La recherche de la «vérité» a-t-elle encore un sens?

La question est désormais célèbre : « Mais qu’est-ce que la vérité ? » (Ponce Pilate, Procurateur romain de Palestine)

En Occident, nous affirmons facilement « savoir », mais nous n’admettons que difficilement « ignorer »! Pire encore, il est quasi impossible d’admettre que une partie de ce que nous prétendons savoir pourrait être erronée! Quant à ce qui est considéré comme « certain », il est important de dire que cela ne peut être, par définition, que « faux ». On peut avoir des convictions, qui par nature sont ouvertes à l’évolution et à la remise en cause, mais on ne peut pas être « certain », car la certitude est dogmatique, elle est intransigeante, intolérante, absolue, sectaire, inamovible, définitive, sans remise en cause possible! Une certitude affichée doit entraîner le doute dans l’esprit de celui qui est lucide, conscient, raisonnable…

« Vérité » et ultra libéralisme sont incompatibles!

Robert Cooper – haut fonctionnaire du Secrétariat Général de l’UE, ancien conseiller de Solana devenu celui de Lady Ashton, muse politique de Tony Blair et l’un des théoriciens connus du néo-colonialisme – parlait le 1er juillet 2010 à Bruxelles, assisté de Nicole Gnesoto, devant une assistance attentive.

Son intervention traitait des valeurs de notre système et de la valeur de notre système. Cooper, fit une apologie de l’excellence du schéma ultra libéral et néo conservateur, néocolonialiste. Mais, lors du temps des questions posées par l’assistance, le ton de ses réponses et celui de ses conclusions fut bien différent : cassant, intolérant, intransigeant, sans répartie possible, appuyé sur une certitude tenant de l’absolutisme de la raison. C’était bien connu: « il n’y avait rien qui puisse surpasser le système ultra libéral et néo-colonialiste,  comme de toute façon, rien d’autre n’était possible »! On aurait pu y voir un argument du désespoir de Cooper pour imposer sa certitude ne souffrant pas la contestation.

Lorsque des participants à la conférence lui montraient les catastrophes et les crises qui s’accumulaient, les menaces de guerre et les désastres qui frappaient le monde à cause de la nature même de ce système, Cooper ne répondait que par un silence fracassant, puisque rien de ces faits ne pouvait être contesté!

Au moment où un diplomate chinois, lui annonçait que ce système occidental allait avoir prochainement  « des surprises…  lorsqu’il verrait l’évolution de son pays avec celle de sa sphère d’influence », il faudrait bien qu’il abandonne ses certitudes! La seule réponse de Cooper fut le silence absolu!

L’Occident croit être la civilisation de référence et en même temps l’avenir du monde. Il s’imagine que sa puissance peut défendre cette certitude pour longtemps! Ce sont des gens intelligents et « brillants » qui pensent ainsi et se font les gardiens fanatiques du système et de son dogme totalitaire. Rien ne peut faire changer d’avis un Cooper qui campe dans ses certitudes accompagné de la cohorte des chiens de gardes de ce camp d’internement occidental. Lorsque la réalité contraire s’impose à ce camp, c’est, pour toute réponse, le silence qui règne!

« Qu’est-ce que la vérité ? » Pour les élites de l’UE, c’est une certitude acquise une fois pour toute et qui se base exclusivement sur une « croyance » : celle qui affirme qu’ils ont absolument et définitivement raison contre tous et contre tout ce qui démontre le contraire! Dans cette étrange façon de concevoir la « logique », les effets désastreux ne peuvent être rattachés à leur cause!

L’exemple des certitudes de monsieur Cooper, illustre à merveille celles de milliers de personnes, constituant les élites dirigeantes de l’UE. Cet exemple peut également être perçu comme partagé par des millions d’Européens. Ces gens-là n’hésiteront pas à protéger, sauver le système et prouver qu’ils ont raison, qu’ils « détiennent la vérité » en imposant le fracas retentissant de la puissance nucléaire pour faire taire tout dissident, tout hérétique, tout opposant et tout contestataire de l’idéologie qui est certitude indiscutable!

En effet, après le point final du fracas nucléaire, nous aurions à nouveau le silence absolu comme ultime réponse à l’affirmation intransigeante des idéologues de l’Occident. Il va de soi que cette puissance occidentale, avec sa liste sans fin des catastrophes et des crises qui s’accumulent, des paralysies et des impuissances, est, dans la réalité, en phase finale d’effondrement. Cet effondrement est irréversible: il sera achevé dans les douze ans qui viennent. En Occident, avec cette chute du système, tout sera irrésistiblement entraîné à l’abîme! La chute des trois tours du WTC (et non pas deux) n’était que l’inauguration à la fois réelle et symbolique de cette chute de l’Occident.

