La France dans «la grande bascule»?

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Les Français doivent se préparer à faire des sacrifices dans les mois à venir? C’est le sens de la déclaration d’ Emmanuel Macron faite avant le Conseil des ministres de mercredi. Les Français doivent se préparer à vivre avec des restrictions dans tous les domaines? Déjà en juin dernier, le président français a déclaré que la France est «entrée dans une économie de guerre». Sa litanie guerrière, à force, d’être trop employée, est en train de s’user. 

Fin de l’abondance et économie de guerre. «Nous vivons depuis plusieurs années la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance», a martelé Emmanuel Macron en amont du Conseil des ministres en évoquant les effets du réchauffement climatique et les conséquences de la guerre en Ukraine. Il a listé la fin «des liquidités sans coût (…), de l’abondance de produits, de technologies qui nous semblaient perpétuellement disponibles», sans oublier, «la fin de l’abondance de terre ou de matière, et de celle de l’eau», et de «de l’insouciance». «Ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule et d’un grand bouleversement», a-t-il affirmé.

Pour rappel, du 13 au 17 juin, lors de l’ouverture du salon international de Défense et de Sécurité terrestres et aéroterrestres Eurosatory, Emmanuel Macron a martelé que «la France est entrée dans une  »économie de guerre », nécessitant des dépenses de défense supplémentaires et une coopération encore plus étroite au niveau de l’UE».

Discours décalé. «Le président de la République est accusé de tenir un discours  »décalé » au regard de la situation politique du pays», avertit le Huffington Post.  Adrien Quatennens, le député LFI a ironisé de cette déclaration. «Emmanuel Macron parle de la fin de l’abondance », mais il mène une politique offensive en faveur des plus riches, contre les travailleurs et les plus précaires», dénonce Adrien Quatennens, rajoutant que «5 milliardaires possèdent autant que 27 millions de Français». «Pour les plus riches, c’est plus que jamais l’abondance!», tance-t-il la sortie du président français.  Dans un autre tweet, il publie l’article de Les Echos: «La distribution de dividendes atteint un record en France et dans le monde». Le quotidien économique informe exactement le même jour que la déclaration d’Emmanuel Macron que «les actionnaires sont à l’honneur. Les dividendes versés par les grandes entreprises ont atteint un niveau record de 44 milliards d’euros au deuxième trimestre en France, et de 544 milliards de dollars dans le monde, tirés par l’énergie, la banque et l’automobile».

Les choix énergétiques d’Emmanuel Macron en cause. La journaliste Judith Waintraub accuse le choix de la politique de l’énergie voulue par Emmanuel Macron qui provoque cette crise énergétique. «Il nous rend responsables, nous les Français, de ses choix énergétiques», lance-t-elle sur CNEWS en dénonçant un «ton absolument paternaliste» et de tenir les Français «de ses choix énergétiques erratiques». Judith Waintraub fait remarquer que cette déclaration est curieuse car, peu avant, il donnait un entretien au magazine Challenges où il se revendiquait optimiste». En effet, toujours à la date de sa déclaration, Emmanuel Macron affirmait être optimiste dans la parution du magazine Challenges: «Nous voilà de nouveau optimistes et déterminés, et nous avons de quoi l’être en effet. Notre industrie renaît enfin. Pour la première fois depuis des années, notre pays rouvre des usines, recrée des emplois industriels, relocalise des productions, du paracétamol aux bottes Aigle. Le plan France 2030, inédit depuis l’après-guerre, doit nous permettre d’accélérer la réindustrialisation du pays et de le placer en tête des nations développées, particulièrement dans les secteurs stratégiques». Plus loin, le président français explique que «nos entreprises, PME ou poids-lourds, start-up ou licornes, sont plus nombreuses et plus florissantes encore malgré l’inflation et l’instabilité du monde» et que «le plein emploi est à nouveau à portée de main, balayant ces décennies de chômage de masse qui insinuaient l’angoisse dans chaque famille».

La description de l’état de la France par Emmanuel Macron accouplée à l’annonce que les dividendes versés par les grandes entreprises ont atteint un niveau record de 44 milliards d’euros au deuxième trimestre en France, et de 544 milliards de dollars dans le monde, démontre bien un discours décalé de la part du président français s’amusant à modeler les esprits avec la peur.

Philippe Rosenthal



Articles Par : Philippe Rosenthal

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