La poudrière du Kurdistan Irakien
La guerre civile irakienne n’oppose pas seulement chiites et sunnites. Elle met également aux prises les minorités du kurdistan, où de nombreux sunnites se sont installés à l’époque de Saddam Hussein, et sont maintenant menacés par les aspirations à l’autonomie des Kurdes d’Irak. La ville Kurde de Tal Afar vient d’être le théâtre d’attentats et de représailles sanglantes qui on fait plus de 150 victimes en deux jours.
Des miliciens chiites et des membres de la police, rendus furieux par des attentats extrêmements meurtriers perpétrés par des camions piégés, se sont livrés à un massacre contre les sunnites dans la ville Kurde de Tal Afar, exécutant près de 70 personnes.
Tal Afar est située au Kurdistan irakien à 130 km de la frontière Syrienne, et est majoritairement habitée par des populations d’origine Turque, avec une prédominance de chiites. Mais elle était aussi un bastion de la résistance sunnite à l’occupation, avant qu’une opération conjointe des forces américaines et irakiennes n’y ramèment le calme lors d’une opération menée en septembre 2005.
Les exécutions sommaires qui ont eu lieu hier interviennent au lendemain de l’explosion de plusieurs camions piégés, mardi, qui ont tué 80 personnes et en ont blessées 185.
Les témoins ont rapporté des scènes de massacres de sang froid perpétrés par des miliciens et cetains policiers chiites qui ont investi le quartier sunnite, pénétré chez ses habitants et assassiné froidement d’une balle dans la tête ceux qui se trouvaient sur leur chemin, soit dans leurs domiciles, soit après les avoirs entraînés dans la rue.
Le général Khourshid al-Douski, commandant de l’armée irakienne, fait état de 70 exécutions sommaires et de 40 enlèvements.
Selon Ali al-Talafari, sunnite membre du Parti du Front turkomène, l’armée aurait procédé à 18 arrestations parmi les membres de la police après qu’ils aient été identifiés par les familles des victimes.
Selon le gl Al Douski, l’un des camions a explosé dans un quartier chiite après que le conducteur ait rassemblé une foule autour de lui en affirmant qu’il transportait de la farine devant être distribuée comme aide humanitaire.
kirkourk, enjeu de toutes les tensions
Nous reproduisons ci-desous un extrait de la revue de presse du 2 février 2007, décrivant les tensions autour de Kirkourk, avec pour enjeu les revenus du pétrole, illustrant la complexité de la situation au Kurdistan.
La ville pétrolière du nord de l’Irak est revendiquée par les Kurdes. Mais ni les arabes sunnites, ni la minorité Turkmène ne sont décidés à se laisser expulser.
Et la Turquie n’est absolument pas prête à voir se développer une région autonome Kurde bénéficiant de revenus pétroliers à sa frontière.
Officiels US, leaders politiques et habitants sont de plus en plus inquiets de voir cette ville du nord est de l’Irak, richement dotée en pétrole, devenir un nouveau front dans la guerre civile.
Les tensions communautaires montent à l’approche d’un referendum qui doit décider du statut de la ville et de sa région.
Turkmènes, Kurdes et Arabes sunnites ou chiites veulent chacuns de leur coté le contrôle de la région.
Aucun groupe ne veut la guerre, mais il semble que tout le monde s’y prépare.
Sheik Abdul Rahman Obeidi, leader sunnite : nous ne nous en irons pas, et nous ne laisserons personne prendre le contrôle de Kirkourk. Nous sommes prêts à nous battre. Nous espérons n’avoir pas à le faire, mais nous y sommes prêts.
Les leaders Kurdes, de leur coté, affirment qu’ils prendront la ville, légalement ou par la force.
L’Iran et la Turquie redoutent qu’une région autonome Kurde incluant Kirkourk gagne suffisamment en assurance et dispose d’assez de ressources économiques pour vouloir marcher vers l’indépendance. Ce qui renforcerait les mouvements Kurdes dans les pays voisins et destabiliserait la région.
La détermination du corps électoral est un point central de désaccord entre les communautés.
Au dernier recensement effectué dans la ville en 1957, 40% des résidents étaient Turkmènes, 35% Kurdes et 24% Arabes. Dans cette province, les Kurdes étaient majoritaires à 55%.
Dans les années 1970, Saddam Hussein voulant Arabiser la région a expulsé 250 000 Kurdes, et les a remplacés par des chiites venus du sud de l’Irak.
Depuis l’invasion, des milliers d’Arabes et de turkmènes ont fui, et 350 000 Kurdes se sont établis à Kirkourk. Les Kurdes veulent récupérer leurs biens spoliés par les arabes, et réclament que ceux-ci quittent la région, ou abandonnent leur droit de vote.
Source de la version française: Contre info