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La crainte de la grippe aviaire profite aux laboratoires
Par Vincent Collen
Mondialisation.ca, 20 septembre 2005
transnationale.org 20 septembre 2005
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La grippe aviaire ne deviendra peut-être jamais une pandémie menaçant des dizaines de millions de personnes. Mais cela n’empêche pas les pouvoirs publics de se préparer à cette éventualité inquiétante… et à certains laboratoires pharmaceutiques d’en profiter. Le suisse Roche commercialise le Tamiflu, un traitement contre la grippe hivernale classique. Or, le Tamiflu semble aussi être efficace contre une éventuelle épidémie de grippe aviaire. Du coup, les commandes explosent. L’hiver dernier, le gouvernement britannique a commandé 15 millions de traitements, soit 384 millions de dollars sur deux ans. La France en a stocké plus de 13 millions, pour un prix non dévoilé. Roche négocie avec les autorités américaines pour une commande de 1 milliard de dollars, selon le « Financial Times ». 

Les ventes de Tamiflu aux Etats-Unis et en Europe pourraient atteindre au maximum 3,9 milliards de dollars sur deux ans, estime Morgan Stanley, qui précise que la réalité sera sans doute inférieure. 

Même si ces grosses commandes se font à des prix réduits, selon Crédit Suisse, elles devraient se traduire par 350 millions de francs suisses de bénéfices supplémentaires pour Roche cette année (225 millions d’euros). Jusqu’à présent, le Tamiflu était un petit médicament à l’échelle de Roche, avec un chiffre d’affaires légèrement supérieur à 200 millions d’euros par an. Ses ventes devraient être multipliées par trois cette année. Mais elles amorceraient leur déclin dès 2006 ou 2007, prévoient les analystes, et n’atteindraient jamais le statut des « blockbusters ».

Dans le domaine des vaccins, l’opportunité pour les laboratoires reste très floue, car on ne connaît pas encore le virus qui provoquerait une pandémie chez l’homme. Pour se préparer, les scientifiques peuvent seulement travailler sur le virus H5 N1, celui qui circule actuellement en Asie. Sanofi-Aventis apparaît le mieux préparé aujourd’hui. Il a signé un contrat de 100 millions de dollars pour fournir des vaccins prototypiques aux Etats-Unis (« Les Echos » du 16 septembre). « C’est un peu comme un essai à blanc, explique Agnès Hoffenbach, directeur de R&D chez Sanofi. Cela nous permet de nous préparer avant que la pandémie ne se déclare ».

  

Hormis cette commande, qui représente une goutte d’eau dans le chiffre d’affaires de plus de 25 milliards enregistré par Sanofi, les revenus du futur vaccin contre la grippe aviaire sont impossibles à chiffrer pour le moment. En attendant, Sanofi continue à commercialiser ses vaccins contre la grippe hivernale classique, comme le Tetagrip. Ils lui rapportent plus de 500 millions d’euros par an (voir graphique). 

 

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