L’effondrement des États-Unis entraîné par la « fraude. » Geithner dissimule l’insolvabilité bancaire
Lors d’une interview explosive dans le journal de Bill Moyers sur PBS, William K. Black, professeur d’économie et de droit à l’Université du Missouri, a affirmé que les banques et les organismes de crédit étasuniens ont contribué à créer un système, se résumant en l’énorme « supercherie » à l’épicentre de la finance des États-Unis, dans laquelle les fameux « prêts des menteurs » pourraient recevoir la cote AAA et zéro surveillance. Mais, pire encore, dit Black, Timothy Geithner, le Secrétaire au Trésor du Président Barack Obama, est actuellement engagé dans une dissimulation pour cacher à ses citoyens l’insolvabilité financière des États-Unis. L’interview, qui a été diffusée vendredi soir, est sur le site Internet du Bill Moyers Journal.
La toute dernière publication de Black, l’ouvrage The Best Way to Rob a Bank is to Own One (la meilleure façon de dévaliser la banque c’est de la posséder), sorti en 2005, a été salué par George A. Akerlof, lauréat du Nobel de l’économie, comme « extraordinaire. »
« Il n’y a personne d’autre dans le monde entier qui comprenne aussi bien dans tous les détails comment se sont produites ces malversations, et comment des modifications dans la réglementation gouvernementale et dans les textes de lois au début des années 80, ont provoqué cette vague de pillages, » écrit-il. « Ce livre sera un classique. »
Mais ce livre ne couvre que les retombées de la crise de Savings & Loan (Épargne et Prêt) des années 80 ; la dernière implication de première main de Black dans le scandale qui a suivi la liquidation des mauvaises banques.
« Une seule banque, IndyMac, a perdu plus d’argent que la totalité de la crise de Savings & Loan, » a indiqué PBS. « La différence entre aujourd’hui et à l’époque, » explique Black, c’est l’allégement drastique de la réglementation et de la supervision, « Nous savons maintenant ce qui se passe quand on supprime les règlements. On obtient la plus grande calamité financière que jamais depuis plus de 80 ans. »
Ce désastre financier, a-t-il expliqué, a été provoqué non pas par accident ou par erreur, mais seulement après un travail concerté visant à saper et à supprimer toute réglementation permettant au créancier la pagaille généralisée qui dépendait de la notation risquée frauduleuse des mauvais prêts.
« La manière dont il faut faire cela est de faire vraiment de très mauvais prêts, parce qu’ils paient mieux, » a déclaré Moyers. « Ensuite, vous grossissez très rapidement, en d’autres termes, vous êtes dans un système à la Ponzi. Et la troisième chose à faire est ce que nous appelons un levier. Ça signifie juste emprunter beaucoup d’argent, et la combinaison crée une situation où vous vous assurez des profits records dans les premières années. Cela vous rend riche, grâce aux bonus que rapporte la rémunération des dirigeants modernes. Ça rend aussi inévitable la survenue d’une catastrophe sur la route.
« … Tout ce fourbi, ces trucs exotiques dont vous parlez, a été créé à partir de choses comme les prêts de menteurs, qui sont connus pour être particulièrement mauvais, » a-t-il poursuivi. « Et maintenant, ils avaient obtenu la cote triple-A. Maintenant, une cote triple-A est censée signifier qu’il y a zéro risque de crédit. Ainsi, vous faites un truc qui n’est pas que grave, ça risque l’anéantissement. C’est pourquoi c’est toxique. Et vous créez cette fiction qu’il a zéro risque. C’est bien sûr en soi une manœuvre frauduleuse. Et, encore une fois, personne ne regardait durant les années Bush. Ensuite, en dernier, il y a seulement un an, nous avons commencé à avoir une enquête du Congrès sur certaines de ces agences de notation, et c’est un scandale qui en est sorti. Ce que nous savons maintenant, c’est que les agences de notation n’ont jamais regardé un seul dossier de prêt. Quand elles ont finalement regardé, après que le marché se soit complètement effondré, elles ont trouvé, et je cite Fitch, la plus petite agence de notation, « les constats étaient déconcertants dans la mesure où de la fraude apparaissait dans quasiment chaque dossier que nous avons examiné. »
Il a assimilé le système financier étasunien entier à une « magouille de Ponzi » géante, et accusé le Secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, tout comme le Secrétaire Henry Paulson, avant lui, de « dissimuler » la vérité.
« Voulez-vous dire que Timothy Geithner, le Secrétaire au Trésor, et d’autres dans l’administration, avec les banques, sont engagés dans une dissimulation pour nous empêcher de savoir ce qui a mal tourné, » a demandé Moyers.
« Absolument, parce qu’ils craignent la destruction, » a-t-il dit. « Vous comprenez ? Ils ont peur de la destruction d’un effondrement. Ils craignent que s’ils admettent la vérité, la plupart des grandes banques soient insolvables. Ils pensent que les Étasuniens sont une bande de lâches, et qu’ils vont se ruer en hurlant vers les sorties [après avoir résilié leur compte bancaire]. Et nous ne pourrons pas compter sur l’assurance-dépôts. Et, de fait, nous pouvons compter sur l’assurance-dépôts. Et c’est stupide. Vous comprenez ? Maintenant, ça pourrait devenir pire que ça. Vous pouvez invoquer des motifs plus cyniques. Mais je pense sincèrement qu’ils sont juste paniqués à ce sujet, ‘’Nous ne pouvons tout simplement pas laisser les grandes banques faire faillite’’. C’est faux. »
En fin de compte, dit Black, la ruine financière des États-Unis dans le sillage des années Bush est due à « l’engagement dans la fraude et à sa facilitation par le gratin des établissements étasuniens. »
« Quand est-ce que les Étasuniens se réveilleront et tiendront les vrais délinquants, les banksters, pour responsables de leurs actes, et pousseront le gouvernement à ordonner des changements systémiques pour prévenir les abus ? » a demandé à Huffington Post le blogueur Mike Garibaldi-Frick.
L’intégralité de l’interview peut être visionné en ligne.
Original : rawstory.com/news/2008/Economist_US_collapse_driven_by_fraud_0404.html
Traduction : Pétrus Lombard.