La chasse aux « terroristes » sur le territoire américain entraîne des dérapages
La chasse aux « terroristes » sur le territoire américain a entraîné à plusieurs reprises des dérapages de la part des autorités depuis les attentats du 11 septembre, comme en témoigne l’affaire d’un enseignant d’origine arabe accusé à tort de terrorisme en Floride.
Le gouvernement américain n’a pas réussi mardi à convaincre un jury de Floride (Sud-Est) qui a acquitté Sami al-Arian, ancien professeur d’université de 47 ans, des accusations de terrorisme qui pesaient sur lui. M. Arian était soupçonné d’avoir apporté une assistance matérielle à une « organisation terroriste » palestinienne, le Jihad islamique, responsable d’attentats-suicide contre Israël.
Le gouvernement américain avait monté son dossier en s’appuyant sur des écoutes téléphoniques et des documents saisis, et cette affaire était considérée comme un test pour la loi controversée Patriot Act qui donne aux autorités des pouvoirs élargis en matière de lutte antiterroriste depuis le 11 septembre.
Ce n’est pas la première fois que les accusations de terrorisme portées par des autorités américaines s’effondrent ou paraissent peu solides.
Il y a deux semaines, la justice américaine a annoncé l’inculpation de Jose Padilla, citoyen américain détenu depuis plus de trois ans dans une prison militaire, pour s’être entraîné au jihad (guerre sainte).
En annonçant cette inculpation, le ministre de la Justice Alberto Gonzales a reconnu qu’elle n’avait rien à voir avec les accusations ayant valu à M. Padilla d’être qualifié d’« ennemi combattant » en juin 2002.
Jose Padilla, 35 ans, d’origine portoricaine, né à Brooklyn et converti à l’islam, était à l’origine soupçonné d’avoir voulu faire exploser une « bombe sale » aux États-Unis et d’avoir été recruté par le réseau terroriste el-Qaëda en février 2000 en Arabie saoudite. Désormais, il est poursuivi pour son appartenance à une cellule terroriste, active aux États-Unis et au Canada, qui l’aurait recruté pour aller participer au jihad. Ces changements ont provoqué la réaction de la cour d’appel fédérale de Richmond (Virginie) qui a retardé le transfert de M. Padilla d’une prison militaire à une prison civile. Elle a demandé au gouvernement d’expliquer les raisons de ce transfert alors que les faits avancés pour son inculpation sont différents de ceux ayant servi à justifier sa détention militaire.
Dans une autre affaire, le gouvernement américain avait reconnu une erreur judiciaire.
En 2004, deux Marocains, Abdel-Ilah Elmardoudi, 38 ans, et Karim Koubriti, 26 ans, avaient été blanchis des accusations de terrorisme portées contre eux. En juin 2003, les deux Marocains avaient été reconnus coupables de complot terroriste pour des attentats envisagés aux États-Unis, en Turquie et en Jordanie. Trois ans plus tard, le département de la justice reconnaissait que l’accusation avait commis « une série d’erreurs et d’omissions » ayant nui aux accusés.