La Russie suggère aux experts malaisiens d’examiner ses données sur le MH17

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La Russie a suggéré à la Malaisie d’envoyer ses experts examiner les données fournies par Moscou sur l’accident du vol MH17 de la Malaysia Airlines. Cette proposition a été faite par Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, après une réunion avec son homologue malaisien Saifuddin Abdullah, le 14 novembre, lors de laquelle ce dernier a exprimé l’espoir que toutes les preuves concernant le crash du Boeing malaisien seront rendues publiques.

Lors de cette réunion entre les deux ministres des Affaires étrangères, Saifuddin Abdullah a déclaré que la Malaisie fera tout ce qui est en son pouvoir pour rendre les preuves publiques. Il a aussi souligné que la Malaisie est prête à écouter toute personne qui a des informations concernant la catastrophe.

En réponse à ces déclarations, Sergueï Lavrov a rappelé que la Russie avait fourni au JIT (l’équipe internationale d’enquête) de nombreuses preuves concernant le crash du MH17 (données radar, images satellites, simulations et test grandeur nature d’Almaz-Anteï, etc), et a proposé à la Malaisie d’envoyer ses experts examiner ces éléments, que l’équipe internationale d’enquête n’aurait pas fournis à Kuala Lumpur.

« Nous avons également parlé aujourd’hui de ce que la Russie faisait pour garantir l’enquête la plus objective, la plus détaillée et la plus précise possible, et de tout ce que nous avons transmis comme informations sous la forme d’une démonstration de la manière dont tout cela aurait pu se produire et les conclusions que l’on pourrait en tirer », a souligné M. Lavrov. « Tout cela est ignoré par le JIT, et si j’ai bien compris, la Malaisie n’a pas été informée des données que nous avons fournies au JIT. C’est pourquoi nous avons invité nos amis malaisiens à envoyer des experts auxquels les nôtres transmettront tout ce qu’ils ont présenté et envoyé au JIT aux Pays-Bas, » a-t-il ajouté.

Le ministre russe des Affaires étrangères a exprimé l’espoir que cela aiderait « les collègues malaisiens à être mieux informés que le reste de l’équipe d’enquête ne le souhaiterait ».

Saifuddin Abdullah a en effet rappelé lors de cette réunion que la Malaisie n’avait été invitée à rejoindre l’équipe internationale d’enquête qu’à la fin de l’année 2014, plusieurs mois après la catastrophe, et bien après que le JIT ait commencé son travail.

De plus, cette inclusion de la Malaisie dans l’équipe d’enquête n’a eu lieu qu’après que les autres participants (Pays-Bas, Australie, Belgique et Ukraine) aient conclu ensemble un accord restreignant la publication des informations concernant l’enquête (si un des signataires de l’accord refuse qu’une information soit rendue publique, celle-ci restera secrète).

« Pour autant que nous le sachions, avant que la Malaisie ne soit invitée à se joindre à l’équipe, d’autres membres avaient pris la décision que toute information ne serait rendue publique que si tous, y compris l’Ukraine, étaient d’accord sur ce point », a noté le ministre russe des Affaires étrangères.

Or l’Ukraine est un des suspects potentiels, et elle dispose d’un droit de veto sur la publication des informations concernant l’investigation. Une méthode assez « inhabituelle » de mener une telle enquête comme l’a noté Sergueï Lavrov.

Le ministre russe des Affaires étrangères a aussi souligné qu’il n’était pas nécessaire de se donner beaucoup de mal pour rendre public les preuves concernant le crash du MH17.

« Récemment, ils ont publié des enregistrements téléphoniques, et il a fallu cinq ans pour les produire. Mais cela ne demande aucun effort de montrer au monde les faits qui existent déjà depuis longtemps », a-t-il dit. « Tout d’abord, il s’agit des enregistrements des conversations avec les contrôleurs aériens ukrainiens, les données radar, des données de radars primaires ukrainiens, qu’ils ne fournissent pas sous prétexte que tous ces radars, à ce moment précis, ne fonctionnaient plus et, bien sûr, les données que les États-Unis ont promises, les données de leurs satellites ». Sergueï Lavrov a fait remarquer que « rien de tout cela n’est présenté, bien qu’il soit plus facile de le faire ».

Concernant les enregistrements téléphoniques récemment publiés par le JIT, il est remarquable qu’aucun des enregistrements ne mentionne le crash MH17. Résultat ces bandes audios n’apportent strictement rien à l’enquête qu’elles ne font pas avancer d’un iota.

De plus au vu de la facilité de cloner une voix avec les derniers logiciels équipés de systèmes d’apprentissage machine qui sont sur le marché, et le fait qu’il a été prouvé que le SBU avait publié en 2014 juste après le crash du MH17 un enregistrement téléphonique contrefait, la validité d’une telle preuve ne vaut désormais plus un kopek.

Et pendant que le JIT passe son temps à publier des non-preuves suivies d’appels à témoins, alors que l’enquête aurait dû être bouclée longtemps avant de se lancer dans un procès (qui doit avoir lieu l’an prochain), nous attendons toujours des preuves irréfutables de ce qui est réellement arrivé au vol MH17 dans le ciel du Donbass, le 17 juillet 2014.

Christelle Néant

 



Articles Par : Christelle Néant

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