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L’Algérie avant tout: Eloge du vivre ensemble Qu’est ce qu’être algérien au XXIe siècle ?
Par Chems Eddine Chitour
Mondialisation.ca, 27 juin 2019

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Homo sum ; humani nihil a me alienum puto : «Je suis un homme ; je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger»  Terence écrivain berbère

Il n’y a pas de fumée sans feu , dans la même quinzaine deux évènements apparemment distincts sont venus réveiller des  interrogations sur le projet de société  On apprend que des « voix » se sont élevées contre l’épreuve de lettres arabes au bac où un auteur algérien d’origine berbère Fodil Ouartilani aurait fait l’apologie de la langue arabe. Pourquoi pas dirions nous ? La langue arabe est pour les Algériennes et les Algériens consubstantielle de l’identité.  Pour faire pièce  et attirer l’attention des concepteurs de sujets du bac , il eut été élégant dans un souci d’apaisement de donner au choix deux citations, celle de Fodil Ouartilani,  et  celle citée  plus haut   Térence  poète vraisemblablement d’origine berbère né aux alentours de 190 avt J.C. et mort à Rome en 159 av. J.-C. Son œuvre a exercé une influence profonde sur le théâtre européen, de l’Antiquité jusqu’aux temps modernes. 

Il est à espérer seulement que dans les épreuves du bac prochaines on fasse aussi place aux auteurs amazigh d’expression notamment latine (Apulée, Lactance, Fronton, Terence) qui ont contribué au savoir universel et à la dimension humaine des droits de l’homme. Ce qui donnerait une dimension de plus à l’apport universel de notre pays. Ceci qui contribuerait certainement à enrichir le patrimoine culturel de l’Algérie . A côté des auteurs d’expression arabe et française, une place serait dévolue aux auteurs anciens qui sont autant de marqueurs identitaires et tout ce qui peut enrichir le patrimoine culturel de l’humanité se doit être valorisé

La deuxième salve qui a désarconné le peuple du  22 février , est l’interdiction de l’mblème amazighe Beaucoup d’Algériens se sont interrogés sur le sens à donner cette interdiction du repère culturel constitué par l’emblème amazigh qui de mon point de vue est un apport pour consolider l’Algérie dans la Tamazgha originelle un peu comme le drapeau européen brandi avec le drapeau des pays membres.  Pendant 17 vendredi cet emblème a été accepté voire revendiqué par tout les Algérien (ne)s . Pourquoi ouvrir la boite de Pandore du projet de société sachant qu’il y a d’autres priorités ?  

Ne serait il pas profitable à tout le monde d’aller vers l’apaisement ? La priorité des priorités est de consolider les acquis et aller vers des élections qui permettront au peuple de choisir enfin en connaissance de cause la personne , la plus à même de lui donner une vision cohérente d’un futur qui ne laisse personne sur le bord de la route. Peut on demander la libération généreuse de ces jeunes qui partagent ensemble l’amour du pays ? C’est à ces signes que l’on comprendra que la justice est véritablement indépendante pour le bien de ce pays.

Le drapeau national : Un héritage indivis  

Pour faire la peur des choses, je ne vais pas hurler avec les loups, je vais rapporter en honnête courtier les thermes du débat ; On sait que chaque peuple a besoin de référents pour bâtir un récit national. D’où vient l’origine du drapeau algérien actuel vert blanc frappé d’un croissant et d’une étoile rouges ? Il semble que nous devons beaucoup à Messali Hadj comme nous lisons dans ce texte :« (…). Le témoignage écrit du défunt Ali Messali, fils de Messali Hadj, militant du PPA et témoin clé du combat nationaliste algérien apportent deux vérités historiques: la première est que le drapeau algérien a été conçu par les dirigeants du PPA qui se sont principalement inspiré du drapeau de l’Etoile Nord-Africaine, qui lui a été cousu pour la première fois par Mme Émilie Busquant, femme de Messali Hadj. La seconde vérité est que le premier martyr porte drapeau algérien de la manifestation du 1e Mai 1945 est un jeune algérien du nom de Belhafaf. Son non devrait rejoindre, dans les livres d’Histoire, celui de Bouzid Saal tombé en martyre 7 jours plus tard, le 8 Mai 1945 ». (1)

