La mortalité en Europe. Comprendre les données de mortalité européenne pour prendre les bonnes décisions.

La nécessité de s’affranchir des biais de perception

Cet article a été publié initialement le 15 juin 2021.

Cet article a pour objectif d’analyser les données de mortalité de 33 pays européens afin de comprendre les dynamiques en jeu depuis plus d’un an.

Toutes les données utilisées proviennent de sources officielles :

  • Eurostat pour les décès et la population par âge des pays européens
  • Insee pour les données détaillées françaises
  • Ourworldindata pour les données de malades, décès et vaccination en lien avec la Covid 19
  • Médicam pour les données des médicaments délivrés les les pharmacies de ville
  • Ecdc pour les données des mesures prises par les différents pays

Toutes les données de mortalité utilisées dans cet article, sont des données de mortalité toutes causes confondues et pas uniquement des données de mortalité de la seule cause Covid-19. En effet pour considérer qu’une maladie est mortelle, il faut qu’elle ait un impact sur la mortalité générale, et pas uniquement compter les décès de personnes qui en sont porteuses. Chacun conviendra que cela n’aurait aucun sens statistique de compter les décès survenus après la dégustation d’une glace à la vanille. Pourtant en le faisant nous verrions une forte augmentation de ces décès l’été, uniquement parce qu’en France 1500 personnes décèdent tous les jours l’été, et qu’à cette période, elles dégustent plus souvent des glaces à la vanille. Il s’agit de ce que l’on appelle un biais de perception.

Le fait de présenter en permanence des statistiques de mortalité de personnes porteuses de la Covid induit un biais de perception. Il laisse imaginer que ce virus est la seule cause de mortalité aujourd’hui sans jamais confronter ces décès au nombre de décès habituels de chaque pays. Dans ce contexte, il est impossible de réaliser une recherche raisonnable des causes de décès depuis mars 2020 : c’est la Covid-19 qui s’impose et rien d’autre n’est envisageable. C’est le contraire d’une démarche scientifique.

Pour cette raison, cet article se base uniquement sur les décès toutes causes et met en lien les différents évènements et choix qui ont été pris dans les différents pays, afin de chercher des causes de décès sans biais préalable.

Les données des décès toutes causes sont étonnamment et malheureusement beaucoup plus difficiles à trouver. On ne peut qu’être surpris de constater qu’elles ne bénéficient pas de la diffusion des statistiques de la Covid et ses nombreux sites internet redoublant d’interfaces graphiques. Elles doivent être téléchargées sur des sites spécialisés et retravaillées pour les rendre exploitables. Elles sont pourtant les seules permettant une analyse objective de la situation. Il “suffirait” pourtant à des sites tels qu’Ourworldindata de se “brancher” sur les sites officiels de dépôts de données statistiques tels qu’Eurostat pour proposer des graphiques et animations éclairant le débat sur de nombreux sujets. Eurostat propose même une interface de programmation d’application (API) permettant à toute personne de télécharger et d’utiliser n’importe quelle base de données.

Concernant Ourworldindata, il ne s’agit pas d’un problème de “place” puisque le site héberge déjà 300 thèmes et plus de 3000 visualisations de données. Il s’agit d’un choix éditorial. Les thèmes et graphiques proposés dans tout exercice de communication correspondent à des choix discutés et validés. Sur Ourworldindata, les données mises en valeur sont actuellement représentatifs des centres d’intérêts politiques et médiatiques aujourd’hui : croissance de la population, espérance de vie, pollution, dépenses gouvernementales, corruption et bien évidemment Covid-19. Il s’agit bien d’un site de communication dont l’enjeu est de convaincre (ou persuader), et non pas un site de recherche dont le but est de questionner pour comprendre.

Cet article présente en première partie le bilan de l’année 2020 pour montrer que dans sa globalité, cette année est loin d’être exceptionnelle du point de vue de la mortalité. Ce résultat est confirmé pour tous les pays d’Europe pour lesquels nous avons des données de population et de décès.

