font les promoteurs  fictifs du respect du droit international, tout en soutenant les sanctions, le blocus et les diverses variantes d’une guerre économique interventionniste contre le peuple et le gouvernement du  Venezuela.

Si le premier ministre a le devoir de soutenir les intérêts des entreprises canadiennes ainsi que ceux du peuple canadien, il ne peut le faire au détriment du droit des États et des peuples.

Il ne faudrait pas que notre premier ministre oublie que ceux qui l’ont élu sont les canadiens et canadiennes. Ce n’est pas M. Donald Trump, ni les conglomérats financiers  Vous n’êtes pas sans savoir que ces Canadiens et Canadiennes veulent le respect du droit international, tant des personnes que des peuples. Les Nations Unies sont là pour en indiquer la marche à suivre. Je ne pense pas que le Conseil de sécurité ait besoin d’un représentant qui ne respecte pas le droit international.

Nous sommes loin d’un Lester B. Pearson, prix Nobel de la paix, en octobre 1957 et d’un Pierre Elliot Trudeau qui a résisté aux pressions de Washington pour maintenir de bonnes relations avec Fidel Castro et la Révolution cubaine. Le Canada est devenu un vassal de Washington et rien n’annonce que cela puisse changer.

Oscar Fortin

 



Articles Par : Oscar Fortin

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