La veille de Noël, Bethléem n’est qu’une ville fantôme
La crèche, Jésus dans son linceul blanc, tel les centaines d'enfants tués à Gaza, les barbelés & les ruines grises ne reflètent plus les lumières joyeuses nimbant d’éclats colorés le temps de Noël.

Le lieu de naissance biblique de Jésus, habituellement animé, ressemblait dimanche à une ville fantôme, les célébrations de la veille de Noël à Bethléem ayant été annulées en raison de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les lumières festives et le sapin de Noël qui décorent habituellement Manger Square étaient absents, tout comme les foules de touristes étrangers qui se rassemblent chaque année à l’occasion de cette fête. Des dizaines de membres des forces de sécurité palestiniennes patrouillaient sur la place vide.
Les boutiques de souvenirs ont tardé à ouvrir la veille de Noël, mais quelques-unes l’ont fait une fois que la pluie a cessé de tomber. Les visiteurs étaient cependant peu nombreux.
“Cette année, sans l’arbre de Noël et sans les lumières, c’est l’obscurité”, a déclaré le frère John Vinh, un moine franciscain du Viêt Nam qui vit à Jérusalem depuis six ans.
Il a expliqué qu’il venait toujours à Bethléem fêter Noël, mais que cette année lui donnait particulièrement à réfléchir, alors qu’il contemplait une crèche sur Manger Square, avec un petit Jésus emmailloté dans un linceul blanc, rappelant les centaines d’enfants tués dans les combats à Gaza. Des barbelés entourent la scène, et les ruines grises ne reflètent aucune des lumières joyeuses et des éclats colorés qui nimbent habituellement la place pendant la période de Noël.
“Rien ne peut justifier l’installation d’un sapin et une célébration normale, alors que nombreux sont ceux qui n’ont même pas de maison où aller”, a déclaré Ala’a Salameh, l’un des propriétaires du restaurant Afteem, un restaurant familial de falafels situé à quelques pas de la place.
Ala’a Salameh explique que la veille de Noël est généralement le jour le plus chargé de l’année.
“Normalement, on ne trouve pas une seule chaise pour s’asseoir, nous sommes pleins du matin jusqu’à minuit”, a déclaré M. Salameh. “Cette année, une seule table a été occupée, par des journalistes faisant une pause pour échapper à la pluie.”

Des personnes déploient un grand drapeau palestinien sur Mangel Square, près de l’église de la Nativité, le jour de la visite du patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, dans la vieille ville de Bethléem pour les événements de Noël, à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2023. (Reuters)
M. Salameh explique que son restaurant ne fonctionne qu’à 15 % de son activité habituelle, et que ça ne suffit pas à couvrir ses frais de fonctionnement. Il estime que même après la fin de la guerre, il faudra au moins un an pour que le tourisme revienne à la normale à Bethléem.
L’annulation des festivités de Noël est un coup dur pour l’économie de la ville. On estime que le tourisme représente 70 % des revenus de Bethléem, dont la quasi-totalité pendant la période de Noël.
Les principales compagnies aériennes ayant annulé leurs vols vers Israël, peu d’étrangers se rendent dans la ville. Les autorités locales affirment que plus de 70 hôtels de Bethléem ont été contraints de fermer, privant des milliers de gens de leur emploi.
Selon les autorités sanitaires, plus de 20 000 Palestiniens ont été tués et plus de 50 000 blessés au cours de l’offensive aérienne et terrestre d’Israël contre les dirigeants du Hamas à Gaza, tandis qu’environ 85 % des 2,3 millions d’habitants du territoire ont été déplacés. La guerre a été déclenchée par l’assaut meurtrier lancé par le Hamas le 7 octobre contre le sud d’Israël, au cours duquel les militants ont tué environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris plus de 240 otages.
Les combats à Gaza ont également affecté la vie en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, l’accès à Bethléem et à d’autres villes palestiniennes des territoires occupés par Israël est difficile, avec de longues files d’automobilistes attendant de passer les checkpoints militaires. Les restrictions ont également empêché des dizaines de milliers de Palestiniens de quitter le territoire pour aller travailler en Israël.
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Traduction : Spirit of Free Speech