La signification de l’emblème amazigh : Une dimension nord-africaine  

L’emblème amazigh est un repère culturel et identitaire proposé pour les Berbères. Il a été créé par un algérien Mohand Arab Bessaoud ancien moudjahid, opposant au régime de Boumédiène. En 1998, le Congrès mondial amazigh officialise cet emblème à Tafira (Iles Canaries), Cet emblème est composé de trois bandes horizontales de même largeur le bleu qui symbolise la mer comme frontière méditerranéenne de Tamazgha le vert qui symbolise les pays et le jaune qui symbolise la profondeur africaine « Au centre, la lettre Yaz de l’alphabet tifinagh, forme humanoïde de la lettre «Z» renvoie à la résistance berbère et à l’Homme libre. La lutte de celles morts pour défendre la cause amazigh est portée par le rouge ». (2)

On peut se demander honnêtement comment un emblème  censé représenter la profondeur amazigh n’est de fait revendiqué que par les Algériens Cet emblème à vocation strictement culturelle n’est revendiqué par aucun pays potentiellement constitutif de Tamazgha ( Maroc, Tunisie, Libye, Mali Tchad Sénégal ) mais par des « associations » « communautés » amazigh de ces pays qui pourraient en principe se reconnaitre dans ce repère culturel C’est de fait un emblème conçu par des Algériens qui espèrent lui donner une dimension nord africaine Est-ce que les droits culturels sont reconnus partout dans « Tamazgha » il semble que non ! À titre d’exemple en Tunisie l’Association Tunisienne de la Culture Amazighe (ATCA) fondée en avril 2011, a demandé que la culture amazigh soit reconnue à l’assemblée constituante. On le voit le combat pour le tamazigh a du chemin à faire dans beaucoup de pays.  De ce côté  et contrairement à ses voisins l’Algérie a fait un grand pas dans la bonne direction  en se réappropriant  la langue amazigh enfin son identité première qu’elle a enrichi par l’apport de la langue arabe devenue partie prenante de son identité

La plateforme de la Soumamm du FLN et la dimension nord-africaine  

On est en droit de se demander s’il a fallu attendre  un acte militant aussi louable soit il  pour parler de l’identité de l’Afrique du Nord. En fait Il n’y a pas de confusion possible ni antagonisme entre un emblème concernant la profondeur amazigh , une complémentarité revendiquée  dès le début de la glorieuse  Révolution de novembre De ce fait l’ancrage de  cette dimension maghrébine et cette ambition nord africaine  est consacré dans le   texte fondateur du FLN à travers la plateforme de la Soummam  : « L’Algérie libre et indépendante, développera sur des bases nouvelles l’unité et la fraternité de la Nation algérienne dont la naissance fera rayonner sa resplendissante originalité. Mais les Algériens ne laisseront jamais leur culte de la Patrie, sentiment noble et généreux, dégénérer en un nationalisme chauvin, étroit et aveugle. C’est pourquoi ils sont en même temps les Nord-Africains sincères, attachés, avec passion et clairvoyance, à la solidarité naturelle et nécessaire des trois pays du Maghreb. L’Afrique du Nord est un tout par : la géographie, l’histoire, la langue, la civilisation, le devenir. Cette solidarité doit donc se traduire naturellement dans la création d’une Fédération des trois États nord-africains »

L’apport premier de la dimension amazighe  

Dans ce qui suit , nous voulons contribuer à la sérénité des débats, pour tenter de convaincre celles et ceux qui font de cet épisode malheureux un abcès de fixation qui parasite le signal de la quête d’une nouvelle ère de justice et de paix Je suis convaincu que ce qui est donc en jeu ce n’est pas la langue arabe qui est consubstantielle de notre identité, mais la place de l’amazighité dans le récit national. Nous sommes tous autant que nous sommes comptables de l’épanouissement de la langue arabe dans l’absolu. Cependant, faut-il pour autant un comportement ostracisant concernant la langue amazighe dans sa diversité qui était là 18 siècles avant la venue des conquérants arabes! La langue amazighe devrait être aussi un enrichissement revendiqué par toutes les Algériennes et Algériens quelles que soient leur latitude et non par une appartenance régionale. 

