L’Afrique du Sud vue comme un modèle pour la Palestine

Nous approchons du moment où de plus en plus de Palestiniens diront : « Il n’y a pas de place pour deux Etats, dans ce pays et tout ce que nous voulons, c’est le droit de vote. Le jour où ils l’obtiendront, nous perdrons tout. »

En prévenant qu’Israel ne pourra plus rester un Etat juif et une démocratie s’il conserve tous les territoires palestiniens occupés », ajoutait Olmert, « Je frémis à l’idée de penser que les organisations juives libérales, qui ont soutenu la lutte contre l’Apartheid, mèneront la lutte contre nous. »

Que reste-t’il de la Palestine Historique ? Voir également la carte détaillée sur le site internet de Stop The Wall

La semaine dernière, alors que je regardais les images de la destruction de la Bande de Gaza, où une attaque de bombardements israéliens a tué une famille entière, en tant que Palestinien je pouvais comprendre les sentiments d’un survivant qui dit : « Je ne peux pas imaginer qu’un jour nous vivrons en paix avec eux ». Mais je sais également qu’il n’y a aucun autre choix.

Quand Israel a été créé, ses fondateurs ont dit que ce serait un Etat exemplaire et moral. Pour beaucoup de juifs, cela semblait comme un rachat miraculeux après tellement de souffrance et de pertes dans l’Holocauste Nazi.

Les Palestiniens ont fait l’expérience d’une réalité différente. Israel est devenu « un Etat juif » dans un pays qui avait toujours été multiculturel et multireligieux.

L’expulsion et l’exclusion des Palestiniens de leur propre patrie a entrainé les Israéliens et les Palestiniens dans un cauchemar sans fin de non-reconnaissance mutuel et de carnage.

Pendant des décennies, la sagesse conventionnelle était que ce conflit ne pouvait être résolu qu’en divisant le pays en deux Etats. Pourtant en dépit des énormes efforts politiques et diplomatiques pour y aboutir, les deux peuples restent complètement si malheureusement entrelacés.

Le projet israélien d’installation de colonies à l’intérieur des territoires où les Palestiniens voulaient créer un Etat a rendu la séparation impossible.

En même temps, Israel se trouve dans une impasse. Pour la première fois depuis que l’Etat a été créé, les Juifs israéliens ne représentent plus une majorité absolue sur le territoire qu’ils contrôlent.

Aujourd’hui, il y a à peu près 5 millions de juifs et 5 millions de Palestiniens qui vivent sur la même terre. Les tendances sont incontestables. Dans quelques années, les Palestiniens représenteront la majorité absolue.

Le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, a reconnu en 2003 ce que cela voulait dire : « Nous approchons du moment où de plus en plus de Palestiniens diront : « Il n’y a pas de place pour deux Etats dans ce pays et tout ce que nous voulons, c’est le droit de vote. » Le jour où ils l’obtiendront, nous perdrons tout. »

« En prévenant qu’Israel ne pourra pas rester un Etat juif et une démocratie s’il conserve tous les territoires palestiniens occupés », ajoutait Olmert.
« Je frémis à l’idée de penser que les organisations juives libérales qui ont soutenu la lutte contre l’Apartheid mèneront la lutte contre nous. »

Certains extrémistes israéliens, comme le nouveau Vice-Premier Ministre Avigdor Lieberman, croient que ce « problème démographique » peut être résolu en expulsant les Non-Juifs.

La solution choisie par Israel, qu’il appelle « séparation unilatérale », emmure les Palestiniens dans des ghettos appauvris que les Palestiniens comparent aux banlieues noires et aux Bantustans créés pour les Noirs par le gouvernement d’Apartheid d’Afrique du Sud.

Le résultat de cette approche, comme nous le voyons dans Gaza, est plus de désespoir, de résistance et de défi, et un désastre certain pour les deux peuples.

La solution à deux Etats demeure attrayante et rassurante dans ses simplicité et finalité apparentes.
Mais en réalité, elle s’est démontrée inaccessible parce que ni les Palestiniens ni les Israéliens ne sont disposés à abandonner une partie du pays qu’ils aiment.

Confronté à cette impasse, un petit groupe grandissant d’Israéliens et de Palestiniens explorent à titre de test une vieille idée qui dormait depuis longtemps : Pourquoi ne pas avoir un seul Etat dans lequel les deux peuples jouiraient d’une égalité des droits et des protections et de la liberté de religion ?
Beaucoup de gens l’écartent comme un rêve utopique.

Allister Sparks, le légendaire rédacteur du journal anti-Apartheid, le Rand Daily Mail, observait que le conflit en Afrique du Sud ressemblait plus aux conflits d’Irlande du Nord et de Palestine-Israel, parce que chacun impliquait « deux ethno-nationalismes » dans une rivalité apparemment irréconciliable pour le « même bout de territoire ».

Si la perspective « d’un pays laic partagé par tous » semble « impensable » en Palestine-Israel aujourd’hui, alors il est possible d’apprécier à quel point cette solution semblait peu probable en Afrique du Sud.

« Mais, c’est ce que nous avons fait » dit Sparks, « sans négociateur étranger [et] sans poignée de main sur la pelouse de la Maison Blanche. »

Pour sûr, les Palestiniens et les Israéliens ne devraient pas simplement capables de prendre la nouvelle Afrique du Sud comme modèle.
Ils devraient établir leur propre constitution distincte, y compris des mécanismes pour que les communautés ethniques aient une autonomie sur les sujets qui les concernent, et pour garantir qu’aucun groupe ne puisse dominer l’autre.

Il y aurait un travail difficile pour guérir les blessures terribles du passé.

Une telle solution offre la chance que la Palestine-Israel puisse devenir pour la première fois dans l’histoire, l’endroit véritablement sûr où les Israéliens et les Palestiniens pourraient s’accepter.

Ce peut être un chemin laborieux, mais dans l’impasse actuelle nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer le moindre rayon de lumière.

Source : Chicago Tribune    

Traduction : MG pour ISM



Articles Par : Ali Abunimah

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