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L’ascension de la force iranienne et les nouveaux équilibres régionaux
Par Pierre Khalaf
Mondialisation.ca, 11 janvier 2012
Tendances de l’Orient No 65 9 janvier 2011
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L’Iran a étalé ses capacités militaires lors des dernières manœuvres qu’il a organisées dans le détroit d’Ormuz. Ces exercices ont mis en évidence la solidité des forces armées terrestres, navales et aériennes stratégiques de la République islamique, notamment dans le domaine des missiles balistiques modernes.

Les tactiques présentées lors des manœuvres prouvent que l’Iran se classe désormais parmi les puissances militaires de niveau mondial, selon les experts américains, européens et israéliens, bien que certains aient tenté de minimiser l’efficacité et la précision de l’armement utilisé lors des exercices.

Le succès le plus important enregistré lors des manœuvres apparaît dans les grandes compétences des systèmes de commandement et de contrôle. En dépit des énormes capacités dont dispose l’OTAN dans la guerre électronique, y compris des satellites équipés des dernières technologies, et du déploiement des bâtiments de la 5e flotte américaine dans les eaux du Golfe, l’Occident n’a pas réussi à entraver le tir d’un seul des missiles iraniens déployés dans le cadre de ces manœuvres, dont le taux de réussite a frôlé les 100 pour 100, ce qui est rare dans ce genre d’exercice.

Ce succès confirme l’avancée technologique de l’Iran, qui est apparue au grand jour avec le contrôle électronique du drone de la CIA, en décembre dernier. Pour leur part, les Occidentaux n’ont pas réussi à neutraliser ou détourner un seul des armements ou équipements utilisés lors des manœuvres « Wilaya 90 », qui ont duré dix jours. Ces développements prouvent qu’un nouvel équilibre s’est instauré dans la région, même dans la guerre électronique, considérée comme le domaine de prédilection de l’Occident.

Les implications stratégiques de ces nouvelles réalités sont considérables et se feront sentir davantage dans la période à venir. Les résultats immédiats sont l’abandon de toute velléité de frappes militaires contre des installations iraniennes par Israël et les États-Unis.

Les conséquences politiques de l’étalage de la force iranienne se sont très vite illustrées par l’envoi par les États-Unis à toute vitesse à Téhéran de leur homme en Turquie, le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, pour discuter d’une éventuelle reprise des négociations entre la République islamique et les puissances 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne).

La réponse de l’Iran traduit les nouveaux rapports de forces. Intransigeants, les Iraniens ont insisté pour que toutes les questions litigieuses soient examinées et non seulement le dossier nucléaire, comme le souhaitent les puissances occidentales. Selon les fuites médiatiques, les Iraniens ont également fait preuve d’une grande fermeté avec la Turquie en raison de son rôle jugé négatif et non constructif aux yeux de Téhéran dans la crise syrienne.

Bien que certains milieux occidentaux battent les tambours de la guerre, et que les Américains ont décidé d’organiser des manœuvres conjointes avec les Israéliens en riposte aux manœuvres de l’Iran, les experts crédibles et sérieux assurent que l’étalage de la force iranienne a écarté pour longtemps la possibilité d’une guerre régionale totale qui renverserait les équilibres, comme le souhaite l’État hébreu.

New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf 
Tendances de l’Orient No 65, 9 janvier 2012.

Pierre Khalaf : Chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales de Beyrouth

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