La Turquie bombarde les villages syrien dans le silence approbateur de l’Occident

Alors que la Turquie ne conduit pas de combat contre l’état islamique, en Syrie ou ailleurs, mais est plutôt accusée de soutenir le terrorisme en favorisant le commerce et garantisant l’infrastructure, l’artillerie turque vient, hier 1er février, de bombarder des villages syriens, faisant des victimes dans la population civile. Pour autant, le silence, tant des chancelleries occidentales, que de la presse est assourdissant.

 

Voici la vidéo des bombardements turcs sur le territoire syrien :

La Turquie a ainsi tiré sur les villages dans la montagne, au nord de Lataquié, justement là où se trouve la base militaire russe qui lutte contre les terroristes et dérange de plus en plus. Le ministère des affaires étrangères syrien a annoncé que des civils ont été blessés suite à ces bombardements de l’armée régulière turque, a envoyé une note de protestation et demande officiellement des explications.

Dans la mesure où un Etat attaque le territoire et la population d’un autre Etat souverain, cela constitue une violation du droit international. C’est évidemment la position de Damas, les autres pays ayant tendance à oublier l’existence de la souveraineté syrienne, qui existe toujours malgré le conflit armé.

Le ministère de la défense russe a également montré les vidéos prouvant le bombardement turc et le condamnant :

Pour autant, le silence en Europe et aux Etats Unis est total. Evidement, l’on peut lire que la Russie attaque en fait l’opposition modérée, mais armée, et qu’elle provoque ainsi, selon le ministre anglais des affaires étrangères, le flux de migrants ; qu’en collaborant avec l’Iran et la Syrie, la Russie empêche de régler politiquement le conflit. Non, le ridicule ne tue pas, mais le niveau de la diplomatie européenne rencontre celui des conversations du PMU. Le Figaro parle lui seulement de ces pauvres turkmènes qui partent de Syrie vers la Turquie ces derniers jours suite à l’intensification des combats.

Et c’est la faute de la Russie qui lutte efficacement contre le terrorisme, 1300 cibles terroristes détruites en une semaine. Cette Russie qui ose renforcer ainsi la position de Assad dans le processus politique. Alors que l’Occident a décidé de son départ. Alors qu’il n’est pas question de tenir compte du point de vue de la population. Or, l’armée régulière syrienne gagne du terrain. Il devient difficile de justifier le départ de Assad.

Deux questions restent toutefois en suspend.

Pourquoi la Turquie a-t-elle attaqué la Syrie ?

Ici deux versions sont avancées. La première est une provocation, comme elle avait tenté en Irak, comme lorsqu’elle avait abattu le bombardier russe et ensuite était partie vite se cacher sous les jupes de l’OTAN. La seconde, apparue ce matin dans la presse russe, explique ces tirs par la nécessité de la Turquie de couvrir par l’artillerie le retrait et les mouvements des groupes terroristes à la frontière. Serait-ce justement ces 3000 turkmènes dont parle le Figaro qui viennent de repasser la frontière en toute urgence ? Coïncidence certainement.

Mais reste à savoir comment la Syrie doit réagir ?

La Syrie a été agressée sur son territoire par une armée régulière d’un Etat souverain. Doit-elle répondre également militairement ? Pour parler simplement, disons que la Turquie a déclaré la guerre à la Syrie, mais pour faire la guerre il faut être au moins deux. Si la Syrie répond, la communauté internationale dira que le régime sanguinaire de Assad guerroie contre la pauvre Turquie, membre de l’OTAN, devenue miraculeusement partie agressée. Ce qui risque de légitimer l’intervention de l’OTAN en Syrie. Mais alors également contre la Russie et les pays qui luttent à ses côtés et aux côtés d’Assad contre le terrorisme. Ont-ils réellement envie d’aller jusque là ?

Karine Bechet-Golovko 

mardi 2 février 2016



Articles Par : Karine Bechet-Golovko

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