La bombe des “Palestine papers”, acte 1 Jérusalem
Le temps est aux fuites. Après WikiLeaks, la chaîne d’information continue Al-Jazira, associée au Guardian, se lance dans la divulgation sur grande échelle de notes diplomatiques.
Un négociateur franco-palestinien, Ziyad Clot, avait ouvert le bal si on ose dire en divulgant le premier dans un ouvrage des notes prises pendant les discussions de 2008. Celles qui nous intéressent (la diffusion a commencé dimanche 23 janvier et se prolongera jusqu’au 26 janvier, dit la chaîne) concernent les négociations israélo-palestiniennes et surtout les offres palestiniennes qui auraient été faites en 2008 lorsqu’Ehoud Olmert était premier ministre. Après son départ, ce dernier avait déploré que les Palestiniens n’aient jamais avancé de contre-propositions à ses offres.
Le point le plus sensible concerne l’acceptation par la partie palestinienne de l’annexion par Israël de la quasi-totalité des quartiers de colonisation de Jérusalem-Est, en bleu foncé sur la carte ci-dessous, dont une partie de la vieille ville, à l’exception de Har Homa (au sud):
La position officielle palestinienne (le retour à la Ligne verte en vigueur entre 1949 et 1967) proscrit théoriquement de telles concessions, très proches du tracé d’un plan de paix officieux, l’initiative de Genève, récusé en son temps (2003) par l’Autorité palestinienne.
La carte des concessions palestiniennes reste très éloignée de la carte israélienne “reconstituée” proposée lors des négociations de Camp David (2000) présentées souvent comme une occasion historique manquée par les Palestiniens:
Selon Al-Jazira, l’Autorité palestinienne aurait accepté ce recul historique en pure perte: les Israéliens n’auraient donné aucune suite à cette proposition. A l’époque, le chef des négociateurs palestiniens était Ahmed Qoreï (Abou Ala’a) aujourd’hui retiré des affaires. Il avait pour bras droit (et rival) Saëb Erekat, qui est lui toujours en place et qui est le plus exposé à des révélations qui risquent d’affaiblir un peu plus l’Autorité palestinienne.
La défense de M. Erekat a consisté pour l’instant à nier.
Dr. Erakat: Statement on the Al Jazeera “Palestine Papers”
In the past few hours, a number of reports have surfaced regarding our positions in our negotiations with Israel, many of which have misrepresented our positions, taking statements and facts out of context. Other allegations circulated in the media have been patently false. But any accurate representation of our positions will show that we have consistently stood by our people’s basic rights and international legal principles.
Indeed, our position has been the same for the past 19 years of negotiations: we seek to establish a sovereign and independent Palestinian State along the 1967 borders with East Jerusalem as its capital and to reach a just solution to the refugee issue based on their international legal rights, including those set out in UNGA 194. What an accurate record will show is that we have insisted that any solution be grounded in principles of international law, which Israel has consistently refused to accept or recognize.
Even though many ideas have been discussed by the two sides as part of the normal negotiations process, including some we could never agree to, we have consistently said any proposed agreement would have to gain popular support through a national referendum. No agreement will be signed without the approval of the Palestinian people. The main issue remains that Israel continues to colonize our land, denying the rights of the Palestinian people, and in particular our refugees. These issues must be addressed and our rights must be respected. That can only happen with genuine commitment on the part of Israel, first and foremost, but also that of the international community which must help us achieve a regional peace based on principles of international law.Nul doute que ces dénégations ne seront pas suffisantes pour convaincre les Palestiniens. Un feuilleton commence. Les relations entre Al-Jazira et l’Autorité palestinienne (qui soupçonne la chaîne de favoriser le Hamas dans sa couverture du conflit israélo-palestinien) étaient déjà mauvaises. Elles risquent de devenir exécrables.