Un soldat canadien à sa descente d’hélicoptère dans la ville de Jacmel au sud de Port-au-Prince. © REUTERS
Plus d’une semaine après le séisme dévastateur à Haïti, le président de la République Dominicaine voisine a dressé un premier bilan du coût de la reconstruction. Selon Leonel Fernandez 10 milliards de dollars devront être débloqués pour permettre au pays de se reconstruire. Un trio Etats-Unis, Canada et Brésil devrait diriger les efforts des donateurs.
La constitution de ce trio sonne comme une évidence. Au regard de la proximité géographique, l’alliance des Etats-Unis du Canada et du Brésil pour piloter la reconstruction d’Haïti est logique. Barack Obama a aussi fait en sorte que le leadership américain paraisse naturel. Il « existe des liens étroits » entre les Etats-Unis et « un voisin qui n’est distant que de quelques centaines de kilomètres au sud de nos côtes » a déclaré le président américain dans une tribune parue mercredi dans Newsweek et Le Monde. Barack Obama n’a tout de même pas oublié de souligner qu’ils entendent travailler « en étroite collaboration » avec les autres pays des Nations unies.
Les Américains sont restés dix-neuf ans sur l’île après y avoir débarqué en 1915. Plus récemment, hostiles au premier Président démocratiquement élu, Jean-Bertrand Aristide, la Maison Blanche a bloqué l’aide à destination d’Haïti. L’aura de Barack Obama et peut-être sa couleur de peau inspirent désormais confiance aux Haïtiens. L’urgence de la situation a effacé la méfiance que peuvent inspirer les Etats-Unis. Aujourd’hui à Port-au-Prince la population ne parle plus d’ingérence. Elle réclame au contraire avec force que les troupes américaines aident les forces locales à rétablir l’ordre dans les rues de la capitale.
Une conférence à Montréal pour clarifier le rôle de chacun
La France a semblé sur la défensive face à ce leadership et cet axe américain qui se dessine pour relever le pays de la désolation. L’absence de message clair et fort de L’Europe n’a rien arrangé. Selon Philippe Moreau-Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales, s’il n’y pas de « mainmise américaine sur Haïti », cependant les Américains y ont « des intérêts extrêmement importants », notamment en ce qui concerne les flux migratoires.
La prochaine conférence de Montréal le 25 janvier prochain, à laquelle se rendra le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, devrait contribuer à apaiser d’éventuelles tensions. Selon le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon, elle « servira à établir une vision claire et commune entre les partenaires clés qui participent aux efforts de secours ».
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