L’Otan, gardien militaire de la sécurité d’approvisionnement énergétique des pays membres

Sur ce thème, le CSO a participé à l’animation d’un atelier lors de la Conférence Internationale « No to Nato – no to the war » à Strasbourg. En voici un résumé. Le texte complet de cette intervention est disponible sur le site www.csotan.org
 
L’OTAN s’est autoproclamée en 1949 comme « Alliance des démocraties, des Pays de la Liberté… » entre puissances coloniales principalement et les USA. Le discours actuel n’a pas vraiment changé et reste hypocrite : au nom de la défense de la démocratie, les pays de l’OTAN ont soutenu le pillage des ressources naturelles des pays colonisés, les dictatures voire, les installant (Guatemala, Iran, Congo, Chili etc…). Que l’on soit pendant ou après la « guerre froide », le rôle de l’OTAN reste de voir comment préserver l’accès aux ressources énergétiques de la planète à une poignée de super riches ! Autrement dit, comment assujettir les pays concernés, au moyen de la douceur du libéralisme ou du mécanisme de la dette ou de la pure menace militaire, afin de s’emparer de leurs richesses naturelles et de les contrôler.

Car en terme brutal, dans le système économique mondial actuel, « il n’y en a pas assez pour tout le monde » donc au plus fort de s’en emparer. Autrement dit : la loi du plus fort est, tout compte fait, toujours la meilleure.

Comment l’Otan présente son rôle à ce propos ?

Depuis 1999 et l’élaboration de son Nouveau Concept Stratégique, l’Otan redoutant les risques d’interruption ou de crise dans le flux des ressources vitales entendons par là énergétiques, a chargé au Sommet de Riga en novembre 2006, le Conseil en session permanente de « procéder à des consultations sur les risques les plus immédiats en matière de sécurité énergétique, afin de définir les domaines dans lesquels l’OTAN pourrait apporter une valeur ajoutée s’agissant de préserver les intérêts des Alliés en matière de sécurité et, sur demande, de contribuer aux efforts nationaux et internationaux ». Ce programme a été confirmé dans sa continuité lors du sommet de Bucarest (2008) et reste à l’ordre du jour du sommet de 2009.

Dans ses documents officiels, l’Otan présente son « rôle dans la sécurité énergétique » en donnant l’exemple de l’Opération Active Endeavour (missions en Mer Méditerranée) : le texte consultable sur le site de l’Otan met bien en évidence que la sécurité énergétique et plus généralement son approvisionnement sont désormais des domaines que l’OTAN s’attribue. Cela concerne le pétrole, le gaz, le charbon, l’énergie nucléaire, les minerais stratégiques et prochainement l’eau et les aliments. C’est ici qu’apparait une confusion entre sécurité des populations et celle des intérêts économiques des états membres de l’OTAN, les plus puissants étant les plus entendus dans cette logique qui s’étend …de l’Arctique à la Mer Rouge, de l’Afrique à l’Amérique Latine et à l’Asie. Egalement, dans cette stratégie, l’OTAN empêche militairement d’autres pays dont la Russie, la Chine et des états de l’ex-camp socialiste à développer leur sécurité.

Une première conclusion s’impose : les mouvements pacifistes et progressistes d’Europe et des Etats-Unis doivent lutter pour la dissolution de l’Otan et pour instaurer un système économique répondant aux besoins des populations et non à la cupidité de quelques multinationales.

En Afrique, l’OTAN envoie ses navires de guerre pour chasser les pirates. Mais il y a piraterie et piraterie et les « tankers » déchargeant massivement des déchets nucléaires produits par les pays membres de l’OTAN, ceux acheminant des armes, ceux traitant la pêche industrielle au détriment des populations locales, eux…ne sont nullement inquiétés !  En fait l’OTAN installe une police militaire navale dans les régions où circule l’approvisionnement énergétique occidental. L’échec du commandement militaire intégré Africom par l’OTAN s’est commué en pénétrant l’Afrique autrement, et cela même au prix de concessions pour le partage des butins avec d’autres alliés.

En Arctique, région d’intérêt stratégique pour l’Otan depuis qu’avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces permettra d’accéder aux ressources gigantesques de pétrole, de gaz et de charbon, de minerais, 5 pays bordent l’Océan Arctique : la Russie et 4 membres de l’Otan, le Canada, les Etats-Unis, l’Islande et la Norvège. La Russie représente un adversaire…et probable nouvel ennemi !

En Amérique Latine, depuis avril 2006, l’OTAN a participé à des manœuvres navales dans les Caraïbes appelées « confraternité avec les Amériques ». Officiellement elles resserrent les liens militaires et luttent contre le trafic de drogue, contre le terrorisme. Mais …. le gouvernement hollandais (patrie de l’actuel président de l’OTAN) accusait le Venezuela de vouloir annexer une île proche de ses côtes. Quant au terrorisme il avait un nom: le gouvernement Chavez ! L’Amérique Latine a de nombreuses ressources énergétiques (pétrole et gaz essentiellement) ce qui permet à certains de ses Etats de réduire leur dépendance aux Etats Unis. 12 Etats ont d’ailleurs créé l’Union des Nations Sud-Américaines, union économique, monétaire et politique, incluant un volet militaire ce qui déplait aux Etats-Unis et à l’OTAN qui les considèrent comme dangereux voire terroristes ! Jusqu’à présent, l’OTAN n’est présente en Amérique Latine qu’occasionnellement, au travers de ces manœuvres conjointes. Mais si la crise économique s’aggrave, l’accès aux ressources énergétiques devient plus difficile et coûteux, on peut s’attendre au pire.

En Asie Centrale: pas de sécurité énergétique de l’OTAN sans guerre ! Afghanistan, Pakistan, Irak, les 5 ex-républiques soviétiques (Kazakhstan, Kirghizie, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan), sont des pays en jeu pour contrer la Russie et la Chine mais … ils sont regroupés dans l’organisation de coopération de Shanghai où l’Iran les rejoindra incessamment. Il existe également des accords entre les pays autour de la mer Caspienne. Quant à la Géorgie, l’OTAN y est alors qu’elle n’en fait pas partie…

 



Articles Par : Francine Verstraeten

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