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La France ne combat pas le terrorisme en Syrie
Par Silvia Cattori
Mondialisation.ca, 16 octobre 2016
Arrêt sur Info
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Français, votre Président ment. Votre diplomatie ment.

La France [de François Hollande] ne combat pas le terrorisme en Syrie.

La France, comme en Libye, a été au départ et à la pointe du combat mené contre l’Etat syrien par terroristes interposés. Cela lui a permis de conclure de juteuses affaires avec ceux qui financent les mosquées et le terrorisme : d’abord le Qatar, sous Sarkozy; et ensuite l’Arabie saoudite sous Hollande.

Le Quai d’Orsay cherche aujourd’hui à faire oublier qu’il a soutenu dès le début les djihadistes du Front al-Nosra, dont Laurent Fabius disait qu’il « faisait du bon boulot ». Et il se garde de préciser que ce sont ces mêmes djihadistes d’al-Nosra qui combattent aujourd’hui l’Etat syrien à Alep-Est, et qu’il cherche à sauver.

C’est pourquoi François Hollande évoque uniquement la menace que constitue Daech, et ne parle jamais de la menace directe, immédiate que constitue le Front al-Nosra pour le peuple syrien. Or, c’est bien le Front al-Nosra qui depuis fin 2011 a infiltré et détruit, en les transformant en zone de combat militaire, les villes syriennes comme Homs et Alep, pour ne parler que de celles-là. L’Armée syrienne libre (ASL), n’était qu’une vitrine commode pour les journalistes qui ont fréquenté les terroristes et pour Médecins sans frontières (MSF) qui les a rejoints dès le début de la guerre à Homs notamment.

C’est le Front al-Nosra qui a reçu l’armement de la France et le gros du financement. C’est le Front al-Nosra qui a commis des atrocités aussi terribles que celles montrées par les vidéos de l’EI.

La France, comme la Belgique, a laissé des milliers de jeunes rejoindre al-Nosra depuis le début de la guerre ; elle escomptait qu’ils renversent Assad. Daech n’existait pas jusqu’en 2014. Votre président ne vous dit pas ce que les services savent. Les jeunes qui sont partis en Syrie, c’est principalement al-Nosra qui les a accueillis et formés. C’est al-Nosra qui est le principal vecteur d’endoctrinement aujourd’hui en France et en Europe. Ce sont les vidéos d’al-Nosra qui ont retourné des milliers d’adolescents.

Les quelques 4’000 jeunes enregistrés comme « radicalisés » et résidant en France, parmi eux un grand nombre de convertis, ce n’est pas en regardant des vidéos de Daech qu’ils se sont fait endoctriner via Facebook, mais en regardant des vidéos de propagande particulièrement efficaces mises à leur disposition par le réseau al-Nosra et toujours visibles sur YouTube.

Sauver à tout prix al-Nosra à Alep-Est

L’Elysée panique depuis que, fin septembre, des rapports émanant du renseignement militaire indiquent que les « rebelles », à Alep, sont en difficulté et que la coalition qui soutient l’Etat syrien engagé dans un combat atroce contre les terroristes venus de partout faire le djihad en Syrie, était à deux doigts de sortir gagnante. Cela malgré les énormes stocks d’armes et de nourritures accumulés durant les trêves, fournis aux terroristes par les puissances qui les soutiennent tout en disant à  leur bon peuple qu’ils les combattent.

L’Elysée panique à l’idée que le peuple français puisse découvrir que les « rebelles » que la France a soutenus, et sur qui elle comptait pour renverser le « régime Assad », soient vus pour ce qu’ils ont toujours été ; des terroristes.

La France et les médias paniquent à l’idée que la voix de cette autre Syrie légale qu’ils se sont employés à étouffer ne parvienne au public et que celui-ci découvre que, depuis 2011, les civils fuyaient la terreur des groupes armés et plaçaient toute leur confiance en Assad.

Pressentant que les choses prenaient une tournure qui pouvait mettre à mal sa narration sur le terrorisme, la diplomatie française s’est dépêchée de sortir de son chapeau le pâle et médiocre Jean-Marc Ayrault, porteur d’une résolution que la Russie a fort heureusement rejetée et qui, comme les précédentes, avait pour objectif de renverser la donne et de permettre aux djihadistes de l’emporter.

La France, aidée par la narration des médias, s’est montrée ces derniers jours prête à précipiter le monde dans la plus grande inconnue ; toute la propagande qu’elle distille revient à entretenir coûte que coûte la fable du dictateur sanguinaire qui tue son propre peuple et à rendre coupable la Russie qui le soutient.

Nos lecteurs qui suivent de près l’actualité ont sans doute immédiatement compris, en écoutant Hollande et Ayrault parler des victimes dont la Russie serait coupable, que la France est avant tout préoccupée de trouver un moyen d’aider les « rebelles » à tenir. S’ils perdent, la vérité va sortir. Elle doit retourner les faits de telle façon que les citoyens ne puissent découvrir que les vraies victimes n’ont jamais été les « civils » vivant dans la partie d’Alep-Est tenue par les « rebelles ». Que les vraies victimes sont les patriotes Syriens dont tout le monde, autorité, ONU, MSF, médias, ont occulté les immenses souffrances.

En clair. Les médias traditionnels, tout comme les gouvernements qui ont fait la part belle aux terroristes à l’insu du public, tremblent maintenant à l’idée que, si l’Etat syrien gagne et libère Alep, la voix des patriotes syriens qu’ils ont ignorée ne permette au public de comprendre qu’ils lui ont menti durant 5 ans. En clair. Que les gentils « rebelles modérés » étaient pour les Syriens aussi dangereux et menaçants que Daech.

Ils tremblent à l’idée de devoir, demain, rendre des comptes.

Silvia Cattori

Journaliste

Photo : Rencontre à l’Elysée, le 28 août 2013 où se préparait l’intervention militaire contre la Syrie qu’Obama n’a pas soutenu. Photo AFP

 

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