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L’Égypte après trente années de « paix » : un pays détruit
Par Mohammad Morsy
Mondialisation.ca, 03 avril 2009
Ikhwanweb.com 3 avril 2009
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Le Dr Mohammad Morsy

 
« Ce que le régime égyptien appelle « les accords de Camp David » n’est qu’une farce ridicule et un crime, à tous les sens du terme, en particulier parce que ces accords sont totalement déséquilibrés et imposent des conditions léonines à l’Egypte », a déclaré le Dr Mohammad Morsy, membre du bureau exécutif et chef du département politique du mouvement des Frères musulmans (égyptien). 

 « Trente ans après, la paix « juste et globale » que prétendait apporter Camp David n’est toujours pas là, comme ont pu le constater les peuples de la région, en particulier après la dernière agression israélienne contre Gaza, ainsi que les habitants de la Cisjordanie, du Sanctuaire Abrahamique (Hébron, ndt), de Qana, de Sabra et Shatila. Par ailleurs, les articles de l’accord concernant le droit au retour des Palestiniens ainsi que le droit de décider de leur propre destin n’ont pas été mis en œuvre. Au contraire, la seule chose que nous ayons entendue, de la part de l’entité sioniste (oups : israélienne (sic)), ce furent les trois « non » : « Non au droit au retour » ; « Non à Jérusalem, capitale de l’Etat palestinien » et « Non au retrait (israélien) à l’intérieur des frontières de 1967 », a ajouté M. Morsy.

 
« La paix, avec des Israéliens (ou Israélites : voir la suite, ndt), est impossible. Peu importe la forme de quelconques accords (passés avec eux) : ils n’en respectent jamais aucun. En réalité, ils sont extrêmement doués en matière de violation de la parole donnée, de fomentation de guerres et de déstabilisation des pays où ils se trouvent. Ne sont-ce pas eux qui ont déclenché la Seconde guerre mondiale, avec ses cinquante millions de morts » ?, s’est interrogé M. Morsy de manière rhétorique.
  

M. Morsy a ensuite fait observer que Carter avait exercé des pressions sur les signataires de l’accord (de Camp David), en les menaçant que leur avenir politique serait menacé au cas où ils ne le signeraient pas, leur promettant que les effets (bénéfiques) dudit accord se manifesteraient ultérieurement.

« Comment reconnaître un Etat des sionistes, alors que ceux-ci ne sont qu’un groupe de miliciens ? Nous ne devons même pas reconnaître leurs (fameux) accords », a ajouté M. Morsy, qui a qualifié les sionistes de « vampires de notre époque », qui sucent le sang du peuple, sans être jamais désaltérés.

« De tels accords, qui ont fait tellement de mal à l’Egypte, n’ont ni but ni raison », a ajouté M. Morsy, faisant allusion aux allégations selon lesquelles le Sinaï, les fermes de Taba et Ras Mohammad auraient été restitués à l’Egypte : Ce sont des revendications naturelles et fondamentales de l’Egypte, accords ou pas », a-t-il ajouté. 

Une opportunité, certes, mais uniquement pour les sionistes

M. Morsy a fait observer que l’accord de Camp David n’a eu strictement aucune retombée positive pour l’Egypte et qu’au contraire, cet accord a donné aux sionistes l’opportunité de reprendre leur souffle, ce qui leur a permis d’envahir le sud du Liban, de harceler la Syrie, de terroriser la Jordanie, de menacer l’Iran et de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays avoisinants.

 
Il a ensuite mis l’accent sur le fait que l’économie égyptienne n’a strictement rien gagné à la signature dudit accord, puisqu’au contraire, elle a connu encore plus de récession et de déclin, en raison des accords de coopération et de commerce, des accords Quiz, ainsi que l’accord d’exportation de gaz à prix bradé vers Israël, la reconnaissance d’un petit Etat sioniste au cœur des pays du bassin méditerranéen, la construction d’une route internationale passant par Tel-Aviv, pour ne rien dire des pesticides cancérigènes qui ont pénétré en Egypte, de nos industries laminées, de l’invasion de produits agricoles israéliens, ni de la pression mise sur les gouvernements (arabes) afin de les affaiblir.

Il a poursuivi, disant qu’en signant l’accord (de Camp David), l’Egypte s’était exclue d’elle-même de l’équation politique arabe et moyen-orientale, donnant aux sionistes une liberté totale de jouer leurs sales petits jeux en Irak, au Liban, au Soudan, en Syrie et en Palestine, du temps que l’Egypte reste menottée et bâillonnée par l’accord de Camp David.

 
« Il y a trois raisons irréfutables qui doivent conduire tout un chacun à refuser un tel accord. Primo, aucun Etat sioniste ne doit jamais être reconnu, sur les terres arabes. Deuxio, les Arabes qui coopèrent avec les sionistes ne sont que des agents de la domination sioniste (à laquelle les sionistes, d’ailleurs, ne parviendront jamais). Troisième raison : le soutien transgressif que les gouvernants et les officiels arabes ont apporté aux sionistes, en fermant les yeux sur leurs crimes, ou encore leur silence devant ces crimes et leur incapacité à apporter un soutien aux Palestiniens, qui n’a fait que redorer le blason (ensanglanté) des sionistes ». M. Morsy a ensuite ajouté : « Certains gouvernants arabes sont tellement vissés à leur trône qu’ils sont prêts à faire n’importe quoi pour entraver la résistance, même si cela doit mettre en danger la sécurité nationale de leurs pays respectifs. » 

M. Morsy a ensuite expliqué que la nation (égyptienne) va de l’avant, qu’elle comprend, qu’elle est parfaitement consciente du projet sioniste et qu’elle ne sera pas négligente à ce sujet, de même qu’elle n’oubliera jamais les Egyptiens tués en 1967, ni les victimes (des bombardements israéliens sur) Abu Za’bal et sur les travailleurs du Canal (de Suez), ni les avions de guerre sionistes qui ont bombardé le Caire en 197.

M. Morsy a conclu sa déclaration en disant : « Nous sommes tous des Résistants ; nous ne seront pas humiliés, et les sionistes n’auront rien, nada ».

Article original : Egypt After 30 Years of “Peace”: A Country Destroyed

Traduction de l’Anglais : Marcel Charbonnier.

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