L’Algérie convoque un haut diplomate de l’ambassade US
Bases militaires, pétrole et ``terrorisme``
C’est clair, l’Algérie ne se laisse pas faire. Alors qu’Alger a maintes fois martelé qu’elle n’était pas disposée à l’installation de bases militaires US ou de l’Otan sur son territoire, le chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis à Alger a été convoqué dimanche au ministère des Affaires étrangères après l’émission d’un avertissement américain annonçant la veille des attentats imminents à Alger.
Dans un article date de dimanche El Watan n’hésite pas dire que “depuis ces dernières années les forces américaines” semblent “s’adonner au jeu” “d’amplifier les actions terroristes dans ces régions pour faire accroire à leur dangerosité pour la sécurité du monde et par conséquent à une nécessaire intervention américaine”. Saluons tout de même le courage de l’Algérie qui n’hésite plus à clamer haut et clair, ce que pour notre part, nous avions déjà suspecté sur le blogfinance. Il est vrai que si USA et pétroliers texans sont attirés par les richesses en hydrocarbures du pays, ces dernières sont également convoitées par la Russie avec laquelle l’Algérie pourrait s’associer en vue de créer une OPEP du gaz …et qui pourrait s’avérer un allié de taille dans la bataille.
I – Le chargée d’affaires de l’ambassade convoque aux Affaires Etrangères
Selon un communiqué officiel, le chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis à Alger a été convoqué dimanche au ministère des Affaires étrangères après l’émission d’un avertissement américain annonçant la veille des attentats imminents à Alger.
« Les autorités algériennes (…) ont fait valoir à la partie américaine l’obligation du respect scrupuleux de la souveraineté du pays d’accréditation et du principe de non ingérence dans ses affaires intérieures », selon les termes mêmes du communiqué algérien.
Les autorités algériennes ont ainsi estimé que l’avertissement diffusé par l’ambassade américaine était « fantaisiste et inacceptable ». Elles ont également souligné que « des initiatives intempestives de ce genre sont contre-productives et irresponsables au regard des exigences de la coopération dans la lutte anti-terroriste conformément au droit international et aux pratiques bien établies en matière de coordination entre organismes compétents », rapporte APS.
II – L’ambassade US défend son geste
Samedi, l’ambassade des Etats-Unis à Alger avait mis en garde contre des risques de nouveaux attentats dans la capitale le jour même, quatre jours après le double attentat meurtrier qui a secoué le centre de capitale et sa banlieue est.
Dans un communiqué mis en ligne tôt samedi matin et sans citer de source pour cette information non confirmée, l’ambassade affirmait que de nouveaux attentats pourraient frapper la Grande-Poste, dans le centre-ville, et le siège de la Télévision nationale, boulevard des Martyrs. Cette annonce de l’ambassade des Etats-Unis était vivement critiquée, dimanche, par la presse algérienne.
La représentation diplomatique américaine a en effet semé la terreur chez des Algérois déjà traumatisés d’autant que le communiqué public a été diffusé en boucle par des chaînes de télévision. Aucun attentat n’a été signalé à Alger après cette mise en garde américaine.
L’ambassade américaine à Alger s’est défendue à la suite de toute « arrière-pensée », dans un communiqué. Elle justifie par ailleurs ses actes par le fait que l’ambassade « a pour obligation selon la loi américaine et selon la politique du département d’Etat, de partager toute information jugée crédible sur un danger potentiel pouvant porter atteinte à la vie et à la propriété des ressortissants américains en Algérie ».
Cet avertissement est intervenu alors qu’Alger était sous le choc d’un double attentat-suicide à la voiture piégée le 11 avril contre le Palais du gouvernement et un commissariat de la banlieue est. Les deux attentats, revendiqués par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb, ont fait 30 morts, selon un dernier bilan revu à la baisse dimanche par le ministère de l’Intérieur.
