La justice britannique accuse l’armée israélienne de crimes de guerre
La justice bitannique qualifie de crimes de guerre l’assassinat par l’armée israélienne de James Miller et Tom Hundrall
La justice finira par passer. Le gouvernement israélien ne pourra pas éternellement bénéficier de l’impunité pour accomplir sa sale besogne.
Cette semaine, en Angleterre, deux jugements ont été rendus, qui ne laissent planer aucun doute sur la volonté de l’armée israélienne d’éliminer les témoins gênants.
Ceux qui collaborent avec des criminels de guerre devront un jour ou l’autre rendre des comptes.
Ci-dessous deux dépêches de l’AFP concernant les meurtres de James Miller et de Tom Hurndall.
« Un journaliste britannique, James Miller, tué en mai 2003 par un soldat israélien dans la bande de Gaza, a été tué volontairement, a conclu jeudi une enquête judiciaire ouverte en Grande-Bretagne sur ce drame.
« En se fondant sur les éléments de preuves qui nous ont été présentés, nous, le jury, convenons à l’unanimité qu’il s’agissait de tirs illégaux, avec l’intention de tuer M. James Miller », a conclu le jury de la cour de St Pancras, à Londres. « Nous ne pouvons parvenir à une autre conclusion que celle selon laquelle M. Miller a bien été assassiné », a-t-il poursuivi.
James Miller, 34 ans, un journaliste de télévision plusieurs fois récompensé, avait été mortellement atteint d’une balle au cou le 2 mai 2003 à Rafah, dans la bande de Gaza, alors qu’il réalisait un documentaire sur la destruction par l’armée israélienne de maisons palestiniennes à la frontière égyptienne.
Les membres de son équipe avaient affirmé qu’ils portaient un drapeau blanc et s’étaient identifiés en tant que journalistes britanniques auprès des soldats israéliens déployés dans la zone.
Selon les éléments recueillis par l’enquête judiciaire britannique, un premier tir a précédé de 12 à 13 secondes le tir qui a coûté la vie à James Miller. Puis plusieurs tirs ont suivi, visant notamment la maison d’où sortait l’équipe de journalistes, et que l’on surnomme « la Maison des journalistes ».
James Miller portait un gilet paree-balles avec les lettres TV pour être clairement identifié comme journaliste .
Une autopsie pratiquée en Israël en présence d’un médecin britannique établit que le journaliste avait été touché par une balle d’un fusil d’assaut de type M-16 tirée par des soldats israéliens qui se trouvaient en face de lui.
Mais l’armée israélienne avait décidé en mars 2005 au terme de 18 mois d’enquête de ne pas poursuivre, faute de preuves, le lieutenant soupçonné d’être responsable de la mort du journaliste, une décision qui avait été déplorée à l’époque par le gouvernement britannique.
Tsahal s’était contentée d’exprimer ses regrets, en relevant que le journaliste avait « pris de gros risques en se trouvant dans une zone de guerre ».
Et si le lieutenant avait été blâmé pour avoir, selon des témoignages, « ouvert le feu en violation des règles d’engagement » de l’armée israélienne, cette charge n’a finalement pas été retenue contre lui.
Le général Gai Tzur, le chef d’état major de la région sud d’Israël, couvrant la bande de Gaza, chargé de l’affaire, avait estimé « que des tirs, dans de telles circonstances, pouvaient se justifier ».
Mais le jury de la cour de St Pancras a critiqué jeudi l’attitude de l’Etat hébreu dans cette affaire, en affirmant que « depuis le premier jour de cette enquête, les autorités israéliennes n’ont pas été très coopératives avec l’enquête sur les circonstances qui ont entouré la mort de M. Miller. »
Le documentaire de James Miller, intitulé « La mort à Gaza », a reçu plusieurs prix, dont trois Emmy Awards aux Etats-Unis en septembre dernier, et celui du festival des films sur les droits de l’Homme « One World 2005 » à Prague en mai 2005.
James Miller était marié et père de deux enfants, un garçon de deux ans et une fille de 5 mois au moment de sa mort. Son épouse, Sophy, a témoigné devant la cour de St Pancras.
James Miller a été tué au seizième et dernier jour du tournage de son film.
AFP, 6 avril.
LONDRES, 10 avr 2006 (AFP) – Une enquête judiciaire sur la mort de Tom Hurndall, un pacifiste londonien de 22 ans abattu par un soldat israélien en avril 2003 dans le camp de réfugiés de Rafah, dans la bande de Gaza, a conclu lundi à Londres qu’il avait tué de manière illégale et intentionnelle.
Le jeune homme avait reçu une balle dans la tête alors qu’il essayait apparemment de mettre à l’abri de coups de feu des enfants palestiniens.
Il est mort neuf mois plus tard, en janvier 2004, dans un hôpital de Londres sans être sorti de son coma.
Lundi, un jury de dix personnes de la cour de St Pancras, dans le nord de la capitale, a estimé que le coup de feu le visant avait été « intentionnel, avec l’intention de le tuer ». Et il a dénoncé « le manque de coopération des autorités israéliennes » lors de l’enquête.
Le soldat responsable de la mort de Tom Hurndall, Taysir Hayb a été condamné à huit ans de prison par la justice militaire israélienne en août 2005, pour homicide involontaire, mais l’armée a fait appel de cette sentence, l’estimant trop douce.
Taysir Hayb est le premier soldat israélien à avoir été condamné pour la mort d’un étranger dans les Territoires occupés.
Déjà la semaine dernière, une enquête similaire à Londres avait estimé qu’un journaliste britannique, James Miller, tué en mai 2003 par un soldat israélien dans la bande de Gaza, avait été tué volontairement et illégalement.
Dans son cas, le soldat soupçonné d’avoir tiré n’a pas été poursuivi.
« S’il y a intention de tuer, cela en soi constitue un crime de guerre selon les conventions de Genève », a déclaré Anthony Hurndall, le père de Tom, après le verdict.
« Toute personne responsable (…) est coupable de crime de guerre et (…) devrait être poursuivie », a-t-il ajouté. Il a également appelé les autorités de Londres à remplir leurs obligations légales de protection des citoyens britanniques.
Quant à l’avocat de la famille, Me Michael Mansfield, il a critiqué de manière véhémente les autorités et l’armée israélienne, affirmant que l’Etat hébreu ne souhaitait pas engager de poursuites contre ceux impliqués dans la mort de Tom Hurndall.
« Ne vous y trompez pas, les Forces de défense israéliennes ont été jugées aujourd’hui coupables de meurtre par ce jury », a-t-il déclaré.
L’avocat a aussi critiqué Tsahal pour avoir voulu faire porter aux Palestiniens la responsabilité des tirs contre les deux hommes et a accusé l’armée israélienne d’avoir voulu étouffer l’affaire pendant de nombreux mois et d’avoir refusé de coopérer à l’enquête.
L’enquête judiciaire britannique va à présent examiner les voies possibles pour engager des poursuites dans les deux affaires.
En Grande-Bretagne, un coroner est systématiquement saisi en cas de mort suspecte d’un Britannique, sur le sol britannique ou à l’étranger ».
Publié par CAPJPO-EuroPalestine