Print

L’Occident teste ses nouvelles armes de mort
Par Jean-Michel Vernochet
Mondialisation.ca, 08 mai 2007
B.I. infos no 119 2 mai 2007
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/l-occident-teste-ses-nouvelles-armes-de-mort/5588

Nul n’ignore que les guerres sont l’occasion de vider les arsenaux des armes en voie de péremption, permettant ainsi de solliciter des crédits publics pour le renouvellement, la recherche et le développement. Les conflits en cours servent également de terrain d’expérimentation pour tester la létalité ou l’efficacité des dernières trouvailles, ou de vitrine pour le marché de la mort. La première guerre du Golfe de février 1991, a beaucoup fait de ce point de vue, après la chute de Scuds en territoire israélien, pour la promotion des missiles Patriot dont on sait qu’ils ont été depuis déployés autant par l’État hébreu, que par les pétromonarchies du Golfe ou encore la Pologne euratlantiste.

On sait aussi que lors du siège de la ville de Falloujah (pour venger la mort le 31 mars 2004 de quatre soldats de fortune salariés de la firme Black Water), des bombes au phosphore blanc furent utilisées, prétendument pour éclairer la scène et les cibles. Le phosphore est en effet une valeur sûre : mis en œuvre à la fin de la Seconde guerre mondiale sur Hambourg, Dresde et les villes et villages normands, il avait été détrôné au Vietnam par le napalm avant son retour en force pour la purification des villes rebelles. Aujourd’hui, selon le témoignage diffusé dernièrement par la chaîne Al Jazirah de l’ancien commandant de la Garde républicaine (GR, l’élite des forces baasistes), Taha al-Rawi (activement recherché par les forces américaines, sa tête est mise à prix pour un million de dollars), le phosphore aurait précédemment servi à la prise (au cours de laquelle périrent 2.000 hommes de la GR) des infrastructures aéroportuaires de Bagdad, un peu avant le 9 avril 2003, date de l’assaut final contre la capitale irakienne. Plus grave, Al-Rawi avance que des armes neutroniques, auraient également été utilisées. Ces engins dits à rayonnement renforcé, sans effet thermique ni de souffle, inventés en 1958 par Samuel Cohen au Livermore National Laboratory puis testées au Nevada dès 1962, sont aujourd’hui réputés avoir étés démantelés. « Les corps étaient carbonisés jusqu’aux os, mais les infrastructures étaient restées intactes. » On sait en effet que les radiations émises par les armes neutroniques peuvent détruire les servants d’engins blindés sans léser la machine ni ses instruments. Si de telles armes ont été mises en œuvre (ce qui n’aurait rien d’invraisemblable, l’enjeu pour les forces états-uniennes étant de taille (un aéroport immédiatement opérationnel, indispensable au soutien logistique de l’offensive terrestre), le secret en a été bien gardé et le sera encore un certain temps. Cependant les rumeurs se sont multipliées relatives à l’utilisation d’armes secrètes ou interdites accompagnant les conflits récents du Proche-Orient. Comme on ne prête qu’aux riches, et logique aidant, on ne peut a priori exclure l’hypothèse d’un recours par le camp occidental pauvre en combattants mais détenteur d’une réelle avance technologique, à des armes nouvelles, hautement létales. La question s’est ainsi posée au Liban et à Gaza où de nombreux rapports médicaux ont fait état de blessures sans causalité identifiable, autant de faits troublants qui alimentent abondamment spéculations et hypothèses. Il n’est pas surprenant que les mêmes questions aient été posées lors des offensives de l’été dernier contre le Liban et contre la Bande de Gaza (la première ayant largement occulté la seconde). Déjà, les obus tirés par les blindés israéliens posent problème. Ce sont les mêmes que pour les forces de l’OTAN en raison du principe d’interopérabilité. Or l’uranium appauvri qui les compose, en raison de sa densité très élevée et malgré sa faible radioactivité, constitue à terme un sérieux danger pour l’environnement et la santé humaine par sa diffusion sous forme de microparticules. Ces aérosols d’un métal ultralourd continuent en effet à polluer, longtemps après la fin des combats, notamment la chaîne alimentaire. Le Sud de l’Irak, zone où eurent lieu les combats majeurs de février 1991, a ainsi connu une multiplication épidémique (sans autre explication plausible) de cancers à partir de 1995. Ce n’est pourtant qu’après l’utilisation extensive de projectiles à uranium appauvri contre la Fédération yougoslave en 1999, que le Conseil de l’Europe s’était enfin décidé à demander, mais en vain, leur interdiction…

Au-delà, au cours des 34 jours de bombardements et d’opérations terrestres au Liban entre le 12 juillet et le 14 août 2006, des médecins libanais ont relevé parmi les nombreux blessés et les 1.300 morts, des cas troublants de blessures inexplicables selon les critères habituels de la traumatologie : visage et corps noircis, calcinés, nécroses des chairs et amputations. Ce ne serait plus alors seulement l’uranium appauvri qui serait à dénoncer.

Les sites de certains bombardements au Liban (Kiam ou d’At-Tiri par exemple), ont montré des niveaux élevés de radioactivité. De fortes concentrations d’isotopes radioactifs dans les échantillons prélevés ont été confirmées par différents laboratoires européens. Cela suggérerait l’expérimentation d’armes nouvelles basées sur l’effet pyrophorique, autrement dit un dégagement thermique explosif qui accompagne l’oxydation brutale de l’uranium à l’impact du projectile. Dans ce cas, de l’uranium enrichi (le combustible des centrales nucléaires), aurait été substitué à l’ordinaire uranium appauvri des bombes antibunker.

Il semble bien que l’offensive de juillet au Liban et les opérations militaires en Irak, comme l’affirme Taha al-Rawi, ont réellement servi de laboratoire pour l’expérimentation grandeur nature d’armes nouvelles. Celles qui demain, serviront le cas échéant, sur les théâtres d’opérations, au cours de nouveaux affrontements régionaux.

Le marché de la mort s’enrichit

Le quotidien italien II Manifesta du 12 octobre dernier évoquait l’éventualité de tests d’armes à mortalité renforcée, utilisables de façon ciblée afin de limiter les dommages collatéraux, autrement dit les pertes civiles. De conception américaine, ces munitions auraient été développées par la firme Boeing qui a remporté en 2003 un appel d’offres relatif au développement de Small Diameter Bombs. Ces bombes expérimentales de petit format ne dépassant pas les 90 kilos, sont testées depuis mai 2006. Cette gamme de micro-munitions comprendrait le Dense Insert Métal Explosive, l’ultime trouvaille en matière de létalité concentrée. Une charge interne en alliage de tungstène libérerait un nuage de métal incandescent mortel à courte portée. En quelque sorte l’arme antipersonnel idéale pour des frappes très chirurgicales ! Des tests réalisés par les laboratoires militaires du Maryland auraient mis en évidence, selon le New Scientist de février 2005, un taux de mortalité de 100 % dans les mois qui suivent l’exposition au métal pulvérisé, décès dus à une forme rare de cancer, le rhabdomyosarcome. À faible distance, dans les heures qui suivent l’explosion, l’on constate quelquefois une nécrose rapide des parties atteintes, en particulier des membres. L’utilisation de telles armes, si elle était effective, aurait pour résultat de multiplier les invalides permanents et pour objectif de briser la résistance psychologique des populations. Face à ce nouveau type de blessures, Manifesta rapporte encore que « les médecins se retrouvent impuissants devant la détérioration des tissus blessés et ne peuvent le plus souvent qu’amputer. »

Avis de non-responsabilité: Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.