III – Alger oppposé à l’installation de bases US sur son territoire
Le général d’armée, Raymond Hénault, président du Comité militaire de l’Alliance atlantique qui vient d’achever une visite officielle en Algérie début mars s’est vu opposé un net refus d’Alger faite à la demande US d’offrir son territoire pour l’installation de bases militaires.
Le sol algérien devra rester hors de portée du matériel de guerre et des troupes de l’OTAN.
Le niet exprimé récemment par le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui semble traduire démontrer l’option stratégique prise par Algerqui exclut catégoriquement l’installation de bases militaires sur son territoire “quand bien même la proposition est emballée dans la lutte antiterroriste”, comme le dit si bien El Watan.
L’Algérie ne sera pas intégré dans le commandement régional Maghreb-Sahel que les Etats-Unis veulent établir au sud du Sahara pour lutter contre le terrorisme, a déclaré, début mars le ministre des Affaires Etrangères.
« L’Algérie n’acceptera pas l’installation de bases militaires étrangères sur son sol. », a assené le ministre, ajoutant qu’« aucune demande » n’a été formulée dans ce sens pour le moment. Pour rappel, lors d’une conférence à Dakar le 6 février, placée sous l’égide du Partenariat trans-saharien (Tsctp), les Etats-Unis avaient fait état d’un projet de création d’un commandement chargé de l’Afrique au Pentagone, afin de prévenir l’implantation de groupes terroristes dans les zones transfrontalières au Sahara et au Maghreb.
Le ministre algérien des Affaires étrangères précise par ailleurs que l’Algérie a toujours considéré que la présence de telles bases sur son sol est incompatible avec sa souveraineté nationale. » Pour être clair, je dirai que l’Algérie n’acceptera pas l’installation sur son territoire de bases militaires étrangères quel que soit le pays auquel elles appartiennent. » Ce qui n’empêche nullement une coopération avec les Etats-Unis, qui est d’ailleurs en cours, a précisé le chef de la diplomatie algérienne « en matière de lutte contre le terrorisme. Cette coopération est jugée tout à fait profitable. »
IV – pas de bases militaires US … mais un sous-commandement via Africom
La secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice, a tranché mardi sur la polémique au sujet de la volonté prêtée au Pentagone d’installer des bases militaires américaines dans la région du Maghreb. « Nous ne souhaitons pas installer des bases militaires dans aucun pays de cette région, et d’ailleurs nous sommes en train de fermer certaines de nos bases dans d’autres régions du monde. »
Tout en tentant de minimiser autant que faire se peut ce sujet, Condoleeza Rice a expliqué que son pays se satisfait aisément de la coopération tous azimuts qu’il développe avec chacun des pays du Maghreb dans la lutte antiterroriste.
« Nous essayons juste d’établir une plate-forme de coopération avec ces pays à travers l’échange du renseignement et l’organisation des exercices militaires avec les gouvernements de ces pays pour lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-elle nuancé.
La secrétaire d’Etat américaine précise que son département entretient de bons rapports avec les gouvernements des pays concernés, notamment dans le volet sécuritaire et que, à ce titre, il n’y avait pas besoin d’y installer des bases militaires qui nécessitent d’importants moyens. Les récents propos pour le moins secs du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, etaient donc quelque peu justifiés….
En revanche, Mme Rice a appuyé la création d’un sous-commandement militaire du Pentagone baptisé « Africom » pour lequel elle a fourni un argumentaire “plutôt logistique”, dixit El Watan…
Condoleeza Rice estime ainsi que ce commandement répond au seul souci de « rapprocher géographiquement les forces américaines stationnées en Europe des zones des opérations en Afrique ».
« Vous savez, nous souffrons terriblement du fait que nous soyons contraints de gérer les conflits en Afrique et de lutter contre le terrorisme à partir de l’Europe, nous avons donc pensé à créer ce sous-commandement qui sera basé en Afrique pour faciliter nos interventions. » Ben voyons … vous pouvez la croire !!!
