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La Chine et la Russie appellent à l’objectivité diplomatique et médiatique face au Myanmar
Par Gearóid Ó Colmáin
Mondialisation.ca, 04 octobre 2017
21stcenturywire.com 30 septembre 2017
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La 8060ème Session du Conseil de Sécurité de l’ONU du 28 septembre, relative à la crise au Myanmar – faisant suite aux attaques terroristes de l’Armée du Salut Rohingya d’Arakan (ARSA), le 25 août – ont une fois de plus souligné deux tendances divergentes dans les relations internationales actuelles.

Après plusieurs discours livrés par les Ambassadeurs à l’ONU des USA, du Royaume-Uni et de la France accusant le gouvernement birman des massacres perpétrés par les terroristes de l’ARSA, les Ambassadeurs de Chine et de Russie ont salué Naypyidaw pour sa gestion de la crise sécuritaire dans le pays.

L’Ambassadeur adjoint de la Chine à l’ONU, Wu Haitao, a dit:

La Chine condamne les récentes attaques dans l’État d’Arakan au Myanmar et soutient l’effort du Myanmar dans la stabilisation de sa situation domestique. Nous espérons sincèrement que l’ordre règnera de nouveau dès que possible. Afin qu’aucun tort n’advienne plus à des civils innocents et à la stabilité sociale, l’unité au sein des groupes ethniques et le développement économique du Myanmar seront soutenus. La question de l’État d’Arakan prend ses racines dans un nœud complexe de facteurs historiques, ethniques et religieux.

Le nœud de facteurs complexes auquel l’Ambassadeur adjoint chinois fait allusion a été réduit par la presse cooptée occidentale à des slogans vicieux et vides de sens accusant l’état birman de commettre un « génocide » contre sa minorité musulmane, alors qu’en réalité le contraire est plus proche de la vérité, c’est-à-dire que des groupes terroristes vivant au sein de la majorité musulmane du nord de l’État d’Arakan ont procédé au nettoyage ethnique des Bouddhistes, des Hindous et d’autres minorités ethniques et religieuses. Des Musulmans refusant d’y collaborer ont également été assassinés.

Wu a loué les efforts du gouvernement birman pour résoudre la crise humanitaire provoquée par les terroristes de l’ARSA soutenus par l’Occident:

La Chine a pris note d’une série de mesures adoptées par le gouvernement du Myanmar pour apaiser la situation dans l’État d’Arakan et y conserver la stabilité. Ceci concourt à la quête d’une issue durable à cette affaire.

Dans une claire référence à ce que la Conseillère d’État Daw Aung San Suu Kyi a appelé un « iceberg de désinformation« , Wu a succinctement critiqué la guerre médiatique agressive menée par la « communauté internationale » (les USA et leurs états vassaux) contre le Myanmar:

Il revient à la communauté internationale de considérer les difficultés et les défis confrontant le gouvernement du Myanmar avec une approche objective, en faisant preuve de patience tout en fournissant un soutien et de l’aide.

Depuis les violences communes de 2012, une guerre de basse intensité a été menée par des terroristes islamistes contre le gouvernement du Myanmar. Les terroristes ont reçu un financement et un entraînement de la part de l’Arabie Saoudite et du Pakistan, et ont des liens avec les services secrets britanniques, français et étasuniens ainsi qu’avec des ONGs. L’objectif stratégique de cette déstabilisation appuyée par les USA est de tailler une enclave musulmane hors du nord de l’État d’Arakan, rompant ainsi l’Union du Myanmar.

Le mythe des « Rohingyas »

Depuis 2012 le terme « rohingya » s’est fait connaître d’une audience internationale. Les annales historiques de Birmanie démontrent qu’une telle ethnie n’a jamais existé. « Rohingya » est un terme bengali définissant une personne vivant dans l’État d’Arakan. À travers divers groupes de pression grassement financés tels que l’Arakan Rohingya Union, the Rohingya Council of Europe, la Rohingya Solidarity Organisation et beaucoup d’autres, l’attention médiatique sur la prétendue « tragédie des Rohingyas » s’est accrue, c’est-à-dire concernant la communauté bengalie du nord de l’État d’Arakan.

Bien que l’Islam ait été présent en Arakan pendant au moins 500 ans et peut-être depuis beaucoup plus longtemps, au moins 500 000 des résidents du nord de l’État d’Arakan sont des réfugiés bengalis ou leurs descendants qui avaient fui la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971.

