La COP 29: Dernier espoir avant le chaos climatique?

« Nous n’allons pas attendre que le pétrole nous tombe du ciel, parce que nous avons découvert, heureusement, quelque chose de plus important – les économies d’énergie, ce qui revient à découvrir un grand gisement de pétrole. »
Président Fidel Castro (mois de mai 2006)
La 29e conférence annuelle de l’ONU sur le climat se tient à Bakou , du 11 au 22 novembre 2024. Cette COP 29 est présentée comme la « COP des finances » car les pays doivent désormais fixer un nouvel objectif mondial en matière de financement de la lutte contre le changement climatique. L’occasion de s’interroger sur le cours de ces négociations internationales : les COP se suivent depuis la fin des années 1990, mais que produisent-elles ? Sont elles caractérisées par l’impuissance ?
Signe des temps les chefs d’Etat ne se déplacent plus pour les COP ;On se souvient que la COP21 véritable kermesse à Paris où la plupart des chefs d’Etat sont venus cautionnés l’accord de Paris qui s’avère être un canular. Non seulement les émissions n’ont pas baissé mais elles ont augmenté de 10 milliards de tonnes de CO2 Une inquiétude de plus l’administration Trump promet 4 milliards de tonnes de CO2 en 203 Le moins que l’on puisse écrire est que les changements climatiques sont installés dans le quotidien des pays. Il n’y a pas de pays qui n’a pas subi à des degrés divers les convulsons climatiques . Les dernières inondations en Espagne ont été catastrophiques avec plus de 200 morts ;
Pour l’AIE les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions d’ici 2030 et devant investir chaque année jusqu’à 4000 milliards de dollars /an au cours de la prochaine décennie. La priorité est de diriger la majorité de ces investissements vers les économies en voie développement, et vers de nouveaux investissements : Pour l’expert Abderrahmane Mebtoul dans une contribution du 10 novembre, 2024 Financial Afriqk :
« Le sommet de Bakou débattra des solutions au changement climatique autour .comment faire évoluer le modèle des banques multilatérales de développement pour répondre aux défis du XXIe siècle avec un besoin prévu de 1000 milliards de dollars ; mettre en place d’autres instruments et des financements innovants face aux nouveaux enjeux de vulnérabilité ; on ne peut ignorer le lien évident entre l’agriculture et la sécurité alimentaire lorsqu’on évoque le changement climatique. Il s’agira d’accélérer la coopération internationale et la transition énergétique (l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert). Il devient impératif pour les pays développés et pour l’intérêt de l’humanité qu’à une vision strictement marchande se substitue un co-développement pour une richesse partagée. » (1)
Les effets des changements climatiques
Nous sommes tous saturés par les informations des inondations comme Valence en Espagne ou celle la Floride. A un degré moindre les médias parlent peut des dégâts dabs les pays du Sud où les victimes se comptent par centaines et les dégâts sont considérables. Le réchauffement climatique a plusieurs effets négatifs qui menacent la sécurité mondiale. Si on y ajoute les incendies et le stress hydrique nous avons une idée des impacts futurs qui seront de plus ne plus considérables lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau, s’écoulant alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer, les nappes d’eau souterraines ne pouvant se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes: Enfin, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles où selon le rapport du Giec, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique »
D’une manière générale, le monde est appelé à changer de modèle de consommation pour aller vers une économie de l’énergie fossile classique et des biens consommables et surtout de l’eau qui sera un enjeu stratégique au XXIème siècle. C’est que nous assistons en ce début du XXIème siècle, à des disparités de niveau de vie criantes qui font de notre planète un monde cruel et dangereusement déséquilibré. La lutte contre le réchauffement climatique engage la sécurité du monde où les rapports de l’ONU prévoient une sécheresse sans pareille entre 2025/2030 avec une pénurie d’eau douce et donc une crise alimentaire. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone » (1).
On sait que les pays européens et les Etats Unis se sont engagés à la neutralité carbone en 2050 Pékin s’est engagé à contenir les émissions de dioxyde de carbone à un pic d’ici à la fin de la décennie et à les amener à zéro net d’ici à 2060.la Chine a adopté, vendredi 8 novembre, une nouvelle loi sur l’énergie dans l’optique de « promouvoir (…) la neutralité carbone », ont rapporté les médias d’État La Chine est le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre du fait de sa population ramené à habitant elle émet 3 fois moins que les Etats Unis. Mais elle est également un leader mondial en matière d’énergie propre, construisant près de deux fois plus de capacité éolienne et solaire que tous les autres pays réunis .Le pays s’est engagé à contenir les émissions de dioxyde de carbone à un pic d’ici à la fin de la décennie et à les amener à zéro net d’ici à 2060 » (2)..
Quelques anomalies de ceux qui gouvernent le monde !
Une étude montre l’explosion de l’empreinte carbone de l’aviation d’affaires.