Celui qui « dit la vérité, doit être exécuté ! » répète la chanson! Dès que vous allez contester le discours « officiel », vous allez être traité au choix de « fasciste, de raciste, d’antisémite, d’homophobe ou de misogyne, de populiste, d’extrémiste, de gauchiste, de rouge/brun du Web, de complotiste, de troll de Poutine » si vous êtes positif sur la Russie…etc.

Seuls pour le moment, les tribunaux sont encore obligés de maintenir les apparences d’une « recherche de la vérité » en suivant les lois qui excluent les rumeurs, les pseudo-preuves ou les preuves invalidées par une chaîne de responsabilité brisée. Nous pouvons relever que le récent procès en Californie, qui a conclu que le Roundup de Monsanto était effectivement cancérigène, prouve que les Magistrats sont encore un rempart important contre le mensonge.

L’opinion publique manipulée par les agitateurs spécialisés fait des dégâts considérables au sein de l’humanité. Ce sont des vies brisées, des carrières ruinées, des réputations salies arbitrairement… Des accusations arbitraires, parfaitement injustes, sont régulièrement balancées dans l’arène des déchirements et du spectacle de la décadence des jeux du cirque appelés aujourd’hui « téléréalité »!

S’ajoute à cela le procès lynchage, devenu fréquent, de la rumeur malveillante et de l’arbitraire qui est en même temps l’exécution du condamné ne pouvant ni se défendre ni être défendu!

La perversion est triomphante dans ce contexte et conduit les actes même des États. C’est tous les jours, par exemple, que le peuple syrien est arbitrairement martyrisé au nom de la « coalition illégale de Doha » dirigée par les USA qui n’hésitent pas à fabriquer le mensonge à l’état brut en inventant des « attaques chimiques perpétrées par Bachar el Assad contre son peuple» !

Ces attaques sont vraiment inexistantes, mais les preuves sont données des simulations filmées avec de vrais otages servant de figurants menacés. Cette pratique du mensonge est logique et nécessaires pour salir, déshonorer, humilier l’opposant et justifier le martyre que les mercenaires djihadistes imposent ensuite aux Syriens, puisque ces derniers refusent de se plier à la dictature de l’Empire!  Ainsi, « l’axe du bien » fait triompher le mensonge appelé « vérité »!

L’idéologie fasciste ultra libérale dicte les comportements pour sa cause. Les USA, sans scrupules, enlèvent des ressortissants étrangers du monde entier pour les emprisonner dans leur enfer carcéral ou les torturer comme à Guantánamo…

Malgré toutes ces tares, perversions, incohérences et catastrophes possibles constatées, les forces qui contestent le système ultra libéral ne le convaincront jamais de son erreur : au contraire, elles le renforceront dans ses certitudes rigides. C’est pourquoi, selon la position sectaire de l’Occident, un affrontement sera inévitable contre les forces de la contestation de ce système : contre la Russie, la Chine et leurs alliés… Cet affrontement a déjà commencé directement en Ukraine et en Syrie.

Observons que l’affrontement de la raison humaine manipulée par la déraison humaine annonçant la fin de l’Histoire, transcende absolument toutes les lignes idéologiques, car il s’agit de refuser les arguments adverses.

Comment cette raison humaine peut-elle défendre un tel système catastrophique? Par la perversion devenue subversion, sacrilège, mensonge transformé en vérité!

La raison humaine manipulée par la déraison humaine se tient sur le banc des accusés; elle tient la première place aujourd’hui, lorsque, tous sidérés, nous observons le champ de ruines qu’est déjà devenu ce monde en l’espace de quelques décennies!

La cause de cette crise de notre système en phase terminale, est la raison humaine, ses impulsions, ses orientations, ses promesses trahies et surtout ses illusions sur elle-même, en un mot : sa psychopathologie. L’accusée centrale et unique de la catastrophe est bien cette raison humaine manipulée par la déraison humaine: la psychopathologie de l’être humain. Ce n’est pas la psychopathologie humaine qui peut trouver une solution aux problèmes qui se posent. Puisque la raison est manipulée par la déraison, comment allons-nous nous en sortir? La raison humaine a été disqualifiée dans sa responsabilitépremière.

Les Cooper et compagnie, restent les partisans inconditionnels du système, ils nient l’arrivée du chaos et de l’effondrement du système, sans pouvoir reconnaître le chaos et l’effondrement du système qui sont déjà là. Nous sommes actuellement dans le chaos et dans l’effondrement du système. Toute discussion sur le chaos et l’effondrement est déjà devenue inutile puisque l’objet de la discussion est en ce moment devenu la réalité. La raison a été disqualifiée, elle n’a donc plus rien à dire tant qu’elle est sous la domination de la déraison. La raison humaine est impuissante à distinguer l’ampleur critique de la situation et son caractère dévastateur.

