L’armée américaine défend la rédaction d’articles dans des journaux irakiens.
L’armée américaine a défendu jeudi la rédaction par des militaires américains d’articles ensuite publiés dans des journaux irakiens pour contrer les mensonges diffusés par des militants d’Al-Qaeda.
Selon le Los Angeles Times de mercredi, l’armée américaine rémunère secrètement des journaux irakiens pour qu’ils publient ces articles dans le but d’améliorer l’image des États-Unis auprès de la population irakienne.
« Nous ne mentons pas, nous n’avons pas besoin de mentir, nous autorisons nos commandants sur le terrain à être en mesure d’informer le public irakien », a déclaré un porte-parole de l’armée américaine, le général Rick Lynch lors d’un point de presse.
« Ce que Zarqaoui continue de faire est de mentir aux Irakiens, de mentir à la communauté internationale », a-t-il ajouté en référence au chef d’Al-Qaeda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui.
Le groupe de média américain Knight-Ridder a affirmé jeudi que l’armée américaine a aussi payé des journalistes irakiens jusqu’à 200 dollars par mois pour écrire des histoires favorables à la coalition.
Selon Knight-Ridder, les paiements étaient faits à des membres du Club de la presse de Bagdad, une organisation créée par des officiers américains il y a plus d’un an.
À Washington, un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, n’a pas souhaité commenter ces informations. « Je n’ai pas tous les éléments », a-t-il dit. Mercredi, il avait jugé « gênantes » les pratiques décrites si elles se révélaient vraies et qu’elles étaient en contradiction avec la politique en matière d’information du Pentagone.
De son côté, le lieutenant colonel Barry Johnson, un porte-parole militaire américain, a justifié la publication des articles en indiquant qu’il s’agissait « d’un programme pour permettre d’avoir des informations factuelles dans les journaux irakiens sur les opérations en cours ».
Selon lui, la presse irakienne est confrontée à un environnement difficile, étant passée du contrôle total sous le régime de Saddam Hussein à la période actuelle caractérisée par une insurrection meurtrière.
« Il y a des intimidations et de nombreux meurtres et d’autres façons de manipuler la presse, aussi on a considéré qu’il était nécessaire de s’assurer que les faits étaient publiés », a-t-il dit.
Plusieurs journalistes irakiens contactés par l’AFP ont déclaré qu’un certain nombre de journaux sont connus pour publier des articles donnés par des institutions américaines.
D’après le Los Angeles Times citant des militaires ayant requis l’anonymat, les articles rédigés par des militaires américains sont ensuite traduits en arabe et publiés dans des grands journaux irakiens, avec l’aide d’une société américaine de relations publiques, Lincoln Group.
Ces articles, présentés comme étant rédigés par des journalistes indépendants, vantent le travail des Américains et des Irakiens sur le terrain pour reconstruire l’Irak et dénoncent les actions des insurgés, précise le journal.
D’après le quotidien, des hauts responsables militaires en Irak et au Pentagone ont critiqué ces initiatives soulignant que cela pourrait ruiner la crédibilité des États-Unis à l’étranger et au sein de sa propre opinion publique.