La couleur étoilée de Barack Obama

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En attendant d’être (peut-être) le premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama a déjà réalisé un exploit qui restera dans les livres d’histoire: être le premier candidat noir qui aura réussi à surmonter le préjugé racial et à franchir victorieusement l’obstacle des primaires. Ce n’est pas rien, et les Américains peuvent être fiers du résultat, qui rapproche un peu plus les Etats-Unis du « rêve » de Martin Luther King. Obama a un profil inattendu pour incarner ce moment particulier: il n’est pas un descendant d’esclave, il n’est pas non plus ancien militant des « droits civiques ». C’est un fils d’immigré, son père était Kenyan. Mais dans une société encore marquée par les tensions raciales, le symbole, formidable, est là.

Le piège des Clinton

Le candidat a réussi à éviter le piège dans lequel les Clinton ont tenté de l’entraîner. Ils s’agissait, pour eux, de le coincer dans une case « candidat des noirs », où se recroquevillaient, lors de précédents scrutins, Jesse Jackson ou Al Sharpton. Ses adversaires ont multiplié les manoeuvres pour y parvenir, non sans efficacité. Mais Obama a contre-attaqué « par le haut », par un grand discours prononcé à Philadelphie. Il a réussi à se vendre comme le candidat qui transcendait les questions raciales, sans les ignorer, mais sans en être prisonnier.

Barack Obama ne doit sa victoire qu’à lui-même: qu’à son énergie, à son projet, à son habileté. Mais il peut aussi remercier George W.Bush. Côté pile: ce dernier, en nommant Colin Powell puis Condi Rice au poste de Secrétaire d’Etat, a banalisé l’idée selon laquelle le pouvoir n’est pas forcément un monopole pour les blancs.

Côté face: par sa politique désastreuse, Bush a inspiré aux Américains une soif de changement gigantesque; plus de 80% des Américains jugent que le pays va dans la mauvaise direction! Pour tourner la page tragique de l’Irak, pour effacer le cauchemar de Katrina (et tout ce qu’il symbolise sur les questions de race et de classe aux Etats-Unis), les électeurs démocrates ont poussé un candidat incarnant la rupture: par son âge, par son charisme, mais aussi par sa couleur de peau. Le candidat n’en est évidemment pas dupe, et même s’il se déclare « au dessus » des questions raciales, il sait très bien mettre en avant cette couleur. Ce qu’il propose aux Américains, après ces éprouvantes années Bush, c’est une grande réconciliation, voire une grande rédemption.



Articles Par : Pascal Riché

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