Pour témoigner justement de la présence des parlers berbères dans l’histoire de l’Algérie depuis près de trente siècles, nous allons rapporter le témoignage, celui du regretté professeur Mostefa Lacheraf qui parle avec autorité et respect du gisement ancien en langue amazighe: «Des noms et des lieux: revenons-y alors que l’ignorance chez nous bat son plein au sujet de ce pays, de ses noms et pas seulement au niveau d’un état civil désastreux, mais aussi à travers le choix des parents saisis par des mimétismes orientaux, occidentaux et rarement maghrébins. Noms berbères anciens et berbères pulicidés par l’attrait culturel de Carthage. Noms berbères arabes berbérisés ou greffés d’amazigh.(…) Les topiques ou toponymes et lieudits à travers toute l’Afrique du Nord constituent, quant à eux, un véritable festival de la langue berbère, et l’on bute sur ses noms devenus familiers aux vieilles générations d’Algériens connaissant leur pays dans les moindres recoins du sous-continent maghrébin avec ses montagnes, ses coteaux, ses cols, défilés et autres. (…) Bref, un inventaire grandiose ou infinitésimal, un espace géographique modelé par les millénaires et s’exprimant en tamazight, la nature et les hommes confondus!» (3)

L’amazighité et l’arabité sont consubstantielles  

Nous devons être lucides ! Il est vrai que des sirènes mal intentionnées susurrent que la promotion de la langue amazigh se fait c’est au détriment de la langue arabe , que l’Algérie risque de perdre son autre dimension culturelle arabe que nous revendiquons aussi depuis plus de quatorze siècles ! L’émergence de la langue amazighe alma-mater depuis près de trente siècles des Algériens, n’est pas circonscrite à quelques régions mais ce sont toutes les provinces du pays qui à des degrés divers peuvent s’en revendiquer. 

Cependant les Algériennes et les Algériens qui aiment aussi la langue arabe sans en faire un fond de commerce se doivent de défendre d’une façon séculière la langue arabe pour ce qu’elle est: une belle langue qui a connu son heure de gloire universelle quand elle était la langue scientifique pendant quelques siècles Beaucoup d’entre nous dans leur jeunesse ont vibré aux rapsodies et autres «mou’allaquate» «sorte de poèmes accrochés», où les joutes oratoires se faisaient à Oukadh. On rapporte que Samaouel, auteur juif antéislamique, auteur de la célèbre «lamiatou Samaouel» n’a pas voulu dévoiler un secret que lui avait confié Antar Ibn Cheddad mettant en péril de ce fait, la vie de son fils.. Depuis, l’expression «aoufa min Samaouel» «Plus fidèle – au serment- que Samaouel -» a traversé les siècles.

Par la symbiose permise par le Coran, les Arabes réussirent à fédérer à l’ombre de l’islam tous les savants qu’ils soient maghrébins amazigh, perses, kurdes, arabes chrétiens, juifs. C’est tout naturellement que les savants de l’époque, juifs, chrétiens assyriens, perses, se sont mis à l’arabe langue plus fluide. Quand Maimonide écrivit «Dalil el Haïrine» «le Livre des égarés», son ouvrage majeur qui est encore une référence dans le monde juif, il le fit en arabe au lieu de l’hébreu. Le vrai miracle de la langue arabe est qu’elle a été la langua franca pendant des siècles. Enfin, dans le Nouveau Testament, les dernières paroles du Christ ont été laissées en araméen à laquelle l’arabe se rattache tout comme l’hébreu. A leur lecture: «Ya ilahi, Ya ilahi, Lima sabactani?» «O mon Dieu, O mon Dieu, Pourquoi m’as tu laissé tomber?» que les Chrétiens occidentaux ânonnent pieusement sans savoir, un locuteur arabe les comprend parfaitement: «Mon Dieu pourquoi as-tu pris de l’avance sur moi,- tu m’as abandonné?»…

