La crise ukrainienne fera réélire Macron

Ce qui se passe en Ukraine a de très graves implications géopolitiques. Cela pourrait nous conduire à un scénario de troisième guerre mondiale.
Il est important qu’un processus de paix soit engagé afin d’éviter une escalade.
Mondialisation.ca n’est pas en faveur de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un accord de paix bilatéral est nécessaire.
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Les tentatives d’Emmanuel Macron de devenir médiateur entre Kiev et Moscou ont uni les électeurs autour de lui.
Le président sortant Emmanuel Macron sera très certainement réélu pour un second mandat. Il a annoncé sa candidature à un mois de la présidentielle, en pleine crise ukrainienne. Avant cela, il s’est essayé au rôle de médiateur entre Moscou et Kiev et continue de téléphoner activement aux deux parties à ce jour. Cette diplomatie de la navette a renforcé les positions d’Emmanuel Macron, les sondages lui promettent un passage assuré au second tour.
Le 3 mars, le dirigeant français, fondateur du parti La République En Marche, a annoncé la déclaration de sa candidature pour un second mandat. Il a articulé son intention dans une lettre publiée sur Twitter et plusieurs médias régionaux.
Emmanuel Macron y a fait le bilan de son premier mandat. Reconnaissant que « nous n’avons pas tout réussi », il a souligné qu’il était des « choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment ». « Les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi », indique sa lettre.
Sans mentionner les circonstances, à la fin de sa lettre Emmanuel Macron a reconnu qu’il ne pourrait pas mener campagne comme il l’aurait souhaité en raison du contexte. « Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne. Avec vous. Pour vous. Pour nous tous », a-t-il conclu.
En effet, c’est comme si Emmanuel Macron n’avait pas eu de campagne électorale. Et il a annoncé sa candidature au dernier moment, à un jour du délai limite de dépôt de candidature, à 37 jours du premier tour (prévu pour le 10 avril, et le second le 24 avril).
Le contexte évoqué par le président se résume avant tout à la crise entre Moscou et Kiev passée en phase chaude le 24 février avec le début de l’opération spéciale russe en Ukraine. Emmanuel Macron a assumé le rôle de pacificateur et de médiateur entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Ajouter à cela le fait que la France préside l’UE de janvier à juin 2022.
Selon le Kremlin, depuis fin janvier 2022, les dirigeants russe et français se sont entretenus onze fois (une fois en personne à Moscou; quatre appels téléphoniques depuis le 24 février). Au cours de la même période, selon le site de l’Élysée, Emmanuel Macron a parlé à Volodymyr Zelensky au moins sept fois, dont une personnellement à Kiev. Le dernier contact entre les deux présidents date du 6 mars.
L’objectif principal de la diplomatie de la navette consiste à mettre un terme à l’effusion de sang. En l’occurrence, les électeurs seront du côté d’Emmanuel Macron, ils comprennent que l’essentiel aujourd’hui, c’est de mettre fin au conflit. Il ne peut rien faire de plus parce que toutes les autres concessions ne dépendent pas de lui. Il ne pourra pas égaler le succès de Nicolas Sarkozy en 2008 (le plan Medvedev-Sarkozy qui était à la base du règlement du conflit en Géorgie), parce que les enjeux sont différents aujourd’hui. Par conséquent, même si la mission d’Emmanuel Macron échouait, personne en France ne le lui reprocherait.
En effet, les efforts diplomatiques du président français sont soutenus même pas ceux qui ne s’estiment pas être ses partisans.
12 candidats sont actuellement en lice pour la présidence. Le président sortant est en tête avec beaucoup d’avance. Selon un sondage de Politico du 7 mars, il est soutenu par 28% des Français (sa cote a commencé à grimper après le 14 février).
Suivi par la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, qui s’est inclinée face à Emmanuel Macron à la dernière présidentielle, avec 17%; par la cheffe de la région Île-de-France, candidate des Républicains Valérie Pécresse, avec 13%; par le journaliste d’extrême-droite et chef du parti récemment créé Reconquête Éric Zemmour, avec 13% également; par le vétéran des courses présidentielles, le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, avec 11%.
Les analystes prédisent le passage au second tour à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen, et la réélection du président sortant.
Les événements en Ukraine ont créé un « effet drapeau », lorsqu’en période difficile les gens s’unissent autour de leur dirigeant et du drapeau du pays. En l’absence de tournants dramatiques, Emmanuel Macron sera réélu. Il fera une nouvelle fois face à Marine Le Pen aux débats.
C’est le dossier ukrainien qui a renforcé les positions du président sortant. On accorde bien moins de temps à d’autres sujets, ce qui apporte à Emmanuel Macron un avantage par rapport à d’autres candidats.
Emmanuel Macron est devenu « président des crises ». Son premier mandat a été marqué par les manifestations des « gilets jaunes », la pandémie de Covid-19, et maintenant la situation en Ukraine.
Alexandre Lemoine