La nouvelle extrême droite : L’ingérence au nom des droits de l’homme

J’écris ce texte suite à un entretien avec Radio Enghien 98.11 FM que vous trouverez ici.

Ce texte est pour moi l’occasion de dire certaines choses à l’égard de ce que j’identifie comme une nouvelle extrême droite : celle de l’ingérence au nom des droits de l’homme. Tout d’abord, je remercie Radio Enghien pour cet entretien, et ce texte n’est en aucun cas dirigé contre eux. Bien au contraire, ils m’ont permis de m’exprimer. Cependant, je dois dire que j’ai hésité avant de diffuser cet entretien, il me semblait donc important d’y accoler un texte qui me permettrait d’exprimer mon opinion sur divers sujets soulevés.

Par ailleurs, je ne poste pas cet entretien parce que je pense que mes réponses sont bonnes (bien au contraire, d’où ce texte qui l’accompagne) mais parce que je pense que l’entretien en lui-même est instructif, de par les questions soulevées sur lesquelles je reviendrais au cours de ce texte. Juste après avoir fait cet entretien, j’ai ensuite écouté Alain Soral « interviewé » par Al-Manar Bruxelles, et je trouve de nombreux points de comparaison entre ces deux entretiens pour la simple raison qu’y règne en leur sein cette idéologie de la nouvelle extrême droite : celle de l’ingérence au nom des droits de l’homme et du sempiternel devoir qui l’accompagne : celui qui consiste à s’assurer que son interlocuteur ne soutient pas « le boucher Assad » ni le « dictateur Kadhafi ».

Enfin, pour ceux qui seraient tentés de me demander de dire que « je ne suis pas d’accord avec Alain Soral sur certains points », ou de m’en prendre à lui, ils devraient savoir que c’est un combat perdu d’avance. Non pas parce que je suis 100% d’accord avec lui sur tout ce qu’il dit, mais parce que cette incessante demande de justification est au centre de cette nouvelle idéologie d’extrême droite. Mais aussi parce que je n’ai aucune raison de m’en prendre à une personne qui exprime le même point de vue que moi quant à l’interventionnisme soit le point de vue d’une opposition claire à l’impérialisme. Je note d’ailleurs que ceux qui me demandent ceci sont les mêmes que ceux qui me demandent si je soutiens Assad ou Kadhafi. Ma réponse est dans ce texte :

Je voudrais commencer par dire ce que je pense concernant ces sempiternelles requêtes selon lesquelles nous devrions justifier notre supposé « soutien » à Kadhafi, Assad ou autre. Je vous renvoie tout d’abord aux excellents textes de M. Bricmont sur le sujet mais j’ajouterai également ceci : Ceux qui persistent à dire que combattre l’ingérence en Syrie, Libye, Sierra Leone, Colombie, Côte d’Ivoire, Palestine occupée, Ouganda, Madagascar, Sénégal, Mali, Biélorussie, Ukraine, Bosnie, ex-Yougoslavie, Venezuela, etc. (la liste est longue) serait un soutien à des dictateurs ou à des soi-disant contre-empires malveillants, commettent une très grave erreur. En effet, ils oublient que toutes ces positions contre l’interventionnisme et l’ingérence sont celles du droit international et que ces positions sont conformes aux traités en vigueur. Autrement dit : le droit est de notre côté, et il ne me semble pas inutile de rappeler que ce sont le droit international mais surtout le principe de non-ingérence qui furent à la base de la résolution du conflit de la seconde guerre mondiale. Comme le dit Jean Bricmont, c’est donc un concept « anti-nazi » puisqu’il interdit l’expansionnisme – ce qui démontre parfaitement que nous sommes, nous les prétendus soutiens à Assad ou autres, parfaitement en phase avec le combat contre l’impérialisme. A l’inverse cela prouve que ceux qui contredisent ce principe de non-ingérence au nom des droits de l’homme, sont des agents impériaux.