L’illustre savant Jacques Berque explique dans un délicieux petit ouvrage: « Les Arabes et nous » que «la fonction de la langue pour les Arabes est différente, supérieure à celle qu’elle remplit pour les Occidentaux. Il donne un exemple: ainsi, en arabe, les mots se rapportant à l’écrit dérivent tous de la racine k.t.b.: maktûb, maktab, maktaba, kâtib, kitâb. En français, ces mêmes mots sont: écrit, bureau, bibliothèque, secrétaire, livre. Les mots français sont tous les cinq arbitraires, mais les mots arabes sont, eux, «soudés par une transparente logique à une racine qui seule est arbitraire». «Alors que les langues européennes solidifient le mot, le figent, en quelque sorte, dans un rapport précis avec la chose, le mot arabe reste cramponné à ses origines. Il tire substance de ses quartiers de noblesse.» (4)

Les emblèmes, entre symbolique et manipulations  

L’écrivain et journaliste Mohamed Balhi dans une de ses contributions sur facebook à justement tenu à situer les termes du débat et met en garde contre les manipulations. Il écrit : « Le drapeau algérien, résume toutes les insurrections et combats menés depuis 1830 pour le recouvrement de l’indépendance et la restauration de l’Etat algérien. En 1962, il est déployé fièrement sur tous les bâtiments officiels, en lieu et place du drapeau tricolore de l’ancien colonisateur. En 1990, avec l’avènement du FIS, parti totalitaire inféodé au wahhabisme, l’Etat algérien, perçu comme entité « taghout », et tous ses attributs (drapeau, hymne, devise républicaine) sont contestés et remis en question. En pleine période de terrorisme, l’armée nationale et les patriotes plantaient fièrement le drapeau vert blanc rouge, notamment dans la Mitidja, dans des fiefs islamistes libérés du terrorisme. Toute une symbolique. En 1980 et plus tard en 2001, l’emblème amazigh, bleu vert et jaune et une lettre en tifinagh au centre, apparaissait en force. Avec le temps, la plupart des Algériens finirent pas s’habituer à voir cet emblème, symbole d’un des éléments constitutifs de l’identité algérienne.

« Les parrains du « Printemps arabe », dans leur stratégie de liquidation des Etats-nations avaient commencé par distribuer des « drapeaux nationaux » aux « rebelles » et « insurgés » contre les « dictateurs » et c’est ainsi qu’on a vu naître de nouveaux drapeaux libyen, syrien, irakien, etc. Mais jamais de nouveaux drapeaux de l’Arabie saoudite, Maroc, Qatar… La technique est connue, diviser les pays par la création de nouveaux emblèmes. En Irak, chaque communauté a aujourd’hui son drapeau ( drapeau des Kurdes peshmergas, drapeau chiite, drapeau national) et ils s’opposent entre eux ! En Libye, le drapeau amazigh et des armes avaient été balancés par les avions de l’OTAN dans la région du Zenten pour provoquer des enclaves autonomes et opposées entre elles… Les services occidentaux et, en particulier le Mossad, excellent dans ce travail de sape. Lors des marches du hirak, la chaine de télé France24 focalise trop sur le drapeau amazigh, avec des intentions de division. »