D’autres sont des descendants de travailleurs chittagoniens importés par le régime colonial britannique au milieu du dix-neuvième siècle, tandis que nombre d’autres encore sont des immigrants illégaux de fraîche date qui traversent la frontière très poreuse avec le Bangladesh. Dans son document intitulé « Géopolitique des Puissances et les Problèmes Bengalis en Birmanie », l’historien Khin Maung Saw écrit:

En 1975 l’Ambassadeur du Bangladesh en Birmanie, K.N. Kaiser, reconnut devant l’Ambassadeur britannique de l’époque en Birmanie, M. T.J. O’Brien ,qu’il subsistait encore autour de cinq cent mille immigrants illégaux bangladais à l’intérieur de la Birmanie. Ce rapport peut être consulté aux British Archives, à Londres.

Le Myanmar a développé un processus de vérification apte à déterminer qui peut être éligible à la citoyenneté selon les lois du pays, mais de nombreux chefs de la communauté bengalie d’Arakan refusent de coopérer avec les autorités. Il y a certains analystes qui cherchent à minimiser le rôle du terrorisme djihadiste dans l’État d’Arakan. Ils reconnaissent que les USA s’efforcent de balkaniser le pays mais essayent de détourner l’attention des crimes horribles commis par l’ARSA et d’autres groupes en affirmant que le gouvernement du Myanmar est aussi la marionnette des USA, et qu’en fait ils persécutent donc bel et bien les « Rohingyas ». Ils plaident en outre que les Rohingyas sont effectivement une ethnie distincte, au mépris de toute la littérature académique et diplomatique qui atteste de la fausseté d’une telle affirmation.

Ces analystes simplifient à outrance et ad absurdum, tout en camouflant les forces réellement en jeu dans ce qui commence à ressembler à un scénario yougoslave en Asie. De nombreuses agences financées par la National Endowment for Democracy US, comme la Karen Women’s Organisation, ont exprimé leur opposition à Aung San Suu Kyi. Suggérer que ces agences US soutiennent Aung San Suu Kyi est, par conséquent, évidemment inepte. Aung San Suu Kyi a critiqué le gouvernement US pour son usage du terme « rohingya »; pourtant les médias et les ONGs financés par l’état US continuent de défier les requêtes de la Conseillère d’État.

Surpopulation

La surpopulation du Bangladesh suscite un exode massif de main d’œuvre à bas prix qui alimente les économies d’Asie Orientale en expansion.

L’explosion démographique du Bangladesh a également mené à ce que des réseaux de trafiquants d’êtres humains, qui travaillent souvent par le biais d’agences de l’ONU, importent clandestinement des migrants en Europe en tant que « réfugiés fuyant un génocide ». Des vidéos ont émergé sur Internet montrant des activistes bengalis entraînant d’autres Bengalis à prétendre qu’ils sont « rohingya » afin d’obtenir le statut de réfugié en Europe; c’est devenu une industrie qui se chiffre en milliards de dollars.

Beaucoup de personnes dans les camps de réfugiés au Bangladesh sont des femmes avec des enfants qui attendent que leurs époux leur envoient de l’argent, une fois qu’ils auront atteint l’Europe. L’argent donné aux réfugiés en Allemagne provient des contribuables allemands car le gouvernement allemand finance certaines des entreprises de logistique impliquées dans cette migration de masse, telle que ORS Systems Europe.

Une personne du nord de l’État d’Arakan et travaillant dans le domaine de la santé a expliqué à cet auteur le racket des réfugiés au téléphone:

Je viens d’appeler mon ami de Buthdiaung et lui ai demandé pourquoi les gens s’enfuient vers le Bangladesh. Il m’a dit que des gens au Bangladesh ont dit aux Musulmans qui vivent au Myanmar de venir au Bangladesh, parce qu’ils y recevront des opportunités et des bénéfices de la part de l’ONU. Et donc des Musulmans fuient tous les jours vers le Bangladesh! Ils vendent leurs biens et fuient vers le Bangladesh! La plupart d’entre eux sont pauvres parce qu’ils ont plusieurs épouses et beaucoup d’enfants, et ils ne parviennent pas à nourrir leurs familles!  Ils veulent donc accroître la population musulmane et se saisir de la terre. Ils l’ont projeté et le font sciemment!

