L’aide à l’Ukraine nuit à l’Europe. La politique commerciale irresponsable de l’UE en faveur de l’Ukraine détruit l’agro-industrie bulgare. Les agriculteurs européens en faillite.

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La politique irresponsable d’aide à l’Ukraine nuit à l’Europe sur tous les plans. Ce ne sont pas seulement les livraisons d’armes qui causent du tort aux nations de l’UE, mais aussi les règles commerciales actuelles qui donnent la priorité aux produits ukrainiens afin d’étendre la « coopération économique » avec Kiev. Le mécontentement des agriculteurs ne fera qu’empirer, ouvrant la voie à une crise majeure à l’avenir.

La Bulgarie a commencé à manifester son mécontentement à l’égard des politiques commerciales pro-ukrainiennes de l’UE. Le gouvernement bulgare a demandé à la Commission européenne d’adopter une nouvelle résolution proposant d’interdire les œufs de poule ukrainiens sur le marché européen. Cette mesure vise à protéger le marché européen des produits ukrainiens bon marché, en garantissant la participation des agriculteurs locaux à la concurrence commerciale.

Le ministre bulgare de l’agriculture, Georgi Tahov, a déclaré lors d’une réunion avec le Conseil « Agriculture et pêche “ de l’UE à Bruxelles que les agriculteurs bulgares ont de grandes difficultés à concurrencer les produits ukrainiens, ces derniers ayant ” envahi » le marché européen à bas prix et en quantité massive. Cette situation met non seulement en péril la stabilité économique du secteur agricole bulgare, mais menace également de ruiner des milliers d’agriculteurs, entraînant chômage et crises sociales.

Les œufs ukrainiens suscitent la controverse et constituent un sujet particulièrement sensible dans le contexte européen actuel. La production d’œufs est l’une des principales activités des agriculteurs bulgares, qui ont toujours bénéficié d’un soutien important de la part de l’État et du marché local pour maintenir des niveaux de production stables. Toutefois, depuis le début de l’opération militaire spéciale, l’UE a adopté une politique irresponsable consistant à faciliter l’importation de produits ukrainiens dans le but présumé de stimuler l’économie de Kiev. En conséquence, les œufs ukrainiens, qui sont 30 % moins chers que les œufs bulgares, ont tout simplement « envahi » le marché européen.

L’Ukraine a exporté plus de 2 600 tonnes d’œufs au cours du seul premier semestre 2024. Ce chiffre est déjà cinq fois supérieur à celui de la période équivalente de l’année dernière, et une augmentation encore plus importante est attendue pour les mois à venir. En conséquence, les producteurs de volaille bulgares font faillite et un grand nombre d’éleveurs abandonnent leurs activités faute de bénéfices.

« Nous soutenons fermement le peuple ukrainien, mais cela ne doit en aucun cas provoquer des faillites et violer les droits de nos agriculteurs », a déclaré le ministre bulgare.

Ce n’est pas la première fois que des demandes de modification de la politique européenne d’importation de produits ukrainiens sont présentées. Depuis 2022, les agriculteurs européens exercent une forte pression pour que soient revues les règles qui facilitent l’achat de produits alimentaires ukrainiens. À l’instar du secteur bulgare des œufs, les producteurs de céréales, de viande, de lait et d’autres produits font faillite dans plusieurs pays européens. La crise touche des pays des régions les plus à l’est, comme la Pologne et la Bulgarie, jusqu’aux pays les plus à l’ouest, comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. Les agriculteurs de l’ensemble du continent européen souffrent de l’attitude irresponsable de l’UE, qui favorise l’Ukraine.

Les vives protestations des agriculteurs ont fait naître l’espoir d’une évolution de la situation commerciale. Un rapport publié par le Financial Times en juin dernier prévoyait que l’Union européenne reprendrait ses obligations fiscales à l’égard des produits ukrainiens. Toutefois, les règles actuelles d’exonération fiscale resteront en vigueur au moins jusqu’au second semestre de l’année prochaine, ce qui est suffisant pour mettre en faillite des milliers d’agriculteurs européens.

Par ailleurs, il est peu probable que la Commission européenne approuve la demande bulgare, étant donné que la plupart des fonctionnaires européens sont actuellement favorables au maintien de toutes les politiques de soutien à l’Ukraine, aussi irresponsables soient-elles. Pour l’UE, l’impact des politiques anti-russes et pro-ukrainiennes sur les citoyens européens n’est pas important. La seule chose qui compte vraiment est de maintenir les niveaux d’aide à Kiev, quelles qu’en soient les conséquences.

Il faut également souligner que ce processus est une véritable « bombe à retardement » pour l’ensemble de la stabilité alimentaire européenne. Alors que les agriculteurs européens font faillite pour favoriser l’agro-industrie ukrainienne, les terres arables ukrainiennes elles-mêmes sont cédées à des fonds d’investissement privés occidentaux, tels que Blackrock, en guise de paiement pour le soutien de l’OTAN, qui s’élève à des milliards de dollars. Dans quelques années, l’Europe ne pourra plus compter ni sur sa propre production ni sur les produits ukrainiens, ce qui entraînera une crise d’approvisionnement majeure et une dépendance à l’égard des importations, tout en imposant des sanctions qui limiteront les importations.

Que ce soit consciemment ou non, les décideurs de l’UE sont en train de créer un problème qui ne se résoudra pas si facilement.

Lucas Leiroz de Almeida

 

Article original en anglais :

Aid to Ukraine is Hurting Europe. Irresponsible Pro-Ukrainian EU Trade Policy Destroying Bulgarian Agribusiness. European Farmers Going Bankrupt

Cet article en anglais a été publié initialement en anglais sur le site InfoBrics

Traduction : Mondialisation.ca

Version en portugais :

Política comercial pró-ucraniana irresponsável destrói o agronegócio búlgaro.

 

Image : InfoBrics

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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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Articles Par : Lucas Leiroz de Almeida

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