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La «parapolitique» demeure bien ancrée en Colombie
Par Benito Perez
Mondialisation.ca, 17 mars 2010
Le Courrier 17 mars 2010
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https://www.mondialisation.ca/la-parapolitique-demeure-bien-ancr-e-en-colombie/18166

ÉLECTIONS – Le parlement le plus corrompu de l’histoire colombienne ressort intact des urnes. Malgré la fraude, certains tenteront de porter la voix des victimes.

Forte abstention, irrégularités «massives» et claire majorité de droite: les élections législatives de dimanche n’ont pas réservé de grosses surprises en Colombie. La coalition qui a soutenu durant huit ans Alvaro Uribe survivra au départ du leader populiste après la présidentielle du 30 mai prochain. Le scandale de la «parapolitique», qui a vu des dizaines d’élus de droite emprisonnés pour leurs liens avec ces milices responsables d’au moins 30 000 assassinats, n’aura donc pas d’impact sur la composition des deux chambres, toujours dominées par le Parti social de l’unité nationale (La U) et le Parti conservateur. La coalition de gauche Pôle démocratique alternatif (PDA) subit, elle, son premier recul électoral depuis sa naissance. Avant même que ne soient connus les premiers résultats, les craintes d’avant scrutin se confirmaient: moins de 45% des Colombiens se sont déplacés aux urnes. Et parmi ces 13 millions de suffrages exprimés, plus de deux millions ont été annulés ou étaient blancs! Du coup, les futurs députés et sénateurs ne devront leur siège qu’à environ 37% des citoyens…

La journée s’était pourtant déroulée sans grands incidents avec les FARC, cause habituelle d’une partie de l’abstention. Un calme qui rend également surprenant le long retard enregistré entre la fin du vote et la restitution des premiers résultats.

Autre motif d’inquiétude pour les observateurs, le «prosélytisme armé» particulièrement actif dans les départements de la côte Pacifique. Selon la Mission d’observation électorale (MOE), une ONG indépendante qui avait déployé des milliers de personnes pour surveiller le scrutin, si les «contraintes» exercées par les paramilitaires sont en recul par rapport à 2006, elles ont été remplacées par des «achats massifs de votes» grâce à l’argent du narcotrafic. Plus de 250 plaintes pour fraude ont été enregistrées.

Prime parapolitique

Finalement tombés hier après-midi, les résultats officiels confortent la position de Juan Manuel Santos, le dauphin présumé d’Alvaro Uribe. Avec près d’un quart des suffrages, La U réussit son premier examen en solitaire, même si les sociaux-nationaux devront composer avec des conservateurs requinqués par plus d’un cinquième des voix.

Ces deux principaux pôles de la droite pourront encore compter sur les élus de Cambio Radical et du Parti de l’intégration nationale (PIN) qui, malgré (grâce à?) leur forte identification à la parapolitique, obtiennent une quinzaine de points à eux deux. Selon le MOE, le PIN arrive largement en tête des achats de votes constatés.

Déroute de la gauche

Dans l’opposition, seul le Parti libéral fait un score honorable, se maintenant avec un sixième des suffrages. Surtout, le vieux conglomérat centriste reprend le leadership de l’opposition au PDA, qui paie cher ses divisions internes (lire ci-dessous). Après plusieurs scrutins prometteurs, son candidat Carlos Gaviria avait été le principal challenger d’Alvaro Uribe en 2006, obtenant 22% des voix. La gestion controversée de Bogota par le maire Samuel Moreno et les batailles de courants ont ramené le «Polo» en dessous de la barre des dix points…

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