Le gouvernement birman essaye de résoudre la crise en accord avec la Loi de Citoyenneté de 1982, et avec le Protocole d’Accord de 1993 avec le Bangladesh.

L’endiguement US de la Chine

Comme élément de la stratégie de « Pivot vers l’Asie » de Washington, le Pentagone cherche à établir des bases militaires le long de tout le littoral de l’Asie du Sud-Est. De nombreuses parties des zones côtières d’Asie du Sud sont très densément peuplées de Musulmans. La militarisation étasunienne de ces régions servirait à contenir la puissance économique et militaire croissante de la Chine.

La Chine est devenue le principal partenaire commercial du Myanmar. Le Myanmar est d’un intérêt stratégique essentiel pour l’initiative « Une Ceinture, Une Route » de la Chine. Les pipe-lines chinois et la construction du port en eaux profondes de Kyaukphyu dans l’État d’Arakan ont amené d’énormes bénéfices à la population locale, qui ont désormais l’électricité 24h/24 pour la première fois. L’accès chinois au Golfe du Bengale est essentiel au développement des provinces occidentales et intérieures du pays. La crise des Rohingyas est un élément de la guerre psychologique US pour briser l’Union du Myanmar et entraver la croissante puissance économique et militaire chinoise en Eurasie.

Les terroristes qui brûlent les villages, pas les militaires

L’Ambassadeur de la Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, a commencé son discours en rappelant aux délégués que l’origine des violences provient des attaques terroristes de l’ARSA. Il a également souligné que des Musulmans, des Bouddhistes et des Hindous fuyaient les violences et pas seulement des Musulmans, comme l’affirment les médias occidentaux.

Ces jours derniers, nous avons reçu l’illustration du fait que l’ARSA est responsable du massacre de civils. Des caches de bombes artisanales ont également été découvertes. Des informations émergent selon quoi les extrémistes ont forcé des membres de la communauté hindoue dans des villages frontaliers à fuir leurs maisons et migrer vers le Bangladesh voisin avec les Musulmans. En outre, des informations nous parviennent selon quoi des terroristes ont incendié des villages entiers, ces preuves ayant été confisquées aux combattants.

Des photographies ont été confisquées aux terroristes qui étaient certainement destinées à servir de rapports à la direction de l’ARSA et à ses sponsors étrangers. Cette information est confirmée par la déclaration antérieure de Naypyidaw, lorsqu’ils ont dit que les instigateurs de l’éruption de violence dans l’État d’Arakan avaient pour objectif d’augmenter l’échelle du désastre humanitaire au maximum et d’en transférer la responsabilité au gouvernement.

La Russie a appelé le Myanmar et le Bangladesh à négocier sur les bases du Protocole d’Accord de 1993 signé par les deux pays. Moscou a aussi appelé les puissances occidentales à cesser leur attitude agressive envers le gouvernement birman.

Nous appelons toutes les parties concernées et les acteurs extérieurs à faire preuve de retenue et d’objectivité dans leur évaluation de la situation. Nous avons besoin de faire très attention quand nous nous servons de termes comme « génocide », et « nettoyage ethnique ».

Nebenzia termina son discours en exposant les mensonges des délégués occidentaux qui affirmaient que Naypyidaw refusait de coopérer avec l’ONU:

Nous accueillons avec bienveillance le fait que Naypyidaw ne refuse pas d’interagir avec l’ONU. Le Conseiller à la Sécurité Nationale, qui était à New York la semaine dernière pour une réunion de haut niveau, a convié le Secrétaire-Général et son Sous-Secrétaire-Général M. Feltman à visiter le pays pour y concourir au processus de réconciliation nationale.

La Russie a prévenu des dangers de la diffusion du terrorisme islamiste à travers l’Asie du Sud-Est. Selon la journaliste syrienne Afraa Dagher, la « Rohingya Free Army » est formée en Syrie pour être redéployée au Myanmar.

Les idiots qui ont crié et pesté à propos du « génocide des Rohingyas » ont sans le savoir préparé le terrain pour le génocide d’une nation entière qui refuse de se soumettre au Nouvel Ordre Mondial.

Gearóid Ó Colmáin, le 30 septembre 2017

 

Article original en anglais : China and Russia Urge Diplomatic and Media Objectivity in Myanmar, le 30 septembre 2017.

Traduit par Lawrence Desforges, Global Relay Network

Photo : Bateau Rohingya. (Photo: Twitter)

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