La Chine investit au Congo, le FMI menace

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La République démocratique du Congo (RDC) a signé la semaine passée des accords de coopération avec la Chine, qui suscitent des menaces de la part de l’Occident. Solidaire reproduit ci-dessous les réactions du journal congolais L’Avenir.


Grâce aux investissements chinois, le Congo peut espérer développer ses routes et ses infrastructures.

Le projet consiste à construire des autoroutes, des voies ferrées et d’autres réalisations. Il n’a pas fallu longtemps pour voir le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) se mettre à blâmer les responsables de la RDC, le président de la République en tête, pour leur témérité.

Le ministre des Finances du Congo-Kinshasa, M. Athanase Matenda, passe des nuits blanches. La cause : la délégation du FMI a mis la pression sur lui afin de se faire remettre une copie des accords de coopération économique signés entre le Congo et la Chine. Ces menaces ont été faites alors que la coopération avec le FMI et la Banque Mondiale tarde toujours à venir, un an après la fin des élections.

Cette attitude est inadmissible. La stupéfaction qui s’est emparée du gouvernement congolais est à la mesure de l’étrangeté de la demande du FMI. La RDC n’a pas rompu ses accords de partenariat avec le FMI et la Banque Mondiale, et les termes de cette coopération restent inchangés. Le peuple congolais est appelé à soutenir à fond le gouvernement pour se faire respecter aux yeux du monde. Après tout, il est le seul propriétaire de son sous-sol.

Ces pressions injustifiées après plusieurs promesses non tenues, montrent clairement la volonté des « partenaires traditionnels » de la RDC de ne pas la voir accéder au rang des nations prospères au regard des richesses qui sont les siennes. Cette fois les responsables politiques congolais ont décidé de faire un choix de développement qui ne rentre pas dans les schémas qu’on leur dicte habituellement.

La population appelée à résister

Le front des Congolais est resté longtemps courbé sous le joug des gouvernements occidentaux et des multinationales. Aujourd’hui l’heure est venue de bousculer les traditions et de tenir bon devant le FMI et la Banque Mondiale. Ces institutions sont avec nous depuis des générations, mais notre pays n’a pas vu le bout du tunnel. Au contraire, le Congo n’a fait que creuser le fossé des inégalités sociales. La très forte pression que les Occidentaux mettent aujourd’hui sur les dirigeants de la RDC, n’est « justifiée » que par l’égoïsme et la mauvaise foi.

On sait que notre pays est redevable à la Banque mondiale et au FMI. Même si cette dette qui accable la RDC est une dette odieuse par le fait que les Congolais n’en ont pas bénéficié, le gouvernement est décidé à l’honorer. D’où vient cette agitation du FMI et de la BM ? Les accords signés avec Pékin ne dérangent nullement la structure de la dette. Ils sont le fruit d’un préfinancement accordé par le gouvernement chinois en faveur de la RDC. Ce préfinancement a comme garantie des ressources de la République démocratique du Congo.

La RDC est encore en mesure d’attirer un grand nombre d’investisseurs de tous les pays du monde. Les richesses énormes du sous-sol congolais ne sont pas du tout épuisées. Après avoir suivi aveuglement le schéma des ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque Mondiale, le Congo vient de comprendre que la base de son vrai développement réside dans la diversification de sa coopération avec d’autres nations et continents dans un partenariat gagnant–gagnant. On  ne peut pas rester « potentiellement » riche pendant que la population continue de croupir dans la misère quarante-sept ans après l’indépendance. La RDC a-t-elle été vendue à la communauté internationale pour que son peuple ne puisse jamais jouir de ses richesses ?

Des accords gagnant-gagnant

Les accords conclus entre la République démocratique du Congo et la Chine sont d’une forme nouvelle par rapport au passé : un exemple de coopération.

La République démocratique du Congo est un pays envié, qui a déjà perdu beaucoup de temps, mais aussi beaucoup d’hommes qui ont essayé de relever le défi du développement du pays en dehors des sentiers bâtis par la haute finance internationale. Ces Congolais ont eu le tort d’avoir raison trop tôt. A chaque fois c’était remis en question. Cette fois le gouvernement doit persévérer dans la voie qu’il a choisie. Mieux, le peuple congolais doit soutenir à fond les options du gouvernement. Ces options sont: la continuité de nos relations avec la communauté financière internationale, via le FMI et la Banque Mondiale, le paiement de la dette.

D’autre part, la RDC est appelée à renforcer sa coopération avec les pays asiatiques dont l’expérience, ainsi que les moyens financiers et techniques, ont mis plusieurs pays africains sur le chantier du développement et de la reconstruction pour le bonheur de leurs peuples. C’est en foi de ces réalités que le gouvernement congolais s’est décidé à ne rien céder de ses prérogatives. La pression ne passera pas.

On n’obligera jamais le Congo démocratique à renoncer aux accords signés avec la Chine, pour la bonne raison que ces accords sont le gage du développement économique tel qu’on l’a toujours voulu pour notre peuple.

Ce qu’il faut apprécier dans les accords signés entre Kinshasa et Pékin, c’est qu’ils sont dénués d’arrières pensées d’exploitation. Ils forment une coopération gagnant-gagnant. Les entreprises congolaises tireront des avantages énormes de ces accords, car toute la sous-traitance se fera à travers elles. La République Populaire de Chine promet un transfert de technologie qui sera bénéfique pour la formation de la main-d’oeuvre et du personnel d’appoint cent-pour-cent congolais. Le tout se fera dans un respect strict des normes environnementales des sites d’exploitation. Les populations riveraines des sites où vont être construites des usines d’extraction de minerais profiteront des infrastructures. Et beaucoup de chômeurs vont trouver de l’emploi.

Il est évident que les ennemis du peuple congolais ne veulent pas le voir goûter au fruit défendu de la prospérité économique. Le développement de la RDC dépend de ce partenariat égalitaire avec Pékin, mais nos amis occidentaux n’ont rien à craindre de ces accords. Les conditions de coopération avec l’Occident ne sont pas remises en question. Le Congolais ne sera jamais ingrat vis-à-vis de la communauté internationale qui l’a soutenu dans sa longue quête de la Démocratie.

Editorial de L’Avenir (Kinshasa | 22/09/07 – Légèrement abrégé)

 



Articles Par : L'Avenir

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