La nécessaire union autour d’un projet de société  

Il est clair que cette reconnaissance  de l’emblème amazigh  n’est pas un problème uniquement algérien. Que l’Algérie prenne l’initiative d’une éventuelle unification, alors qu’elle abrite une population amazighe inférieure à celle du Maroc, c’est une bonne chose si nous étions en régime établi avec tout les problèmes de fond et prioritaires ont été réglées. Il ne faut donc pas faire de  ce repère identitaire un abcès de fixation. On peut regretter la décision prise par le pouvoir d’interdiction de ce repère identitaire des Africains du Nord, et pas seulement des Algériens tout en signalant que pendant 17 vendredi il n’a pas posé problème au peuple du  22 février !  C’est donc un bras de force qui n’a pas lieu d’être Les problèmes du pays sont de constituer rapidement l’Etat de droit par les présidentielles

On sait que tous les pays sont à des degrés divers vulnérables. Plus que jamais nous sommes victimes du Rapport Lugano conçu par l’Occident et dont le message global est celui de provoquer l’errance identitaire qui touche à des degrés divers tous les pays et d’une façon dangereuse les pays vulnérables. On sait que tout est fait pour attiser les tensions religieuses et «ethniques». Nous ne nous sommes jamais posés la question de savoir ce que nous sommes réellement. Sommes-nous algériens par la naissance, par la religion, par l’ethnie ou par la présence lointaine dans le pays? Toutes ces questions attendent d’être résolues. 

Sommes-nous une nation? Nous sommes en 2019, il y a encore des Algériens qui s’identifient à leurs quartiers , leurs tribus, leurs régions, , mais jamais à l’Algérie plurielle en tant qu’Algériens. Comment alors conjurer les démons de la division et aller vers le vivre-ensemble? L’historien Ernest Renan formule l’idée qu’une nation repose à la fois sur un héritage passé qu’il s’agit d’honorer, et sur la volonté présente de le perpétuer. L’avènement d’une nation passe par une Histoire assumée par tous. Et pour le paraphraser «le vivre ensemble à l’ombre des lois de la République devrait être un plébiscite de tous les jours». Le moment est venu de faire preuve d’audace pour être en phase avec le mouvement du monde, sans rien perdre de nos identités multiples. Savons-nous qu’en Inde il y a plusieurs centaine de langues qui coexistent sans heurt? Chaque région s’épanouissant dans le cadre d’un Etat fédéral.

De plus, pourquoi devons-nous à tout prix copier le modèle jacobin centraliste hérité et qui étouffe les particularités? En France, il fut une époque où il était interdit aux élèves de parler breton, ou corse sous peine de sanctions Aux Etats-Unis les 50 Etats sont autonomes et l’Etat fédéral est là pour laisser chacun des gouverneurs des Etats gérer de façon optimale avec les citoyens au mieux les affaires de l’Etat. Ne peut-on pas penser le moment venu, à une organisation type Landers allemands ou Etats américains où chaque région dispose d’une autonomie dans le cadre d’un État fédéral qui est garant des fondamentaux?

Qu’on prenne garde! La bête immonde de la partition qui a eu raison de civilisations millénaires aussi prestigieuses, comme l’Irak, la Syrie, ne nous fera pas de cadeau. Le jacobinisme en Algérie a montré ses limites. Il nous faut imaginer un modèle de vivre ensemble qui libère les initiatives par une décentralisation intelligente. Le peuple se souviendra le moment venu de ceux qui jouent les Ponce Pilate alors que le feu est dans la maison. Les vrais défis qui nous attendent se résument encore une fois à tout ce qui favorise l’éducation. Pour moi, tout commence à l’école ; le meilleur capital, la meilleure richesse de ce pays consiste en la mise en place graduelle d’un système éducatif performant. Tout doit être fait pour amener à ce brassage. Plus que jamais nous devons nous unir pour conjurer les périls. L’effritement identitaire est un projet planétaire qui n’épargne pas les nations faibles

