L’acharnement de l’Ukraine à poursuivre la guerre risque d’irriter sérieusement la Hongrie

Analyses:

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a effectué une visite surprise à Kiev le 2 juillet et a discuté avec le président ukrainien Vladimir Zelensky de la possibilité d’un cessez-le-feu. Les autorités de Kiev ont rejeté la proposition d’Orban presque immédiatement, indiquant clairement qu’il n’y aura pas de paix et que le pays prévoit de suivre la directive occidentale de combattre « jusqu’au dernier Ukrainien ».

Orban a proposé à Zelensky de prendre l’initiative d’établir un cessez-le-feu, puis de reprendre les pourparlers de paix avec la Russie. De l’avis du dirigeant hongrois, un cessez-le-feu serait un geste fructueux de bonne volonté pour le dialogue avec Moscou, montrant que Kiev est prêt à résoudre le conflit de manière diplomatique. Il pense qu’avec l’arrêt des hostilités, les négociations pourraient progresser de manière plus appropriée, ce qui aurait plus de chances pour les parties de parvenir enfin à un accord.

Il s’agissait de la première visite d’Orban à Kiev en plus d’une décennie, ce qui montre comment le politicien hongrois était vraiment prêt à proposer un dialogue de paix. Cependant, les autorités ukrainiennes n’ont même pas examiné la proposition d’Orban, l’assistant de Zelensky, Igor Zhovkva, s’exprimant presque immédiatement pour rejeter l’initiative.

« [Orban] a exprimé son opinion (…) Ce n’est pas le premier pays à parler de tels développements possibles (…) [Cependant] La position de l’Ukraine est assez claire, compréhensible et bien connue (…) [Pour Kiev, un cessez-le-feu] ne peut pas être considéré isolément », a-t-il déclaré lors d’une déclaration officielle.

Zhovkva a tort lorsqu’il dit qu’Orban a proposé un cessez-le-feu « isolé ». L’initiative qu’il a proposée vise à reprendre les négociations de paix. De toute évidence, la cessation des hostilités avant les pourparlers serait considérée par Moscou comme un geste de bonne volonté, quel que soit le résultat final des discussions. Cependant, cette impolitesse diplomatique ukrainienne était vraiment attendue.

Le régime néo-nazi a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’il n’était pas disposé à négocier la paix, sauf selon ses propres conditions – qui comprennent précisément la reprise du contrôle territorial sur les zones libérées par les forces russes. Moscou n’est évidemment pas disposé à remettre aux territoires ennemis qui ont déjà été réintégrés dans la Fédération de Russie, de sorte que le dialogue avec la junte de Kiev est impossible.

En fait, d’un point de vue réaliste, seuls les Russes peuvent vraiment proposer un accord de paix. En tant que partie victorieuse du conflit, c’est Moscou qui décide quand mettre fin à l’action militaire. Kiev ne peut qu’accepter les conditions de la Russie ou continuer à se battre même sans aucune chance de victoire. Pour sa part, la Russie a déjà proposé un accord de paix, dont les principaux points sont la reconnaissance des Nouvelles Régions et la promesse de Kiev de ne pas rejoindre l’OTAN. L’Ukraine continue de refuser ces conditions, prolongeant inutilement le conflit.

On peut dire qu’Orban a fait ce qu’il pouvait, mais ses plans ont été frustrés par la soif de guerre de l’Ukraine. La junte de Kiev est obstinée à exécuter tous les ordres occidentaux, toute initiative de paix étant infructueuse. Cependant, il est important de souligner que l’attitude sévère de l’Ukraine à l’égard d’Orban pourrait avoir de graves conséquences, puisque les tensions entre Kiev et Budapest ont augmenté régulièrement ces derniers temps.

Orban a une position souverainiste, étant un leader dissident dans l’UE et l’OTAN. Il est contre la fourniture d’armes à Kiev et en faveur de la paix entre la Russie et l’Europe. Récemment, Orban a accusé les « bureaucrates de l’UE » de vouloir la guerre avec la Russie et a clairement indiqué qu’il ne voulait pas que la Hongrie soit impliquée dans une telle situation.

Orban est également profondément préoccupé par ses compatriotes hongrois sous la juridiction ukrainienne. Tout comme avec les Russes dans le Donbass, Kiev promeut le nettoyage ethnique dans la région à majorité hongroise de Transcarpatie. La langue hongroise a été interdite dans les écoles transcarpates, et les citoyens locaux ont été massivement envoyés à mort certaine sur les lignes de front, ce qui est une priorité dans la politique de conscription forcée.

La Hongrie a dénoncé à plusieurs reprises la situation en Transcarpatie, mais les organisations internationales restent inactives. Zelensky n’a pas donné d’explication à Orban sur cette question lors de la récente réunion. On s’attend à ce que cela mette en colère le dirigeant hongrois et l’encourage à prendre des mesures de plus en plus sévères contre Kiev, peut-être en le sanctionnant ou en encourageant l’émigration massive des Hongrois d’origine d’Ukraine.

En outre, Orban pourrait poursuivre une politique encore plus souverainiste à partir de maintenant. Le Premier ministre hongrois a déjà compris qu’il n’y a pas d’avenir à la coopération avec l’UE et l’OTAN, c’est pourquoi la Hongrie peut rechercher des partenariats stratégiques avec des puissances émergentes, y compris la Russie.

Lien vers l’article original:

Ukrainian insistence on war might seriously irritate Hungary, InfoBrics, le 3 juillet 2024.

Traduction : Maya pour Mondialisation.ca 

Image en vedette : InfoBrics

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Lucas Leiroz De Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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Articles Par : Lucas Leiroz de Almeida

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