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Le Bhoutan deviendra-t-il le plus bio pays du monde ?
Par Jimmy Boursicot
Mondialisation.ca, 30 octobre 2015
radio-monaco.com 19 octobre 2015
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Le Bhoutan, petit royaume de 730 000 âmes coincé entre l’Inde, la Chine et le Népal s’est déjà fait remarquer à l’échelle mondiale en remplaçant le PIB (Produit intérieur brut) par le BNB (Bonheur national brut) dès 1972.

Depuis la dernière crise économique, le concept a du plomb dans l’aile. Mais cela n’a pas empêché Jigmi Y. Thinley, le Premier ministre bhoutanais en poste en 2012, de tenter de se rattacher à deux des quatre principes fondamentaux du BNB, soit une gouvernance responsable et la sauvegarde de l’environnement couplée à une utilisation durable des ressources.

« Nous travaillons à devenir le premier pays du monde à être 100 % biologique », avait alors déclaré Thinley. Un an plus tard, les élections ont débouché sur la prise de pouvoir du parti d’opposition. Le nouveau ministre de l’Agriculture a souhaité maintenir cet engagement, mais sa mise en œuvre s’avère difficile.

Bhutan 2

La dernière partie du chemin ardue pour les agriculteurs

Le Bhoutan veut notamment remplacer les engrais chimiques par du compost, augmenter le nombre de terres irriguées et exploiter les variétés locales résistantes aux nuisibles. Les agriculteurs savent déjà se réguler et utilisent près de cent fois moins de produits chimiques que leurs homologues français (15 kg par hectare contre 137 kg par hectare dans l’Hexagone).

Mais même pour les plus volontaires, l’objectif du tout bio est ardu à atteindre. Rencontrée par le site reporterre.net, Tshering Pelden explique l’abandon des engrais industriels implique « des efforts supplémentaires. Les agriculteurs qui utilisent des intrants ont des légumes plus gros, plus beaux, ils poussent plus rapidement. C’est un vrai défi pour nous. »

Selon celle qui se dit « heureuse d’être un exemple », le jeu n’en vaut pas encore la chandelle sur le plan financier : « Parfois même, nous devons vendre moins cher que les autres produits. » Pour réaliser une bonne opération comptable, il faut détenir une certification, longue et coûteuse à obtenir.

« Nous croyons en la possibilité de vivre en harmonie avec la nature »

Si le secteur agricole doit encore cravacher pour être totalement vert, d’autres domaines semblent avancer favorablement dans cette mission. Le Bhoutan, qui n’emploie pas d’énergie fossile ou nucléaire (il privilégie les ressources hydrauliques), possèderait l’air le plus pur au monde.

Comme l’explique konbini.com, la quête de ce petit Etat asiatique est bien plus globale. « Nous sommes bouddhistes et nous croyons en la possibilité de vivre en harmonie avec la nature. Les animaux ont le droit de vivre, nous aimons voir les plantes heureuses et les insectes heureux », estime ainsi Pema Gyamtsho, ministre de l’Agriculture et lui-même paysan.

Afin de lutter contre plusieurs « symptômes » du monde moderne, un « jeudi piéton » a été instauré pour interdire la circulation des voitures pendant un jour de la semaine. Autre volet : la forte taxation du tabac, de l’alcool ou encore des fast foods. Un dispositif complété par une ferme volonté de limiter le tourisme de masse. Pour entrer dans le pays, un voyageur doit débourser entre 200 et 290 dollars par jour.

Jimmy Boursicot

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