La Maison Blanche admet que l’Ukraine perdra davantage de territoires au cours des deux prochains mois
L’Ukraine perdra de nouveaux territoires dans les mois à venir en raison du manque de soutien militaire américain, a déploré le 27 février John Kirby, coordinateur des communications stratégiques du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Cette déclaration intervient alors que Washington a confirmé que des troupes américaines ne seraient pas envoyées pour combattre en Ukraine, même si des discussions ont eu lieu avec la France à ce sujet.
« S’ils continuent à ne pas recevoir de soutien de la part des États-Unis, dans un mois ou deux, il est très probable que les Russes obtiendront davantage de gains territoriaux et de succès contre les lignes de front ukrainiennes », a déclaré M. Kirby aux journalistes, ajoutant que cela pourrait se produire non seulement dans l’est de l’Ukraine, mais aussi potentiellement dans le sud du pays.
Lors de la même conférence de presse, l’attachée de presse Karine Jean-Pierre a souligné à plusieurs reprises que la situation était « désastreuse » pour l’Ukraine et a rappelé que le directeur de la CIA avait « exposé les conséquences, leur gravité » et « ce qui se passait sur le champ de bataille, évidemment, et comment l’Ukraine perdait du terrain, ce qui est important ».
Le même jour, le président américain Joe Biden a également déclaré qu’il était urgent d’apporter un soutien supplémentaire à l’Ukraine. Cependant, les Républicains ont bloqué tout financement supplémentaire pour l’Ukraine à moins que Joe Biden ne renonce à sa politique d’ouverture des frontières, ce qu’il ne semble pas disposé à faire.
Le manque d’armes et l’aveu que la Russie est sur le point de libérer davantage de territoires aggravent les frustrations de Kiev, surtout après que Washington a confirmé que des troupes américaines ne seraient pas envoyées pour combattre en Ukraine. Selon une source militaire interrogée par l’agence de presse AFP, les États-Unis ont passé des semaines à discuter de l’envoi de troupes avec la France, mais ont finalement estimé que le risque était trop élevé.
Le 26 février, le président français Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine, une déclaration surprenante puisque le déploiement de combattants n’a jamais été discuté publiquement ni attendu. Depuis la déclaration alarmante de M. Macron, de nombreux pays européens se sont désolidarisés de l’idée, notamment l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne, la Grèce et la République tchèque.
C’est maintenant au tour de la Maison Blanche de démentir le déploiement de troupes américaines en Ukraine. Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du département d’Etat Matthew Miller a affirmé que « les Etats-Unis n’enverront pas de troupes pour combattre en Ukraine ».
Selon une source militaire citée par l’AFP, les pays de l’OTAN discutent depuis des semaines de la possibilité d’envoyer leurs propres soldats pour soutenir les Ukrainiens, et les Etats-Unis font partie de ceux qui soutiennent cette idée.
En réponse à la déclaration de M. Macron, le Kremlin a déclaré : « Le fait même de discuter de la possibilité d’envoyer en Ukraine certains contingents des pays de l’OTAN est un nouvel élément très important. » Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a déclaré qu’en cas d’envoi de troupes, « nous devrions parler non pas de la probabilité, mais de l’inévitabilité (d’un conflit direct) ».
Macron semble vouloir déclencher une guerre Russie-OTAN, une guerre qui conduirait inévitablement à des frappes nucléaires et sans vainqueur, et pour cette raison, il est évident que le président français s’est immédiatement retrouvé isolé, à tel point que même Washington s’est recroquevillé et a pris ses distances par rapport à cette idée.
Le 28 février, le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a tenté d’atténuer le coup humiliant en affirmant que M. Macron envisageait d’envoyer des troupes pour des tâches spécifiques telles que le déminage, la production d’armes sur place et la cyberdéfense.
« Cela pourrait nécessiter une présence [militaire] sur le territoire ukrainien sans franchir le seuil des combats », a déclaré M. Sejourne aux législateurs français. « Il ne s’agit pas d’envoyer des troupes pour faire la guerre à la Russie.
Il s’agit d’une couverture évidente, car M. Macron a été presque immédiatement isolé et, comme l’a souligné la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, les alliés de la France n’ont ni compris ni soutenu l’idée du président français.
« Cette même déclaration a choqué les alliés de l’OTAN. Quelques heures plus tard, une série de déclarations ont été faites par les dirigeants des pays de l’OTAN, les ministres des affaires étrangères et les ministres de la défense, qui ont dit qu’ils […] se dissociaient de la déclaration de Macron. Qu’ils ne prévoient rien de tout cela, qu’ils n’ont pas l’intention d’envoyer qui que ce soit et qu’ils comprennent que l’histoire sera déjà différente », a-t-elle déclaré.
L’Occident n’ayant pas tenu les promesses de livraison d’armes faites à Kiev, le financement américain supplémentaire étant bloqué au Congrès et, plus important encore, la récente libération de la ville forteresse d’Avdeyevka, l’Ukraine perdra inévitablement des territoires à un rythme rapide. Étant donné que la Maison Blanche admet ouvertement cette réalité, on pourrait s’attendre à ce que le régime de Kiev cherche à mettre fin au conflit, mais il choisit encore de placer ses espoirs dans des armes qui n’arrivent pas à temps ou, plus illusoirement, dans une intervention directe de l’Occident dans le conflit.
Ahmed Adel
Lien vers l’article original:
White House Admits Ukraine Will Lose More Territory Within Next Two Months
Article en anglais initialement publié sur InfoBrics
Traduit par Maya pour Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
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Ahmed Adel, chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire. Il contribue régulièrement à Global Research.