La raison doit tout d’abord redevenir un simple outil du jugement, comme la psychologie transmet les sensations et les perceptions. Une telle transformation pourrait renouveler la pensée. La créativité, l’inspiration, l’intuition, les perceptions extra sensorielles, tout cela devrait à nouveau venir nourrir une pensée capable de forger des convictions ouvertes sur une évolution permanente de la conscience et retrouver ainsi le sens du sacré et de l’intériorité qui constitue en soi toute l’historie essentielle de l’hominisation et qui, rappelons-le, n’a rien à voir avec la religion.

Les personnes se plient au discours « officiel », elles se taisent et ne veulent pas s’exposer aux polémiques. Elles sont dans un déficit énorme d’idéal et préfèrent se tourner vers leurs besoins à satisfaire… La fracture entre les très riches et les autres devient sidérale. Une majorité est silencieuse pendant qu’une minorité de combattants assure la lutte pour une « recherche de la vérité », c’est-à-dire pour une recherche de la cohérence et de la liberté légitime des peuples…

Les formations qui sont assurées par le système, sont une simple capacité à reproduire les standards, la connaissance dogmatisée, conditionnée, labellisée, sans poser de questions. De leur côté, les mass medias ne doivent surtout plus rien vérifier : il s’agit aujourd’hui de la priorité de l’audimat et de la vente des news déversées comme un torrent destructeur sur des intelligences anesthésiées… Les recettes de la publicité seules comptent.

Il est évident que « le souci de la vérité » est devenu hors sujet, sans intérêt, face à la construction virtuelle, artificielle de la réalité facilement fracturée en différentes versions qui sont mises ensuite en  compétition selon le public auquel on s’adresse! Une référence à la connaissance d’une « vérité » objective est superflue, inutile, voire elle peut même se transformer en une « perle précieuse qui a été jetée et piétinée par les cochons »!

L’intention des falsificateurs, manipulateurs, est de produire des fausses nouvelles, de la désinformation, de la propagande, avec l’objectif  de les rendre populaires. Le rôle de celui qui dit la vérité est de les repousser par tous les moyens, en soulignant les contradictions internes, les hypothèses qui ne tiennent pas la route, les preuves du contraire, les conflits d’intérêts, les a priori, la mauvaise foi, les parti pris, les agendas cachés, les pratiques de corruption… Il est clair que tous ceux qui manifesteront un désaccord argumenté, seront qualifiés de théoriciens du complot, parce que l’argumentation du manipulateur n’existe pas vraiment et se trouve d’emblée en déficit. Il est alors plus simple de traiter l’opposant de « complotiste ».

Pendant que les manipulateurs et les faussaires sont chargés d’élaborer des « fakes news », le rôle principal de ceux qui recherchent la vérité est simplement de les détruire. En se référant au 11 septembre, par exemple, les faussaires et manipulateurs disent que « deux tours ont été démolies par Al-Qaeda, dirigée par Oussama Ben Laden et que chaque tour a été percutée à l’aide d’un avion. » La réponse de ceux qui recherchent la vérité est de dire : « faux, le nombre de tours était de trois, pas de deux (les deux tours du WTC et la tour plus éloignée où se trouvait un centre de la CIA qui s’est effondrée, elle aussi, sur le même modèle que les deux autres tours, dans le même temps, sans la possibilité de le faire avec un avion!) Si l’on prend au sérieux les manipulateurs et falsificateurs du discours officiel, on est obligé de dire que ce sont donc 2/3 d’avion qui ont détruit chaque tour! A chacun d’en tirer la conclusion logique qui s’impose dans ce cas de figure!

Enfin, il est certainement difficile de continuer à vivre normalement lorsque ceux qui nous ont dressés à respecter l’innocence intrinsèque du Pouvoir, nous mentent continuellement sur des questions essentielles et nous obligent à dire qu’une réalité aussi manifestement fausse doit être considérée comme la « vérité ». Nous savons tous que la « vérité » finit toujours par se savoir vraiment, alors que les jours du mensonge sont inévitablement comptés.

La raison humaine est prise de folie, sous l’emprise de la déraison et c’est cette folie qui conduit l’Occident déjà dans sa chute vertigineuse et son effondrement irréversible, puisqu’il a choisi délibérément le mensonge comme vêtement préféré pour habiller sa civilisation de répression!

Jean-Yves Jézéquel

 



Articles Par : Jean-Yves Jézéquel

A propos :

Jean-Yves Jézéquel, philosophe et psychanalyste, diplômé du troisième cycle en sciences humaines, est l’auteur d’une trentaine d’essais en philosophie, spiritualité, religion, psychologie. Il publie également depuis 2014, une série d’analyses sur les grandes questions actuelles de société.

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]