La vérité sur Assange et les combines de l’ONU

Londres et Washington sont très sensibles aux critiques sur Assange & alors qu'ils passent pour des parias internationaux à cause de Gaza, rappelons au monde les crimes qu'ils commettent depuis toujours

J’ai passé la semaine dernière à l’ONU, essayant de faire passer quelques vérités sur l’affaire Assange comme contribution à l’examen périodique de l’ONU (tous les 7 ans) du bilan du Royaume-Uni en matière de droits de l’homme, en termes de conformité avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (cf. vidéo dans l’article original).

J’ai eu très peu de temps pour m’adresser au Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui est un organe composé d’experts élus. Dans un laps de temps aussi court, il faut se contenter de quelques points. Je suis ouvert aux critiques quant à mes choix, mais je maintiens que mes propos étaient beaucoup plus limpides que ce que l’on entend généralement. Les raisons en sont intéressantes.

Il existe des forums comme celui-ci où les ONG enregistrées peuvent faire valoir leur point de vue. Les droits de l’homme sont une véritable industrie à Genève, où des centaines de représentants d’ONG vivent et sillonnent les bâtiments de l’ONU. Les ONG favorisées sont celles qui sont enregistrées auprès de l’ECOSOC. Les délégués des ONG ayant le statut d’UNESCO ont des laissez-passer bleus et un accès très libre dans tous les bâtiments, à tout moment.

Mais le statut UNESCO est accordé par un comité d’États membres – et il est difficile à obtenir. Il n’est donc pas surprenant qu’une grande partie des ONG ne soient pas de vraies ONG. Il s’agit plutôt de fausses ONG payées pour blanchir le bilan de leur gouvernement. Je n’avais pas compris cela jusqu’à ce que j’assiste (à titre expérimental pour le Royaume-Uni) aux réunions de la commission des droits de l’homme pour l’examen périodique de l’Égypte. Plusieurs ONG égyptiennes, l’une après l’autre, nous ont dit à quel point la dictature égyptienne respectait les droits de l’homme. (Elle vient d’ailleurs de condamner à mort un autre groupe d’opposants, après avoir assassiné le seul président égyptien librement élu).

Même les ONG occidentales bien connues ont tendance à ne pas faire de vagues à l’ONU parce que, pour parler franchement, elles reçoivent presque toutes d’importantes sommes d’argent de la part de gouvernements occidentaux. Bien qu’il s’agisse théoriquement d’un financement destiné à attaquer le bilan en matière de droits de l’homme des ennemis désignés par les gouvernements occidentaux, il va de soi que les ONG hésitent sérieusement à mordre la main qui les nourrit.

Considérons les faits suivants : premièrement, aucun lanceur d’alerte important n’a jamais trouvé par la suite un emploi dans une ONG établie. Un grand nombre d’entre eux ont essayé.

Deuxièmement, si je n’avais pas été là, personne n’aurait mentionné Julian Assange lors de l’examen périodique du bilan du Royaume-Uni en matière de droits de l’homme.

L’argent parle aussi aux Nations unies. Les États-Unis et les puissances occidentales contribuent pour une très large part au budget de l’ONU. Ce n’est pas pour rien que j’ai assisté à Genève à une cérémonie de commémoration du personnel de l’ONU tué à Gaza, au cours de laquelle aucun des hauts fonctionnaires de l’ONU n’a osé mentionner qui les avait massacrés.

Bien entendu, les puissances de l’OTAN et leurs alliés sont également représentés de manière disproportionnée aux postes clés de l’organisation.

Le commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, l’Autrichien Volker Turk, a fait preuve pour Gaza du plus grand laxisme, et n’a rien entrepris à l’égard d’Assange. Je me suis entretenu avec un membre de son staff qui m’a régurgité un certain nombre de points de discussion détaillés de l’accusation américaine sur Assange, qui sont tout simplement inexacts sur le plan des faits. Ces personnes ont été soigneusement briefées.

Le personnel a visiblement peur de s’attaquer aux intérêts du Royaume-Uni et des États-Unis. J’ai rencontré un certain nombre de membres du personnel de l’ONU qui étaient ravis de discuter jusqu’à ce que j’évoque Assange : ils ont alors littéralement battu en retraite, dans certains cas ont même physiquement fait un pas en arrière, et ont toujours indiqué qu’ils avaient une affaire urgente à régler ailleurs.

Après la réunion de la commission des droits de l’homme avec les ONG, la commission a rencontré les représentants du gouvernement britannique pour discuter de leurs préoccupations. Un membre de la commission, Rodrigo Carasco du Costa Rica, a décidé de soulever le cas de Julian Assange, sur la base des informations que nous avions fournies. Membre élu à part entière de la commission, Carasco est également l’ancien ambassadeur du Costa Rica auprès des Nations unies.

Carasco a été inscrit sur la liste des orateurs et il a informé la commission des points qu’il allait soulever. Lors de la réunion avec la délégation britannique, l’ambassadeur Carasco a été étonné de voir que le président l’avait simplement ignoré dans la liste des orateurs, et ne l’avait pas sollicité. Il a attiré l’attention du président à plusieurs reprises au cours de la réunion, mais il n’a toujours pas été invité à s’exprimer, puis la réunion s’est terminée et le président s’est adressé à la délégation britannique pour qu’elle réponde aux points insipides et génériques qui avaient été soulevés.

Dans cette courte vidéo (cf. vidéo dans l’article original), lorsque l’on commence à s’éloigner de la présidence, on peut voir l’ambassadeur Carasco, aux cheveux blancs, se lever de son siège pour faire des remarques à l’ambassadrice. Elle disparaît ensuite sur le plan suivant alors qu’ils ont eu un échange assez virulent. Je regrette que ce ne soit pas filmé ; il faudra me croire sur parole.

J’en conclus que le Royaume-Uni et les États-Unis sont actuellement très sensibles aux critiques internationales concernant Assange, et qu’au lieu de nous décourager, nous devons continuer à faire pression. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni sont en train de devenir des parias internationaux à cause de Gaza, nous devons rappeler au monde les crimes qu’ils commettent depuis toujours.

Craig Murray

 

Article original en anglais : Assange Truth and UN Shenanigans, le 16 mars 2024

Traduction : Spirit of Free Speech



Articles Par : Craig Murray

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