La Palestine doit disparaître
Les États-Unis et l'Europe donnent le feu vert à Netanyahou pour un nettoyage ethnique

Ce fut une nouvelle semaine mouvementée dans un monde en guerre où le terme “diplomatie” n’a plus aucun sens, et serait probablement défini par la responsable américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, comme une doctrine selon laquelle il faut tirer sur quelqu’un avant qu’il ne tire sur vous. Dans mon article de la semaine dernière, j’ai évoqué les informations selon lesquelles les rapports entre Trump et Netanyahu connaîtraient une grave fracture, illustrée par le refus de Trump de parler au dirigeant israélien, suivi de son absence lors de sa récente visite en Israël dans le cadre de son voyage au Moyen-Orient. Des sources ont attribué cette rupture au sentiment de Trump d’être “manipulé” par les Israéliens, une hypothèse tout à fait plausible, qui aurait toutefois dû être reconnue et signalée par les conseillers en politique étrangère de Trump lors de son accession à la présidence en 2017. Israël manipule toujours l’opinion publique américaine via le contrôle des médias et la corruption des politiciens exercé par son lobby.
J’ai estimé les informations faisant état du désenchantement envers le “meilleur ami de l’Amérique” crédibles, peut-être en lien avec des activités d’espionnage impliquant le conseiller à la Sécurité nationale Mike Waltz, même si bon nombre de mes contacts se sont montrés sceptiques, avertissant que tout cela pourrait n’être qu’un coup monté orchestré par Steve Witkoff, le négociateur sioniste itinérant de Trump, dans le but précis de servir les intérêts d’Israël. Cela signifie que les États-Unis ont feint une “rupture” avec Netanyahu afin de pouvoir conclure un accord avec les principaux pays arabes du Moyen-Orient et garantir ainsi la sécurité d’Israël pendant que Netanyahu élimine les Palestiniens de la surface de la terre. Trump a en effet déclaré que sa politique et son voyage au Moyen-Orient ont été “très positifs pour Israël”.
Suite à cet article, j’ai déclaré lors d’une interview avec le juge Andrew Napolitano que le scepticisme est de mise, car Trump n’a strictement rien fait pour infléchir le comportement d’Israël, bien au contraire, alors même qu’il a eu l’occasion de soutenir la création d’un État palestinien dans le cadre de l’ONU et d’exiger la fin du génocide en cours à Gaza. On ne pourra déterminer s’il y a eu une véritable rupture dans les relations personnelles entre les deux dirigeants qu’à la lumière des conséquences, ou de l’absence de conséquences, des politiques menées par Israël au détriment des intérêts américains.
En effet, Netanyahu a personnellement confirmé que tout va bien avec les États-Unis. Il a déclaré lors d’une conférence de presse mercredi dernier qu’il a reçu l’assurance du président Trump que les États-Unis et son administration sont pleinement engagés aux côtés d’Israël malgré les informations relayées par les médias selon lesquelles il y aurait un problème entre les deux dirigeants.
“Permettez-moi de vous donner quelques détails qui n’ont peut-être pas été rendus publics. Il y a quelques jours – environ dix jours, peut-être un peu plus – j’ai parlé au téléphone avec le président Trump. Et il m’a dit, textuellement : ‘Bibi, sois assuré de mon engagement sans faille envers toi. Mon engagement envers l’État d’Israël est absolu’”.
Netanyahu s’est également entretenu avec le vice-président JD Vance, qui, tout comme le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a annulé une visite en Israël.
“[Vance] m’a dit… ‘Écoute, ne prête pas attention à toutes ces rumeurs qui circulent sur cette prétendue rupture…’ Il a dit : ‘Ce ne sont que des rumeurs. Ce n’est pas la vérité, tu sais que c’est faux, et je te le redis, c’est faux’”.
Netanyahu a également déclaré vouloir mettre en œuvre le “plan Trump” pour Gaza, qui prévoit le déplacement permanent de la population palestinienne afin de créer une station balnéaire gérée par les États-Unis sur les ruines de la bande de Gaza. Selon Netanyahu, les Israéliens ont désormais inclus la création de “la Gaza deTrump” parmi les conditions sine qua non pour mettre fin à la guerre contre le Hamas.
Les médias Israéliens et du Moyen-Orient ont largement rapporté et critiqué le génocide et les plusieurs acteurs impliqués dans l’agenda de Netanyahu. Récemment, un article a mentionné les 29 pays, principalement membres de l’Union européenne (UE), menés par le Royaume-Uni, la France et le Canada, à avoir appelé Israël à modérer son comportement sous peine de sanctions et de suspension des accords commerciaux entre l’UE et Israël, qui profitent grandement à l’État hébreu. L’UE a qualifié de “totalement insuffisante” l’annonce faite par Israël d’autoriser l’acheminement d’une partie de l’aide humanitaire.
“Si Israël ne met pas fin à sa nouvelle offensive militaire et ne lève pas ses restrictions à l’aide humanitaire, nous prendrons davantage de sanctions concrètes”,
ont déclaré les dirigeants européens dans un communiqué. Netanyahu a répondu à cette menace en déclarant de manière absurde : “Vous êtes du mauvais côté de l’humanité et de l’histoire”.
Mais comme le dit le proverbe, malheureusement, les paroles coûtent peu, qu’elles viennent de Netanyahu ou des nouveaux détracteurs d’Israël. Les annonces diplomatiques et les menaces de sanctions signifient toujours que l’on tourne autour de la terrible vérité. Israël commet certains des pires crimes de guerre que l’humanité ait jamais connus et les Européens et les Américains semblent déterminés à reculer, à s’en remettre à Israël et à persister à ne rien faire qui puisse mettre fin aux souffrances.