8 500 jets d’affaires doivent être mis en circulation d’ici à 2033, alors que la flotte actuelle est de 26 000 appareils dans le monde. Les émissions carbone des jets privés dans le monde, pointant une nette augmentation qui devrait s’accentuer dans les années à venir Les jets privés ont émis 15,6 millions de tonnes de CO2 d’émissions directes en 2023, pour un total estimé entre 892 et 936 millions de tonnes pour l’aviation commerciale. « Les inégalités carbone tuent », le dernier rapport de l’ONG britannique pointe du doigt le poids des ultra-riches dans les émissions de gaz à effet de serre La majeure partie du trafic aérien privé a lieu aux États-Unis, où 68,7 % des jets privés sont immatriculés » (3)
En 2024, la température moyenne du globe sera « quasi certainement » supérieure à la barre des « 1,5 °C » de réchauffement fixée par l’accord de Paris, d’après Copernicus.2024 sera quasi certainement l’année la plus chaude jamais enregistrée Non seulement 2024 sera quasi certainement l’année la plus chaude jamais enregistrée, mais elle aussi la première avec une hausse de la température moyenne du globe d’1,5°C au-dessus de la période pré-industrielle, selon les données du service européen Copernicus, publiées jeudi 7 novembre. Les politiques actuelles entraîneraient ainsi un réchauffement « catastrophique » de 3,1 °C au cours du siècle, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE » (4)
A quoi servent les COP ? Une brève histoire de la négociation climatique
Christian de Perthuis professeur d’économie décrit succinctement les COP depuis Kyoto ; leurs travaux et les faibles résultats aux quels elle parviennent du fait que les engagements des pays ne sont pas contraignants. , »Du sommet de Rio en 1992 à la COP29, un retour historique permet de mieux saisir les enjeux de la négociation climatique. Les avancées obtenues grâce aux COP sont loin d’avoir répondu aux urgences de l’action climatique. Mais où en serions-nous dans un monde sans COP ? Chaque année, la COP (ou Conférence des Parties) sur le climat réunit pendant deux semaines des délégués venus du monde entier. Les représentants des États y négocient des accords climatiques, comme le protocole de Kyoto (1997) ou l’accord de Paris (2015). De multiples évènements parallèles réunissent experts, représentants de la société civile et acteurs du monde économique. À l’extérieur de l’enceinte officielle, les militants battent le pavé, avec leurs pancartes dénonçant l’inertie des dirigeants face à l’urgence climatique. Le premier rapport d’évaluation du GIEC paraît en 1990. Il présente les premiers scénarios climatiques qui anticipent, si rien n’est fait pour contrôler des émissions de gaz à effet de serre (GES), un réchauffement global de 4 à 5 °C à l’horizon 2100 » (5)
Les pollueurs doivent payer : comment la COP29 peut faire de ce principe une réalité
Tant que les accords ne sont pas contraignants pour les Etats, c’est la liberté du renard dans le poulailler pour les compagnies pétrolières ; « Le principe du « pollueur-payeur » est au cœur des débats sur le climat depuis des années. Il stipule que le pollueur doit supporter les coûts de la gestion de sa pollution, afin d’éviter tout dommage à la santé humaine et à l’environnement. Bien que ce principe soit largement accepté en théorie, il n’est pas mis en pratique de manière cohérente ni appliqué La COP29 devra faire preuve de davantage de volonté politique et d’engagement pour parvenir aux réductions drastiques des émissions nécessaires pour limiter le réchauffement climatique. Les enjeux n’ont jamais été aussi élevés. Le monde se réchauffe rapidement. Le 17 novembre 2023, la température mondiale a dépassé 2°C au-dessus des niveaux préindustriels pour la première fois dans l’histoire moderne. Si l’on ne parvient pas à mettre un terme à toutes les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, le continent africain pourrait perdre 50 milliards de dollars par an . On estime également que cette situation pourrait causer environ 250 000 décès par an dans le monde entre 2030 et 2050. L’Afrique serait gravement touchée’ » (6).
Mettre fin aux subventions aux énergies fossiles
Quelle serait la solution ! La responsabilité climatique consiste à s’assurer que les pollueurs les plus importants soient tenus responsables de leurs actes. Les 20 plus grandes entreprises du secteur des combustibles fossiles sont responsables de 35 % des émissions mondiales depuis 1965. À l’échelle mondiale, les subventions aux combustibles fossiles se sont élevées à 7 000 milliards de dollars en 2022, contre 4 500 milliards de dollars en 2015. Ces subventions ont encouragé l’industrie des combustibles fossiles à continuer d’émettre des gaz à effet de serre et devraient être supprimées. Voila le miracle de l’accord de Paris que m’on cite comme référence La COP29 offre une nouvelle occasion, peut-être la dernière, de demander aux entreprises et aux pays de rendre compte de leurs émissions. Il s’agit d’une étape cruciale vers la justice climatique et la réduction de la hausse des températures. La COP29 doit introduire des sanctions applicables aux grands pollueurs qui ne respectent pas leurs objectifs d’émissions
La tarification du carbone permet de calculer le coût public des inondations ou des sécheresses causées par les dommages causés par le changement climatique. La COP29 doit l’élargir pour refléter les véritables coûts environnementaux et sociaux des émissions de carbone afin que les pollueurs paient pour ces dommages. Les entreprises du secteur des combustibles fossiles, qui n’ont pas été réglementées pendant de nombreuses années, devraient être tenues responsables de leurs émissions passées . La COP29 pourrait créer un mécanisme pour contraindre ces entreprises à contribuer à un fonds mondial officiel de « réparation climatique »
Que doit faire l’Algérie pourréussir la transition énergétique en diminuantses émissions ?
