L’administration Bush face aux fuites et critiques sur la guerre en Irak et l’ouragan Katrina
e commentateur Peter Daou a forgé une expression pour décrire l’ambiance de ce début d’année : « le scandale fatigue ». La lassitude des affaires. L’opposition a le « vertige », dit-il. Il suffit de parcourir les titres des journaux : « Un ancien responsable de la CIA affirme que les informations sur l’Irak ont été déformées » ; « Des e-mails montrent que Bush connaissait le lobbyiste Abramoff » ; « Un expert du réchauffement climatique affirme que l’administration Bush essaie de le faire taire »…
L’hebdomadaire satirique The Onion s’est permis d’allonger la liste : « Le président crée un ministère pour coordonner les scandales », a-t-il titré le 1er février. L’ambiance est au déballage. Il n’est pas un jour sans qu’un ancien responsable, à peine sorti de l’administration, ne fasse le procès à charge du gouvernement.
Les fuites d’informations confidentielles ajoutent à la nervosité. Le directeur de la CIA, Porter Goss, a publié une tribune vendredi dans le New York Times pour rappeler les agents à leurs devoirs. La CIA lutte bravement contre le terrorisme, a-t-il écrit. Mais elle risque de « perdre une bataille clé : celle de protéger nos informations classées ».
« MANIPULATION »
Vendredi, la Maison Blanche a de nouveau été mise en cause par deux anciens proches sur deux dossiers où elle est accusée de s’être trompée : l’Irak et l’ouragan Katrina.
L’ex-chef de l’agence des secours d’urgence (FEMA), Michael Brown, a témoigné devant la commission du Sénat qui enquête sur la catastrophe. La Maison Blanche n’ayant pas invoqué le « privilège exécutif », il a pu répondre librement aux questions. « Il a chanté comme un canari », a commenté le journaliste politique Bill Schneider.
Documents à l’appui, M. Brown a affirmé que la Maison Blanche avait été informée dès le lundi 29 août à la mi-journée de la rupture des digues à La Nouvelle-Orléans. M. Bush avait affirmé qu’il n’avait été informé que le mardi. « Si nous avions pu confirmer qu’un terroriste avait fait sauter les digues, tout le monde se serait précipité à la rescousse », a ajouté Michael Brown.
Dans le magazine Foreign Affairs, c’est le responsable de la CIA qui était en charge du dossier irakien de 2000 à 2005, Paul Pillar, qui dénonce les pressions insidieuses des partisans de la guerre pour obtenir les renseignements souhaités, notamment sur un lien entre Al-Qaida et Bagdad. Selon lui, le renseignement « ne servait pas de base aux décisions ». Il était simplement utilisé « pour justifier des décisions déjà prises ».
Le chef des démocrates du Sénat, Harry Reid, a estimé que « les preuves de la manipulation du renseignement » grandissaient tous les jours.
Lors d’une réunion à huis clos avec les responsables républicains, le président a conseillé à ses amis de ne pas prêter trop d’attention aux sondages — qui donnent les démocrates en tête pour les élections de novembre. Il leur a recommandé de se focaliser sur l’économie et sur le terrorisme.