Les réactions européennes, en particulier, ne sont qu’une tentative d’effacer quelque peu leur soutien à 19 mois de génocide. Le très méprisable Premier ministre britannique Keir Starmer, confronté à une opinion publique britannique qui penche fortement en faveur des Palestiniens, a fait grand étalage de mesures contre Israël, et les Israéliens ont joué le jeu en exprimant leur indignation face à l’audace de ceux qui prétendent leur dicter comment traiter leurs voisins. En effet, des sources israéliennes bien informées ont confirmé que les menaces et réactions des deux camps relèvent davantage d’une mise en scène. Un haut responsable israélien a même expliqué aux médias pourquoi les dirigeants européens se sont donné la peine de changer de position après 19 mois de silence sur le génocide meurtrier de Gaza, feignant une indignation soudaine. Tout a été orchestré avec Israël. Il a déclaré :
“Les dernières 24 heures s’inscrivent dans un plan que nous connaissions. Il s’agissait d’une série de démarches coordonnées avant la réunion de l’UE à Bruxelles – et grâce aux efforts conjoints de nos ambassadeurs et du ministre des Affaires étrangères, nous avons pu en modérer les résultats”.
L’indignation actuelle a été orchestrée tout comme le silence qui l’a précédée. Le ministre des Finances extrémiste d’Israël, Bezalel Smotrich, a expliqué pourquoi Israël maintiendra l’équilibre entre le massacre pur et simple de tous les Palestiniens et le ralliement du soutien occidental en autorisant l’entrée d’un minimum vital de nourriture à Gaza :
“Nous avons besoin que nos amis du monde entier continuent à nous fournir une protection internationale contre le Conseil de sécurité et le Tribunal de La Haye, pour que nous puissions continuer à nous battre, si Dieu le veut, jusqu’à la victoire”.
Il a également déclaré que son plan pour la Cisjordanie et Gaza consiste à donner aux Palestiniens le choix entre la soumission, l’émigration et la mort. Smotrich a maintes fois préconisé le recours à la force meurtrière contre les enfants palestiniens avant même qu’ils ne deviennent des terroristes. Mercredi, l’armée israélienne a réitéré ce message et montré à quel point elle se moque de ménager les étrangers qui se mêlent de ses affaires en tirant sur 31 diplomates européens représentant 29 pays qui se rendaient dans la colonie palestinienne de Jénine, en Cisjordanie, dans ce qui semble être un territoire administré à 100 % par les Palestiniens.
Le fait est que personne, au sein des gouvernements européens et américains, ne se soucie réellement des Palestiniens ou de leur extermination. La seule préoccupation des dirigeantsconcerne l’image qu’ils renvoient au reste du monde et aux électeurs de leur propre pays. Israël ment avec tant d’enthousiasme pour défendre sa cause et fournir de fausses preuves étayant son comportement qu’on peut être enclin à se méfier de tout ce qu’il fait. L’assassinat, la semaine dernière, de deux membres du personnel de l’ambassade israélienne à Washington DC par un homme qui a crié “Palestine libre !” a été une bonne nouvelle pour l’État hébreu, en ce sens qu’il suscite de la sympathie pour un pays qui est dans le collimateur des médias depuis plus d’un an. Dans les milieux des services du renseignement, on murmure déjà qu’il s’agit d’une attaque “sous faux drapeau” orchestrée par le Mossad afin de créer un climat favorable alors qu’Israël se prépare secrètement à une attaque imminente contre l’Iran. La phobie de l’Iran fait régulièrement la une des médias israéliens, qui ont récemment affirmé que l’Iran cachait des installations d’enrichissement d’uranium, ce qui est vrai, mais l’objectif étant d’empêcher les Israéliens de les détruire. Ce “battage médiatique favorable” a notamment vu le député juif Randy Fine, de Floride, appeler à recourir à l’arme nucléaire pour détruire Gaza et tuer ses derniers habitants, comme “au Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale”.
Et pour bien faire comprendre à l’Iran ce qui l’attend, l’émissaire présidentiel Witkoff a désormais déclaré que l’accord sur le contrôle nucléaire en cours de négociation avec l’Iran doit inclure un enrichissement zéro de l’uranium, condition qui n’était pas envisagée au début des négociations, garantissant ainsi leur échec. Selon Witkoff,
“nous ne pouvons tolérer ne serait-ce qu’un pour cent de capacité d’enrichissement. Car tout enrichissement permet la fabrication d’armes”.
D’où vient cette exigence ? Sans aucun doute d’Israël, qui dispose secrètement de l’arme nucléaire, par l’intermédiaire des sénateurs vendus à Israël Lindsey Graham et Tom Cotton. Et en suivant ce raisonnement, on peut supposer que Donald Trump aussi est dans le coup, prêt à donner un coup de main à Netanyahu, à se prosterner devant lui, puis à l’acclamer avant d’envoyer les Yankees achever la destruction de la Perse. Et si l’Iran riposte efficacement et par la force, Israël dispose en outre d’environ 200 ogives nucléaires qu’il n’hésitera sans doute pas à utiliser dans le cadre de son plan de guerre “Sampson Option”. Et Trump dira sans doute quelque chose comme
“Quelle belle explosion ! Il n’y a rien de mal à cela ! Nous avons utilisé des armes similaires pour mettre fin à la Première Guerre mondiale !
Philip Giraldi
Article original en anglais : Making Palestine Go Away, The Unz Review, le 23 mai 2025.
Traduit par Spirit of Free Speech