La situation économique délicate  

Justement dans ce cadre,  et au  risque de jouer les mauvaises augures , la situation économique du pays est grave. Nous sommes dans une fuite en avant ou tout est bon pour tricher. Ce qui nous parait normal  subventions pour l’électricité, le gaz, l’eau , médecine gratuite, études gratuites , nourritures subventions généreuses, r gaspillage érigé comme sport national  dans l’énergie, la nourriture , l’eau..  risquent de n’être plus qu’un souvenir Nous n’avons pas le droit de continuer ainsi. Même si on sait que le système éducatif est dans le creux de la vague, son temps de réponse est long . L’immédiat est de penser le futur immédiat Les cours mondiaux du gaz se sont effondrés ces derniers mois, passant de presque 4$ par million de BTU mi-janvier à moins de 2,4$ en en ce moment. Le baril est à 62 $ Pour vivre comment nous vivons il nous faut un baril à 110$ Dans moins de deux ans ce qui reste de la rente des 75 milliards de dollars sera gaspillé.  Il est tragique de dire que nous n’avons pas de solution Le gouvernement intérimaire continue sur la vitesse acquise et ne tente pas au moins  de freiner l’hémorragie en diminuant le train de vie de l’Etat en faisant la chasse au gaspillage.

Conclusion
 
Les Algériennes et les Algériens donnent l’impression de vivre sur un nuage. Tout les vendredis nous donnons notre avis en protestant. Nous agréons toutes les arrestations Soit ! La justice doit passer. Evitons des procès spectacles et les vengeances pour faire plaisir au peuple Les défis exaltants auxquels est confronté le pays nous commandent plus que jamais d’être unis  car une nation apaisée qui s’accepte dans ses multiples dimensions pourra mettre ses citoyens en ordre de marche pour conjurer les périls à venir. Nous ne pouvons avancer que par des ruptures. Il nous faut avancer sans tarder vers la solution de la transition vers la deuxième république Cette République qui dans la nouvelle constitution aura à graver dans le marbre ; cet héritage indivis que nous partageons depuis près de trente siècles à savoir le socle identitaire premier : La dimension amazigh enrichie par l’apport de la langue arabe 18 siècles plus tard. L’emblème culturel de la dimension amazigh n’appartient pas aux kabyles il appartient en fait à toutes celles et ceux qui ont ensemble ce désir de vivre ensemble non pas face à face, mais côte à côte. Il appartient aussi à tous les pays qui ont ensemble l’usage de thamazigh et qui veulent s’y reconnaitre

 Il est temps   que l’Etat se mette rapidement au travail car les vrais défis du pays sont d’une autre nature et il est navrant de tenter de disperser les énergies du peuple du 22 février. Il est heureux qu’une fois de plus le peuple fait preuve de sagesse pendant ces marches et ne tombe pas dans le piège de la division. « L’Algérie avant tout » : « Make Algéria great again » pourrions nous dire Faisons en sorte que l’Algérie devienne puissante par le savoir La mise en route de l’Algérie ne devrait pas souffrir de retard. Allons en rangs unis vers la deuxième république Les Algériennes et les Algériens de ce XXIe siècle, fiers de leur socle identitaire trois fois millénaire, auront sans nul doute le souci de rattraper le temps perdu, elles et ils participeront à la construction du pays en étant, acteur (ices) ce faisant de son destin ne laissant aucun interstice à l’aventure dans cette Algérie qui nous tient tant à cœur.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

Notes : 

1.http://www.fondationmessali.org/Origine% 20du%20drapeau %20algerien.html 
2.https://www.huffpostmaghreb.com/2017/09/04/drapeau-amazigh_n_17 908218.html 
3. Mostefa Lacheraf: Des noms et des lieux, éditions Casbah, pages 19 à 30 (1998) 
4. Jacques Berque: islam-fraternet. com/maj-0598/berq.htm

Article de référence   https://lesoirdalgerie.com/contribution/quest-ce-quetre-algerien-aujourdhui-eloge-du-vivre-ensemble-26022

Article de référence  http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5278393

 

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