La visite de Poutine en Arabie Saoudite

La visite de Vladimir Putin, la première d’un président Russe, souligne un changement dans la politique économique et politique du Royaume. Ce changement s’est fait progressivement au cours des cinq dernières années – et il se fait vers l’Est, loin de ce qui était autrefois une confiance presque exclusive dans les liens avec les Etats-Unis, l’Europe et d’autres nations occidentales.

La visite devrait donc être vue dans le contexte plus large de la visite, l’an dernier, en Inde et en Chine du Gardien des Deux Saintes Mosquées, le Roi Abdullah et de la visite en retour à Riyadh du Président chinois Hu Jintao en avril dernier. Mais bien que cette diversification ait été spectaculaire en termes de méga-contrats avec les nouveaux partenaires, elle n’est pas unique. L’Arabie Saoudite fait simplement ce que tout le monde fait.

Le reste du monde, notamment les Etats-Unis, s’est frayé un chemin jusqu’aux portes de l’Inde et de la Chine tandis que le commerce européen et américain avec la Russie n’a jamais été plus fort. En ayant ceci à l’esprit, il n’y a aucun doute quant à la popularité de la diversification des liens économiques avec l’Occident.

Il y a un profond ressentiment de la part du public sur le fait que les Etats-Unis, avec leurs implications et politiques régionales méprisées, demeurent le principal partenaire économique de l’Arabie Saoudite. À un degré moindre, cela est également vrai concernant l’attitude du Royaume envers d’autres partenaires commerciaux occidentaux.

Cependant, l’attitude envers la Russie est différente. Pour les Saoudiens, tout comme pour tous les Arabes, la Palestine est le sujet n° 1 qui déchaine les passions – et, comme tous les Arabes le savent, les Russes ont constamment soutenu les Palestiniens. Et la Russie n’a pas soutenu l’invasion de l’Irak. Ceci n’a pas été oublié. En dépit de la Tchétchénie, en dépit de ce qui s’est passé en Afghanistan, en dépit de la Guerre Froide et des décennies de communisme, les Russes sont vus comme des amis par les Arabes ordinaires.

À un niveau purement pratique, le renforcement des liens économiques avec la Russie est certainement justifié. Les deux pays sont les principaux producteurs et exportateurs de pétrole mondiaux – ce qui est une bonne raison pour une coopération plus étroite. En plus de cela, la Russie possède des technologies et des compétences qui sont disponibles à bien meilleur marché que celles des occidentaux et sont sans conditions.

D’ailleurs, bien que les Saoudiens apprécient la qualité des produits et des services américains et européens et n’ont toujours aucune intention d’opter pour des alternatives meilleur marché pour des raisons purement politiques (la visite de Putin ne devrait pas avoir comme conséquence l’apparition des voitures Lada dans les rues de Riyadh ou de Jeddah), il y a de solides raisons stratégiques à cette diversification.

Le Royaume ne peut pas devenir dépendant des sources d’équipement, en particulier dans l’équipement de la Défense, qui le prendraient en otage de décisions défavorables prises par ses fournisseurs pour des décisions politiques.

Dans les années 80, l’Arabie Saoudite a cessé d’acheter des avions de combat américains pour se fournir auprès des Anglais parce qu’elle craignait que le Lobby Israélien au Congrès américain bloque les ventes.

Qui peut garantir que la pression américaine sur son « allié le plus fidèle » n’ait pas, à l’avenir, comme conséquence l’arrêt de la fourniture en équipement et en pièces de rechange par le Royaume Uni ?

Comme le dit le dicton, il vaut mieux ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier – c’est précisément l’objet des relations avec la Russie, la Chine et l’Inde.

Source : Arab News

Traduction: MG pour ISM.



Articles Par : Arab News

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