Il est également à craindre que ce combat de l’idéologie contre le droit s’intensifie, et que comme l’idéologie se diffuse par les médias, alors ceux-ci se radicalisent de plus en plus, non pas par polarité inverse : pour se défendre ; mais au contraire en se soumettant à cette idéologie. J’arrive là au principal point soulevé par Radio Enghien dans mon interview : Celui du journalisme et des médias.

Premièrement, je ne crois pas à cette idée selon laquelle les médias contrôleraient tout et que les français ou les grecs seraient donc des idiots au cerveau lavé. Déjà, parce qu’il y a internet (que je décris comme le média du pauvre), mais aussi parce qu’au contact des citoyens français, j’ai constaté qu’ils ne croyaient pas à la propagande médiatique – même s’ils n’identifient pas précisément cette idéologie d’extrême droite-l’hommiste que j’explique ici. Je pense même que continuer à dire et à faire croire que les français sont des imbéciles, ne fait que sauvegarder cette idéologie. Non-seulement parce qu’en faisant ça, on se refuse de l’expliquer, mais également parce que je pense qu’il faut accorder à chacun une certaine estime et que je suis opposé au mépris du peuple. En ce qui concerne les grecs, je pense que le nombre de personnes dans les rues, suffit à démontrer ce que j’ai dit précédemment. D’ailleurs leur problème est le même que celui des libyens ou des syriens : l’ingérence dans leurs affaires souveraines via l’U.E qui elle-même fut bâtie en tant que continuité du Plan Marshall, donc de l’impérialisme nord-américain en Europe.

Deuxièmement, je voudrais parler de ces médias francophones dits de gauche ou « progressistes » tels Médiapart ou autre. Mon interlocuteur estime que Médiapart est un média indépendant parce qu’il n’y a pas de pub sur leur site. Je rappelle que je ne connais pas bien Médiapart mais je dis également que je n’ai pas vu les médias dits de gauche et indépendants francophones, publier des articles contredisant l’ingérence en Libye ou en Syrie (sauf rare(s) exception(s), comme l’Humanité pour la Libye). Je constate donc que cette idéologie d’extrême droite-l’hommiste a largement pris le dessus sur ces médias dits de gauche et indépendants. Je n’ai donc aucune raison de reconnaître qu’ils auraient une indépendance idéologique. En ce qui concerne M. Collon, puisque mon interlocuteur le compare à Médiapart, je ne vois aucun point de comparaison, étant donné que M. Collon s’oppose de façon très claire et marquée aux guerres coloniales et donc à l’ingérence en Syrie et en Libye, ce qui signifie donc qu’il s’oppose à cette idéologie d’extrême droite-l’hommiste. Et c’est sans doute pour ces raisons que les colonnes du Monde Diplomatique ne sont pas (ou plus – selon les cas) ouvertes à Jean Bricmont, Michel Collon, Michel Chossudovsky, et bien d’autres. Ce n’est pas parce qu’ils soutiennent des dictatures mais parce qu’ils estiment que les principes sur lesquels reposent les souverainetés sont ceux qui permettent de limiter l’impérialisme. Je rappelle donc aux agents impériaux que l’organisation des Nations Unies n’a pas été imaginées pour détruire les souverainetés mais pour limiter leur expression dans l’espace international (et non dans l’espace de leur territoire souverain), et cela afin d’éviter les conflits internationaux (donc l’impérialisme et le colonialisme).

Je finirai donc en disant ceci : tout ceux qui entendent aujourd’hui nous imposer leur nouvelle idéologie interventionniste, et s’en faire les relais, vont devoir trouver d’autres arguments – ce dont je doute qu’ils soient capables- car le droit international sera de plus en plus défendu par les pays qui sont victimes de l’impérialisme. Mais aussi parce que les gens comme moi et des millions d’autres en occident, défendront le principe de non-ingérence et n’accepteront jamais de se soumettre à cette idéologie. Ceci est le seul moyen de sauver la Grèce, la Syrie,etc. mais aussi la France ! C’est également l’unique moyen de combattre l’idéologie de l’impérialisme galopant des néo-colons droits de l’hommistes.



Articles Par : Julien Teil

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