L’intervention française en Libye qualifiée de « jeu de massacre »

Accusés d’un « carnage », dimanche matin à Tika, les militaires français démentent s’être trouvés sur la zone.

Des Libyens découvrent les cadavres et les destructions causées par les bombardements alliés, dimanche 20 mars au matin. © Patrick Baz / AFP

Les conditions dans lesquelles les frappes se sont déroulées contre les forces fidèles au colonel Kadhafi dans la nuit de samedi à dimanche, sur la route conduisant à Ajdabiya, à 35 kilomètres au sud de Benghazi, commencent à susciter un débat. Dans l’édition du quotidien Libération datée de lundi, l’envoyé spécial du journal, Christophe Ayad, ne décrit pas une opération militaire mais « un vrai jeu de massacre. » Il poursuit : « Des dizaines et des dizaines de corps de soldats gisent là, morts dans l’instant, certains presque des enfants dans leur treillis trop grand. Ils ont été foudroyés par les Rafale français entre 5 et 7 heures du matin. »

Un autre reporter, Kareem Fahim de l’International Herald Tribune, évoque un « carnage » et précise plus loin que de multiples frappes sont intervenues, « apparemment conduites par les pilotes des avions d’armes français qui ont pris la responsabilité de tirer les premiers coups ». Ce même reporter ajoute que les frappes ont visé deux convois. Selon lui, l’un paraît avoir été frappé alors que ses canons et ses mitrailleuses étaient dirigés vers Benghazi, la capitale des rebelles que les Français avaient samedi pour mission de protéger. L’autre, en revanche, aurait été frappée alors que ses véhicules quittaient la zone de combat. L’envoyé spécial du Herald Tribune cite un officier rebelle, le colonel Abdullah al-Shafi : « Ils battaient en retraite. Les soldats [loyaux à Kadhafi, ndlr] avaient volé des véhicules civils et fuyaient. Ils étaient en train d’enlever leurs treillis.

La France confirme avoir détruit quatre véhicules blindés

L’envoyé spécial du Times de Londres, Anthony Loyd, décrit, quant à lui, une première frappe dans l’après-midi de samedi aux abords de Garyouis, banlieue sud-ouest de Benghazi. Et une seconde le dimanche matin, vers 5 h 30 : « Alors que les troupes [loyales à Kadhafi, ndlr] commençaient à faire retraite, frappées par les Français et harcelées par les rebelles, le pire les attendait à Tika, à 30 km de Benghazi. Vers 6 h 30, ils ont été à nouveau frappés par les jets, qui ont touché une concentration de chars, camions, transports de troupes blindés, pick-up », et même un camion du logisticien DHL qui transportait la nourriture des soldats. « Nous remercions l’Angleterre et la France ! », confie un rebelle au journaliste, qui emploie lui aussi le terme de « carnage ».

Interrogé par Le Point dimanche lors du point de presse quotidien du ministère de la Défense, le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard, a indiqué que les avions français avaient frappé samedi après-midi, et qu’ils avaient détruit quatre véhicules blindés. Il nous a précisé ce lundi matin que dimanche, à l’heure des frappes sur le carrefour de Tika, aucun avion français ne se trouvait sur zone. Qui, alors ?



Articles Par : Jean Guisnel

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