En seconde partie, cet article présente les décès semaine après semaine de tous les pays européens. Pour comprendre les dynamiques en jeu, 3 périodes de mortalité liées à la Covid-19 seront étudiées :

  • la période de mars-avril 2020, spécifique à un nombre restreint de pays européens
  • la période d’octobre à décembre 2020 qui présente une hausse des décès inhabtiuelle
  • la période depuis début 2021 qui présente un rebond de mortalité lui-aussi inhabituel

Nous verrons que dans les 3 cas, la mortalité est liée non pas à la seule présence d’une nouvelle maladie, mais directement aux choix de politiques sanitaires pris. Dans tous les cas, la croyance dans des modèles de propagation épidémique a induit les pouvoirs publics en erreur. La lutte contre la propagation au détriment de la qualité des soins s’est finalement révélée catastrophique. Cette expérience prouve que les modèles épidémiques utilisés sont déconnectés de la réalité et que seule la qualité du soin prévaut. Au regard des données collectées de mortalité, nous questionnons la stratégie de santé mise en place depuis plus d’un an, du port du masque au confinement total et jusqu’au pari vaccinal au détriment du soin classique.

1. Du point de vue de la mortalité, l’année 2020 est comparable au reste de la décennie pour une majorité de pays d’Europe

1.1 Quelques rappels pour la France : l’importance du vieillissement de la population

Dans plusieurs vidéos de la chaîne Décoder l’éco, par exemple celle qui compare les décès de toutes les années entre 1962 et 2020 1 nous avons vu que la mortalité en France depuis 2020 n’est pas unique et est au niveau de l’année 2015.

En effet, la France vieillit. Ainsi le nombre de morts chaque année augmente naturellement depuis 2010.

Cette hausse du nombre de décès n’est pas le signe que la santé des Français se dégrade, mais uniquement le résultat de l’augmentation du nombre de personnes âgées. En effet, à force de vieillir, tous les humains finissent par mourir. Pour l’illustrer, voici la pyramide des âges de la France en 2000 et en 2020, réalisée avec les données disponibles sur Eurostat.

En 20 ans, la génération des baby-boomers est, logiquement, passée de la tranche des moins de 55 ans à celle des plus de 65 ans. Dès lors, il est tout à fait normal que le nombre de décès en France augmente chaque année, et cela va continuer à augmenter pendant encore au moins 20 ans.

Ainsi, il ne faut jamais commenter des nombres de décès bruts qui augmentent ou baissent non pas selon l’arrivée des maladies, mais toujours selon la taille de la population et selon l’âge des personnes. En effet, s’il y a plus de décès en France qu’au Luxembourg, c’est parce que les Français sont 100 fois plus nombreux que les Luxembourgeois. S’il y a plus de décès dans un EHPAD de 200 personnes que dans une école maternelle de 200 enfants, ce n’est pas parce que l’EHPAD est plus dangereux que l’école maternelle, mais uniquement parce que les résidents d’un EHPAD sont beaucoup plus vieux que les élèves d’une école maternelle. Ainsi, comparer des nombres de décès entre 2 populations ne peut pas se faire avec les seuls chiffres bruts, mais toujours en corrigeant de la taille de la population, et aussi en corrigeant de l’âge des gens. Il s’agit de standardiser les décès pour mettre la même population partout.

Pour comparer le nombre de décès en France de ces dernières années avec l’année 2020, nous avons standardisé les décès, en appliquant la population par âge de 2020 à toutes les années du passés. Il en est ressorti que l’année 2020 n’est pas du tout une année de record de mortalité.

L’année 2020 est au niveau de l’année 2015. Il s’agit de la 6e année la moins mortelle de toute l’histoire de la France. Dès lors, on ne peut justifier une panique sanitaire et des mesures exceptionnelles sur la base des décès de l’année 2020 en France.

Cette situation est la même quel que soit le pays en Européen considéré.

1.2 L’année 2020 en Europe : Une année dans la norme pour tous les pays

Tous les pays européens vivent au rythme des nouvelles annonces et mesures concernant la Covid-19 depuis plus d’un an. Mais qu’en est-il réellement du point de vue de la mortalité ? L’année 2020 est-elle vraiment une année d’hécatombe quelque part ? Cette carte d’Europe représente l’année pour laquelle chaque pays européen, dont nous disposons des données, a connu le plus de décès.

En marron, nous retrouvons tous les pays pour lesquels l’année 2020 est l’année pour laquelle il y a eu le plus de décès. C’est bien le cas de la majorité des pays d’Europe. On note toutefois quelques exceptions, en particulier les pays nordiques. Cette carte est réalisée avec des données brutes. Comme nous l’avons vu pour la France, les données brutes reflètent avant tout l’augmentation et le vieillissement de la population.