La première responsable du Département d’Etat a également soutenu sa plaidoirie pour « l’Africom » par le fait que toutes les régions du monde sont couvertes militairement par les Etats-Unis, à l’exception de l’Afrique. Joli argument tout de même, on croit rêver …
« Il n’est pas normal que nous ayons un commandement au Proche-Orient, en Europe, en Asie et en Amérique latine, et pas en Afrique. Cela est d’autant plus vrai que ce grand continent est le plus souffrant que ce soit en termes de prolifération des maladies comme le sida ou encore par la récurrence des conflits et des foyers de tension comme au Darfour et, bien sûr, la menace terroriste. »
Et s’agissant de l’Africom, Mme Rice confirme que tous les pays de la région sont favorables à cette option et qu’ils « coopèrent totalement ».
Et dans la foulée, elle annonce un petit scoop aux journalistes en révélant que l’administration Bush a décidé de désigner un sous-secrétaire d’Etat adjoint chargé de manager le volet politique de ce nouveau commandement. Il sera question, concrètement, d’un partage des rôles entre le Pentagone et le Département d’Etat sur la gestion de l’Africom. On assistera donc assurément à une présence américaine plus prononcée en Afrique en général, et au Maghreb, en particulier. C’est du moins ce qu’a suggéré Mme Rice qui n’a pas caché la volonté des Etats-Unis de conquérir l’Afrique considérée jusque-là – à tort ou à raison – comme une chasse gardée de la France.
V – El Watan voit la main des US derrière le terrorisme
Le journal algérien n’y va pas pas quatre chemins. Si nous avions déjà suggéré ici même qu’une telle stratégie pouvait être menée par les Américains en vue d’obtenir la suprématie sur les hydrocarbures algériens, El Watan ose le dire haut et clair.
Selon le journal “Amplifier les actions terroristes dans ces régions pour faire croire à leur dangerosité pour la sécurité du monde et par conséquent à une nécessaire intervention américaine semble être le jeu auquel s’adonnent depuis ces dernières années les forces américaines.” “Cet état d’instabilité permanent poussera les pays d’Europe à se désintéresser de cette région la laissant aux Américains qui ont déjà parfaitement identifié leurs intérêts et commencé à s’en accaparer.
A ce jeu sournois semble parfaitement s’accommoder le réseau El Qaïda qui, en réalité, travaille, consciemment ou pas, pour les intérêts géopolitiques américains.
Selon El Watan, “cette peur savamment entretenue du terrorisme islamiste et notamment du réseau El Qaïda, leur permet de légitimer la nouvelle configuration du monde, notamment le Grand Moyen-Orient qu’ils viennent de décider”. Le journal estime alors « qu’il y a donc peu d’espoir que le terrorisme islamiste s’arrête tant qu’ils n’auront pas atteint leurs sinistres objectifs.”
VI – Nouvelles découvertes d’hydrocarbures dans le Sahara algérien
S’il était nécessaire de prouver le lien entre tous ces évènements et le secteur des hydrocarbures, la société algérienne d’hydrocarbures Sonatrach a annoncé dimanche avoir réalisé quatre nouvelles découvertes d’hydrocarbures dans les bassins de Berkine et d’Illizi, dans le sud-est du Sahara, en association avec trois partenaires étrangers.
Sonatrach a précisé avoir découvert en association avec la compagnie canadienne First Calgary Petroleum du gaz dans le bassin de Berkine (près de Hassi Messaoud). Le débit du nouveau puits est estimé à 2006 m3/h de gaz. La compagnie algérienne a ajouté avoir fait deux autres découvertes de gaz et d’huile en association avec la compagnie Medex North Africa Ltd dans le bassin d’Illizi (extrême sud-est).
La quatrième découverte de gaz a été réalisée par Sonatrach en association avec la compagnie Petroceltic International PLC dans le bassin d’Illizi, avec un débit évalué à 7.905 m3/h.
Depuis le début de l’année, Sonatrach a enregistré six découvertes d’hydrocarbures, deux par ses propres moyens et les quatre autres en association avec des partenaires étrangers.
Références: AFP, El Watan, APS, AP