L’Algérie devrait confirmer sa volonté de mettre en place la transition énergétique d’ici 2030 . L’Algérie pollue pour environ 200 millions de tonnes de CO2 par an ? Elle devra, conformément à ses engagements internationaux accélérer la transition énergétique va fortement réduire sa consommation d’énergies fossiles d’ici 2030, avec en ligne de mire la diminution de 50 % de ses émissions brutes de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
L’Algérie devrait avoir un objectif d’au moins 100.000 voitures électriques d’ici 2030 de et au moins 5 % de véhicules électriques dans le parc roulant du pays d’ici la fin de la décennie, Cee qui lui permettrait de réduire la pollution d’une façon importante A terme le parc de 10 millions de logements une fois rénové d’ici dix ans permettrait une économie de 5 millions de tonnes de pétrole
Outre l’application de normes concernant les économies d’énergie, Le secteur du bâtiment pourrait concerné la rénovation de « 100 000 maisons individuelles et 200 000 logements collectifs chaque année en moyenne d’ici 2030 ». ? Cela créerait de l’emploi pour les milliers de diplômés de l’université mais permettrait en gros si on admet que les économies d’énergie seraient de 30 pour cent. C’est un bas mot 0,5 tonne de pétrole par appartement
La mise en œuvre de la transition énergétique « nécessite une progression forte de l’électrification , des transports par la mise en place progressive de la locomotion électrique notamment dans le Sud en créant le réseau ferré qui permettra aux régions du Sud de participer u développement. Imaginons un train électrique Alger Tamanrasset c’est 12h à 160km à l’heure , pour 2000 km et uniquement En comparant un train électrique, qui consomme 3 kWh pour 100 places-km et un train qui consomme du , Diesel, 9 kWh pour 100 places- km C’est 3 fois moins d’énergie et de plus l’utilisation de l’électricité qui sera à terme renouvelable en connectant les deux réseaux Nord et Sud c(est des dizaines de milliers de tonnes de Diesel qui seraient épargnés ? De plus la réduction des émissions du CO2 nous permettra de contribuer à réduire nos émissions et respecter nos engagements climatiques pour lesquels nous ne faisons pas suffisamment d’effort pour réduire les émissions de GES des bâtiments
Pour réaliser cette ambition, l’Algérie devra sans tarder accélérer le Plan Solaire en mettant en chantier au moins 2000MW par an. Elle devra consommer plus d’électricité notamment pour produire l’hydrogène vert et produire 1 millions de tonnes d’ci 2030 et satisfaire ainsi 10% de la demande européenne à cette date
Conclusion
Les engagements actuels des pays mènent à seulement 2,6% de baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2019, au lieu des 43% préconisés. à Bakou, l’ONU a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme : les engagements actuels des pays ne sont pas sur la bonne voie pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, un objectif essentiel pour éviter les pires impacts des changements climatiques. Le dernier rapport de l’ONU Climat indique que les plans d’action climatique actuels mèneraient à une réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de seulement 2,6 % d’ici 2030 par rapport à 2019, loin du seuil de 43 % recommandé par le GIEC pour limiter le réchauffement.. Dernier scoop ! la nomination d’un pétrolier à la tête du ministère de l’énergie aux Etats Unis n’augure rien de bon. D’autant que ce patron d’entreprise du « fossile » est climatosceptique
Le dialogue des civilisations et la tolérance sont des éléments plus que jamais nécessaires à la cohabitation entre les peuples et les nations : A bien des égards, la COP29 représente le dernier espoir avant le chaos climatique qui sera ingérable. J’avais attirer l’attention du monde à la conférence de la COP 27 en 2022 à Charm Cheikh où j’avais proposé a la mise en place d’un Conseil de Sécurité de l’Energie au Niveau des Nations Unies et qui seraient géré par une autorité morale qui a pour ambition de sauver l’humanité
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique 1925-2025
Notes :
1. Abderrahmane Mebtoul La COP 29 à Bakou Financial Afrik 10 novembre, 2024
2. https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/la-chine-adopte-une-loi-sur-l-energie-pour-promouvoir-la-neutralite-carbone_6887855.html 09/11/2024 18:50Mis à jour le 09/11/2024 18:55
3.Jérémy Jeantet https://www.sudouest.fr/economie/aeronautique/jets-prives-emissions-de-co2-nombre-de-vols-zones-geographiques-l-aviation-d-affaires-en-chiffres-22078225.php 08/11/2024
6.https://theconversation.com/polluters-must-pay-how-cop29-can-make-this-a-reality-240713 27 octobre 2024