La pyramide des âges des pays Européens révèle une situation européenne semblable à celle de la France : la population vieillit. Il est tout à fait normal que le nombre de décès augmente chaque année du fait de ce simple constat.

Ainsi, plutôt que de regarder les décès bruts, il est nécessaire de les corriger par la pyramide des âges, de façon à prendre en compte l’augmentation et le vieillissement de la population dans les calculs. Cela permet de ne pas dire que la mortalité augmente, si cela vient juste du fait qu’il y a plus de personnes âgées.

En calculant pour chaque pays, les décès standardisés par âge, pour toutes les années, il est désormais possible de les comparer aux décès 2020. Cela permet de savoir si à population égale, l’année 2020 a été réellement plus mortelle que les autres. Ce calcul, permet de déger 5 profils type de pays représentés sur cette carte.

Pour l’Islande, la Norvège et le Danemark , l’année 2020 est en fait l’année la moins mortelle de toute leur histoire. Dans ces pays, les habitants ne sont jamais moins morts qu’en 2020. Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas de morts attribués à la Covid-19, mais dans ces pays, malgré la pandémie annoncée, l’année 2020 est le record absolu de plus faible mortalité.

L’Allemagne, la Suède, la Finlande, l’Estonie et la Lituanie ont vécu la 2e année la moins mortelle de toute leur histoire. Seule l’année 2019 a enregistré moins de décès. En effet, pour l’écrasante majorité des pays d’Europe, l’année 2019 a été un record de sous-mortalité qui sera très difficile à battre, même en enfermant toute la population.

Une majorité des pays d’Europe, dont la France, a vécu une année 2020 dans la norme de la décennie. Les pays en orange clair sont plutôt dans la 2e moitié de la décennie, autour des années 2015-2016. Les pays en orange foncé sont plus souvent autour de l’année 2012.

Seuls l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Roumanie, la Bulgarie la Pologne et le Monténégro ont connu une mortalité forte pour la décennie. Ainsi, les pays d’Europe ayant connu les plus fortes mortalités relativement à ce qu’ils enregistrent habituellement, ont connu une mortalité de l’ordre de la 10e plus faible de toute leur histoire.

L’année 2020 présentée comme une hécatombe mondiale, n’est en fait qu’une année pendant laquelle, au pire, les humains sont morts dans les mêmes proportions que l’année 2010. Ce qui est montré depuis 6 mois pour la France sur la chaîne Décoder l’éco, est donc réplicable pour tous les pays pour lesquels des données sont disponibles.

Au bilan, pas un seul pays d’Europe n’a vécu une “hécatombe” en 2020. Pour les pire cas, 2020 est juste aussi mortelle que 2010.

1.3 La mortalité en Europe : le pays de résidence bien plus déterminant que l’année

Nous venons de voir qu’en corrigeant les décès de la pyramide des âges de chaque pays, on montre que 2020 est finalement une année mortalité dans la norme de la décennie. Afin de compléter notre vision, il est important de comparer les pays entre eux. Seulement les populations des pays européens sont trop différentes pour être comparables. Entre l’Allemagne et ses 83 millions d’habitants et le Liechtenstein et ses 38 000 habitants, il est impossible de faire un graphique à la même échelle. Il est donc nécessaire de les comparer sur une même base. Pour ce faire, nous allons appliquer la même pyramide des âges à tous les pays Européens. Ainsi nous pourrons savoir, dans quel pays et pendant quelle année, les européens sont le plus décédés.

Ces graphiques représentent les décès théorique pour chaque pays et chaque année, s’ils avaient eu la population et la pyramide des âges de la France en 2020. Il sont séparés entre les pays de l’Est et les pays de l’Ouest de l’Europe pour une question de visibilité, mais également parce que ces 2 zones de l’Europe sont assez différentes du point de vue de la mortalité.

Les décès théoriques de 2020 pour chaque pays sont signalés en rouge et les autres points en dégradé de bleu représentent les décès théoriques des autres années.

Par exemple, si la population de la France de 2020 étaient décédée de la même manière que la Bulgarie en 2020, il y aurait eu 1 300 000 morts au lieu des 660 000 qu’elle a vécu.

Cela montre qu’à population et pyramide des âges égales, les bulgares meurent deux fois plus que les Français.

Ainsi, si la Bulgarie n’a pas 2 fois plus de morts que la France chaque année, c’est d’abord parce que les Bulgares sont 7 millions et les Français 67 millions, mais aussi parce que les Bulgares sont plus jeunes que les Français.

Les Bulgares sont plus jeunes que les Français notamment parce qu’ils meurent plus jeunes. Il y a donc moins de personnes dans leur population qui peuvent arriver à des âges avancés. Ils décèdent petit à petit plus fortement que les Français.

Les différences de mortalité d’une année à l’autre sont parfaitement négligeables devant les différences d’un pays à l’autre. La probabilité de décéder à chaque âge dépend avant tout de l’endroit où l’on vit et moins des années.

Si on se met à la place d’un Bulgare. Grace à se graphique, nous apprenons que la mortalité en Bulgarie est 2 fois plus élevée que celle de la France à population égale. Ne faudrait-il pas se dire qu’il y a certainement des choses à faire sur la pauvreté et la santé en Bulgarie pour se rapprocher de la situation de la France. Nous constatons que la Bulgarie constate juste une augmentation de 10% de mortalité en 2020 par rapport à 2019, pour se retrouver au niveau de la mortalité de l’année 2015, et que cela est sensé déclencher une énorme panique. En nombre de décès standardisé, c’est comme si chaque année, la Bulgarie avait 500 000 morts de plus que la France, et qu’elle trouvait ça tout à fait normal, mais qu’elle paniquait en 2020 pour 100 000 morts de plus que 2019.

C’est comme si un éléphant et une colonie de fourmis montaient sur un bateau, que le bateau se mettait à couler et que l’éléphant réussissait à convaincre les fourmis de sauter une à une du bateau jusqu’à ce qu’il flotte de nouveau.

Ce graphique montre que les évènements particuliers ont peu d’impact sur la mortalité et que ce sont les effets structurels, de la santé des habitants et de la qualité du système de santé qui prévalent.

Ce graphique montre également que les Français vivent dans l’un des pays d’Europe, et donc du monde, au sein duquel on meurt le moins.

Nous avons montré plus haut que l’année 2020 est la 6e année pour laquelle les Français sont le moins mort. Ce graphique nous montre que la mortalité de la France en 2020 a été une des plus faibles jamais enregistrée dans tous les pays du monde. Pour la quasi totalité des humains ayant jamais vécu sur cette planète, l’année 2020 en France est l’un des endroits et moment où on a connu le moins de morts.

Il n’est donc à aucun moment justifiable de générer une panique et des mesures d’une ampleur colossale pour des décès qui ne sont nulle part exceptionnels, et surtout pas en France.

1.4 Une baisse de mortalité aujourd’hui n’entraîne pas une baisse de la mortalité demain

De nombreuses études commentent l’année 2020 au regard de son augmentation par rapport à 2019. Ces études considèrent que la baisse de mortalité observée ces dernières années et tout particulièrement en 2019 doit se poursuivre. Ainsi, les morts en plus de l’année 2020 sont considérées comme une catastrophe évitable attribuée à un virus.

Seulement, imaginer que la baisse de mortalité peut se poursuivre indéfiniment revient tout bonnement à nier que les humains finissent par mourir.

L’année 2019 a connu une mortalité extrêmement faible partout en Europe. Il semble banal de penser que si des morts sont évités une année, elles finiront par se répercuter sur les années suivantes et non pas ne plus jamais survenir. Encore en 2020, on ne peut pas éviter la mort, au mieux on la repousse.

Si on imagine un cas théorique où on trouverait un territoire sur lequel personne n’est mort pendant une année. Il ne viendrait à l’idée de personne que les habitants de ce territoire vivraient éternellement. Pourtant, la projection de la mortalité de ce territoire supposerait qu’il n’y ait pas de morts non plus l’année suivante. Avec cette méthode, tout mort serait alors suspect et compté comme de la surmortalité.

Ce cas trivial est pourtant ce qui est fait lorsque l’on compare l’année 2020 à la seule année 2019, ou que l’on essaye de continuer de faire baisser indéfiniment des taux de mortalité.

Sur le graphique du nombre de décès français, on observe certaines années plus ou moins élevées par rapport à la tendance générale. Dans la littérature, les années de fortes mortalité sont appelées années moissons.